Tuesday, August 31, 2004

“La France ne sera pas épargnée”

Iyad Allaoui, premier ministre irakien : “La France ne sera pas épargnée. Il y aura des attentats à Paris, à Nice, à Cannes...”
Le Monde, 30/08/2004.

Bagdad, de notre envoyée spéciale.

Cet entretien a été accordé, dimanche 29 août, outre à l’envoyée spéciale du Monde, aux correspondants du Washington Post, du Sunday Times, du Los Angeles Times, de Knight-Readers et du Corriere della sera.

Après l’assassinat d’un journaliste italien, deux journalistes français sont menacés du même sort. Quelle est votre réaction ?

J’ai transmis au premier ministre italien mes condoléances. Nous avons toujours dit que la guerre en Irak opposait les forces du mal au peuple irakien et aux nations civilisées. C’est une guerre rude. Vous ne pouvez pas vous contenter de demi-mesures. La France ne sera pas épargnée, pas plus que l’Italie, l’Espagne ou l’Egypte. Les peuples doivent se donner la main pour combattre le terrorisme, quel que soit l’endroit où il se manifeste. L’Irak est devenu le théâtre majeur de confrontation du terrorisme. C’est en Irak qu’il faut s’unir pour le défaire, une fois pour toutes.

Ce qui est arrivé au journaliste italien, ce qui arrive en ce moment aux Français, ainsi qu’à ceux qui, comme la France, se sont opposés à la “guerre contre le terrorisme”, montre que personne ne sera épargné. Le terrorisme ne connaît aucune limite. Eviter la confrontation n’est pas une réponse.

Enzo Baldoni était un pacifiste qui militait pour le retrait des troupes italiennes...

Oui, mais ça, ils s’en fichent ! Les terroristes ne cherchent pas à savoir si vous êtes ou non un avocat de la paix. Leur but est de semer la confusion et de détruire la civilisation.

Pensez-vous que l’affaire des otages français provoquera un changement de la politique de la France en Irak ?

Les Français, ainsi que tous les pays démocratiques, ne peuvent pas se contenter d’adopter une position passive. Les Américains, les Britanniques et les autres nations qui se battent en Irak ne se battent pas seulement pour protéger les Irakiens, ils se battent aussi pour protéger leur propre pays.

Les gouvernements qui décident de rester sur la défensive seront les prochaines cibles des terroristes. Les attentats se produiront à Paris, à Nice, à Cannes ou à San Francisco. Le temps est venu d’agir contre le terrorisme, de la même façon que, jadis, l’Europe a combattu Hitler. Tous les jours, des dizaines de personnes sont tuées en Irak. Elles ne meurent pas parce que nous traversons une crise nationale majeure, mais parce que nous avons décidé de combattre le mal. C’est pourquoi toute la communauté internationale doit nous aider, au plus vite, pour améliorer la sécurité de notre pays.

Un jour, les Etats-Unis ont décidé de débarquer en Normandie, pour éliminer Hitler. Ils ont essuyé de lourdes pertes pour accomplir cet objectif. Il se produit la même chose aujourd’hui. Les peuples doivent prendre leurs responsabilités. La décision d’aider l’Irak était courageuse.

Laissez-moi vous dire que les Français, malgré tout le bruit qu’ils font — “Nous ne voulons pas la guerre !” —, auront bientôt à combattre les terroristes.

Vous venez de conclure un accord pour ramener la paix à Nadjaf. Ne permet-il pas à l’imam Moqtada Al-Sadr de réorganiser son armée ?

Depuis le début, notre position était claire : démantèlement des factions armées à Nadjaf, Koufa et dans tout l’Irak. En même temps, nous avons dit que les hommes de Moqtada Al-Sadr pouvaient, s’ils le voulaient, participer au processus politique. Nous avons voulu donner, jusqu’au bout, une chance à la paix. Nous savions que ces milices voulaient nous piéger en nous forçant à attaquer le mausolée [de l’imam Ali]. Si celui-ci avait été abîmé, il y aurait eu de graves complications. J’ai donc décidé que nous n’utiliserions la force qu’en dernier ressort. Quand j’ai posé un ultimatum de 24 heures, nos forces étaient prêtes pour l’assaut.

Aucune milice ne sera tolérée. Les miliciens peuvent accepter l’amnistie et vivre comme des citoyens ordinaires. Sinon, nous les pourchasserons. Il n’y a aucune voie intermédiaire.

Êtes-vous prêt à intégrer au gouvernement les mouvements de résistance ?

Notre problème est de comprendre ce qu’ils veulent vraiment. S’ils souhaitent gouverner, alors il n’y a pas de problème : les élections approchent et tous les postes leur sont ouverts, si les Irakiens votent pour eux. S’ils veulent mettre dehors les forces multinationales, ils n’ont qu’à gagner les élections, aller aux Nations unies et leur dire qu’ils n’en veulent plus : elles partiront. En attendant, rien ne justifie qu’on tue des gens, occupe des mosquées et perturbe toute la vie de ce pays.

Nous essayons de les rassurer : nous n’allons pas rester éternellement au pouvoir, comme Saddam. Nous sommes ici dans le but de reconstruire le pays. Le gouvernement a voté une loi qui me donne le pouvoir d’imposer l’état d’urgence pour restaurer la sécurité. Je ne l’ai pas encore utilisée, parce que la démocratie doit prévaloir.

Pourquoi la résistance armée a-t-elle pris une telle ampleur en Irak ?

C’est une situation complexe. Environ 30 000 criminels ont été libérés par Saddam juste avant la guerre. Il y a les gens déçus, sans travail et sans ressources, des centaines de milliers. Il y a les éléments de l’ancien régime qui savent que, s’ils sont attrapés, ils devront rendre des comptes à la justice et qui veulent donc ruiner le processus politique. Il y a les combattants étrangers venus d’Egypte, de Jordanie, de Syrie, d’Iran. Enfin, il y a des groupes salafistes qui s’attaquent à tout ce qui touche à la civilisation et qui croient mener une croisade contre le christianisme. Ce n’est pas une résistance, car ces gens n’ont pas de programme, aucune idée politique. Les Américains ont commis beaucoup d’erreurs ici, pendant et après la guerre. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Mais ce n’est pas une raison pour tuer. Le processus politique est en cours. Dans six mois, s’ils le veulent, Allaoui, c’est fini ! C’est ça la démocratie. Ils voteront pour Moqtada Al-Sadr, Ben Laden ou qui ils veulent.

Pensez-vous avoir une chance aux prochaines élections ?

Si je suis encore vivant ! Tous les jours, je reçois des menaces, je fais l’objet de tentatives d’assassinat. Alors, ai-je une chance aux élections ?... Je n’en sais rien.

Pensez-vous que les élections pourront avoir lieu à la date prévue ?

Absolument. Le gouvernement a pris toutes les mesures nécessaires pour qu’elles aient lieu. Et elles auront lieu, si Dieu le veut.

(Propos recueillis par Cécile Hennion.)

Monday, August 30, 2004

I genitori di David Pearl: «Difendersi è possibile»

Judea e Ruth Pearl: «Difendersi è possibile»
Corriere, 31/08/2004.

Noi, genitori di Daniel Pearl, insieme a milioni di cittadini impegnati in tutto il mondo, siamo colpiti e avviliti dal barbaro assassinio di Enzo Baldoni, giornalista e marito, padre e figlio, filantropo e messaggero di pace. Due anni e mezzo fa, quando il mondo ha reagito con indignazione al brutale omicidio di nostro figlio, speravamo che le vite dei giornalisti non sarebbero mai più state usate come merce di scambio tra parti in conflitto. Ci sbagliavamo. Speravamo anche che il mondo civile si sarebbe unito per difendersi da questa nuova ondata di malvagità che si vanta della propria crudeltà e ritualizza la disumanità. Ci sbagliavamo. La recente serie di omicidi dimostrativi in Iraq, culminata nell’assassinio di Baldoni e nella cattura di due giornalisti francesi, prova che questa nuova ondata di follia non mira a un singolo Paese, a un tipo di politica o a un’istituzione, ma al tessuto stesso della società civile.

E’ un’ondata di follia indirizzata a tutti noi. E va fermata da tutti noi. Le persone perbene di ogni estrazione devono attivarsi e agire insieme perché certi atti barbarici vengano nuovamente percepiti come inconcepibili.

Se nessun tipo di consolazione può alleviare il dolore della famiglia di Enzo Baldoni né quello degli italiani, vogliamo assicurarvi che al vostro fianco si sta raccogliendo una comunità di persone con dei princìpi, fermamente convinta che la nuova ondata di follia può essere fermata.

Nei due anni e mezzo trascorsi, affrontando la nostra tragedia, abbiamo avuto prova di una partecipazione crescente da parte di musulmani, cristiani ed ebrei che fa da contrappeso alla barbarie e ci fa capire che non siamo impotenti. Ci sono molte cose che possiamo fare per contribuire a preservare il tipo di società che vogliamo.

Innanzitutto, dobbiamo dare un messaggio inequivocabile a coloro che perpetrano questi crimini affinché capiscano che le loro azioni non porteranno avanti i loro obiettivi.

In secondo luogo, possiamo fare pressione sui leader della comunità internazionale perché dichiarino tutte le forme di omicidio dimostrativo — l’assassinio di una persona innocente finalizzato a trasmettere un messaggio di offesa — un crimine contro l’umanità, con tutte le conseguenze morali e legali che tali crimini comportano.

Terzo, dovremmo chiedere ai leader religiosi di ogni denominazione di proclamare questi crimini un peccato capitale, o apostasia, punibile con le pene più dure di cui la religione dispone, dalla scomunica alla dannazione.

Quarto, guardando alle nostre vite, possiamo domare l’odio che genera questi crimini promuovendo il dialogo interculturale e il rispetto per le differenze in tutti i Paesi e a tutti i livelli della società.

Rendiamo onore agli italiani per non essersi piegati alle richieste dei terroristi e per aver preso una posizione ferma contro il bigottismo e la xenofobia. Vi siamo inoltre grati per aver sostenuto la nostra famiglia nei momenti di difficoltà e nel nostro impegno più recente per promuovere la tolleranza. Speriamo e preghiamo che i due giornalisti francesi, Christian Chesnot e Georges Malbrunot, vengano rilasciati sani e salvi e che tutti i giornalisti possano continuare l’importante lavoro di tenere il mondo informato. Che la memoria di Enzo Baldoni possa infondere forza nei nostri cuori e che tutti possano trovare conforto nel vedere trionfare l’umanità.


(Traduzione di Nicoletta Boero.)
(Judea e Ruth Pearl: Genitori del giornalista americano Daniel Pearl rapito e ucciso nel 2002 da terroristi in Pakistan.)

Saturday, August 28, 2004

Atac al Vaticà ?

Fiorenza Sarzanini: «Commando dai Balcani per colpire il Vaticano»
Corriere de la sera, 27/08/2004.

Nuova allerta per il terrorismo

L’allarme dei carabinieri di Sarajevo: il gruppo sarebbe già a Roma con l’esplosivo. Tra loro sette donne

ROMA — Poche righe dattiloscritte inviate dal Reggimento Msu dei carabinieri di stanza a Sarajevo al comando generale dell’Arma. Poche righe che da qualche giorno tengono in allarme gli apparati di sicurezza italiani. La minaccia è precisa: un attentato da compiere in Vaticano in occasione di una cerimonia religiosa. Ma non è soltanto questo a destare preoccupazione. Altri sono i particolari che si stanno verificando in queste ore. Secondo la «fonte» il commando sarebbe infatti già nella capitale. E avrebbe a disposizione una quantità non meglio precisata di esplosivo al plastico di tipo C4.

LA MINACCIA — Non è la prima volta che la Santa Sede viene indicata come possibile bersaglio dei terroristi. Durante le festività di Natale dello scorso anno, una segnalazione parlava addirittura di un attacco aereo contro San Pietro. Non c’erano ulteriori indicazioni sul progetto, ma si decise ugualmente di potenziare la sorveglianza e di ordinare la chiusura notturna di via della Conciliazione.

Il messaggio trasmesso qualche giorno fa all’Arma arriva in un momento di grande rischio per il nostro Paese. Più volte negli ultimi mesi Osama Bin Laden ha inserito l’Italia nell’elenco degli Stati da colpire. Sui siti web islamici si moltiplicano gli appelli ai fondamentalisti ad entrare in azione. Quell’ultimatum scaduto il 15 agosto con il quale le Brigate Abu Hafs Al-Masri annunciavano «spargimenti di sangue» se non fossero state ritirate le truppe all’Iraq, non ha ottenuto credito tra gli analisti, ma forze dell’ordine e servizi di intelligence sono concordi nel ritenere che il pericolo di un attentato debba essere tenuto in massima considerazione.

IL COMMANDO — Nel notam non viene naturalmente specificata la «fonte», ma il fatto che il Reggimento abbia deciso di trasmetterlo fa sì che l’avviso sia ritenuto attendibile. La notizia parla di un commando di dieci fondamentalisti (sette donne e tre uomini) partiti da Brcko, nella Bosnia Erzegovina, e già arrivato nella Capitale. Secondo il «contatto» l’azione sarebbe stata pianificata nei dettagli, pronto anche l’esplosivo da utilizzare. «Sono in attesa di agire - ha assicurato - e lo faranno in occasione di una cerimonia pubblica».

Altri particolari non sono stati forniti, ma alla segnalazione i carabinieri hanno allegato un elenco di persone sospette che vivono nella zona di Brcko. Ed è proprio questa circostanza a far ritenere che abbiano dato credibilità al loro informatore. Quei nomi sono adesso sottoposti a verifica. Controlli sono stati disposti alle frontiere terrestri, soprattutto quella con la Slovenia, e negli aeroporti. Se la segnalazione è attendibile, è possibile che i componenti del gruppo siano arrivati in Italia con mezzi e in momenti diversi.

Da mesi gli uomini dell’Antiterrorismo tengono sotto osservazione moschee, luoghi di culto e centri culturali che potrebbero fornire appoggio logistico ai terroristi. Negli ultimi giorni questa attività è stata ulteriormente potenziata.

L’ESPLOSIVO — Verifiche vengono effettuate anche sulla possibilità che i fondamentalisti abbiano reperito una consistente quantità di C4. Si tratta di un tipo di esplosivo più volte utilizzato negli attentati compiuti da formazioni riconducibili ad Al Qaeda, che non è difficile acquistare nei Balcani e che potrebbe essere stato portato nel nostro Paese seguendo la «rotta Adriatica». Nel giugno scorso un’operazione della Guardia di Finanza e del Sismi portò al sequestro di un quintale di tritolo proveniente proprio dall’ex Jugoslavia e di C4 che serve ad innescarlo. Sedici persone appartenenti alla malavita finirono in carcere con l’accusa di traffico d’armi. Il sospetto era che il tritolo potesse essere destinato proprio a gruppi terroristici che avevano deciso di colpire in Italia. Non a caso sono ancora in corso accertamenti per verificare i «contatti» delle persone arrestate e i possibili legami con gruppi fondamentalisti.

Tariq Ramadan, persona non grata

Tariq Ramadan: Son visa de travail dans une université américaine a été annulé.
Libération, 25/08/2004.

La prestigieuse université américaine Notre-Dame, près de Chicago, ne comptera pas parmi ses professeurs le plus médiatique et le plus controversé des islamologues européens: Tariq ramadan. Chargé pour un an de donner des cours sur les rapports entre religion, conflit et promotion de la paix, il ne s’est pas présenté mardi devant ses étudiants.

Et pour cause: l’administration américaine lui refuse purement et simplement l’entrée du territoire. Ramadan, 41 ans, avait obtenu en février un visa de travail et son déménagement était déjà en cours lorsque le département d’Etat américain a annulé son permis de travail le 28 juillet, ont indiqué mardi des responsables de l’université.

Les services de l’immigration et des douanes, qui avaient recommandé au département d’Etat de lui retirer son permis de travail, ont refusé de préciser les raisons de ce revirement brutal. Ramadan, joint chez lui en Suisse par le Chicago Tribune n’a pas commenté. Un porte-parole de Notre-Dame, Matthew Storin, s’en est chargé: «Le professeur Ramadan est un universitaire brillant et un partisan de la modération dans le monde musulman (...) La décision envoie un mauvais message au monde musulman sur la volonté de l’Amérique d’écouter ce que les musulmans ont à dire».

La nomination du petit-fils du fondateur des Frères musulmans, Hassan al-Banna, considéré comme l’un des porte-drapeaux de l’islam en France avait, entre autres, provoqué des remous dans les milieux juifs américains.



Xavier Ternisien: Tariq Ramadan est interdit de séjour aux Etats-Unis
Le Monde, 26/08/2004.

Les portes des Etats-Unis viennent de se fermer pour l’un des plus célèbres intellectuels musulmans européens, et aussi l’un des plus controversés : Tariq Ramadan. Le lundi 2 août, l’ambassade des Etats-Unis à Berne (Suisse) l’a averti que le visa de séjour et de travail qui lui avait été accordé était révoqué, par décision du Homeland Security Department, un organisme qui dépend du département d’Etat.

Engagé par la prestigieuse université Notre-Dame, près de Chicago, à la date du 1er août, pour occuper la chaire “Religion, conflit et promotion de la paix” de l’Institut Kroc, Tariq Ramadan devait s’envoler pour les Etats-Unis le 11 août. Il avait reçu un visa pour lui et sa famille en date du 5 mai. Les cours devaient commencer mardi 24 août. Le Chicago Tribune, qui a révélé l’information dans son édition du 24 août, explique que cette décision est une conséquence du Patriot Act, la législation adoptée après le 11 septembre 2001 et qui a durci les conditions d’entrée aux Etats-Unis. Le Patriot Act est vivement contesté par les défenseurs des libertés fondamentales américaines.

Selon le quotidien américain, plusieurs universitaires, dont John Esposito, professeur à Georgetown University et spécialiste de l’islam, “soupçonnent que la décision du gouvernement d’exclure Ramadan pourrait avoir été influencée par des organisations juives, qui ont mené une campagne contre les universitaires et les intellectuels dont les positions sur l’islam et le Proche-Orient sont en opposition avec les leurs”. Le journal cite en exemple le site du militant pro-israélien Daniel Pipes, Campus Watch, qui met en ligne les noms des universitaires censés tenir des positions anti-israéliennes. Interrogé par le Chicago Tribune, Daniel Pipes confirme que, selon lui, Ramadan “est engagé dans un jeu complexe pour apparaître comme un modéré, mais a des connexions avec Al-Qaida”.

Tariq Ramadan dénonce une “décision politique”. Il fait valoir qu’il a toujours “dénoncé l’extrémisme, le littéralisme étroit et l’antisémitisme à l’intérieur même des communautés musulmanes”. Son déménagement pour les Etats-Unis avait déjà commencé, ses enfants étaient inscrits dans les écoles américaines et lui-même avait mis un terme à ses engagements professionnels en Suisse. “Pour moi, c’est un scénario de cauchemar...”, résume-t-il.

Thursday, August 26, 2004

Sami el-Soudi.— L’Etat c’est lui

Sami el-Soudi: L’Etat c’est lui. Mais plus pour très longtemps
Metula News Agency, 26/08/2004.

La semaine dernière, le Vieux a eu cette formule révélatrice, en pleine réunion publique du parlement palestinien : “Démocratie… il y une limite à ce qu’on peut m’imposer de faire à cause de la démocratie !”

Si j’étais un journaliste vraiment courageux, je m’en tiendrais là et je clôturerais mon article sur cette unique citation, laissant au lecteur le soin d’imaginer ce que peut être la vie d’un peuple sous un énergumène professant une proto culture politique de ce genre.

Ce que les membres du Conseil Législatif Palestinien (CLP) réclamaient du vieil ogre, c’est qu’il émette un décret présidentiel provisionnant deux mesures d’urgence : Un remaniement ministériel et le transfert de deux des trois services de sécurité de l’Autorité au ministre de l’intérieur, soumis lui-même à la tutelle exclusive du premier ministre.

Faut-il préciser que la signature réclamée par les députés correspond précisément à l’engagement pris par Yasser Arafat envers la présidence égyptienne ? Convaincre le reclus de déplacer la botte qu’il maintient sur la tête de tous les Palestiniens avait déjà nécessité d’immenses pressions internationales, le renforcement du statut de Mohamed Dahlan ainsi que des palabres infinies, ponctuées d’envolées hystériques fréquentes de la part d’Abou Ammar.

Volte-face numéro 317 — je vous avais prévenus que ça allait se passer de cette manière, souvenez-vous ! — Arafat refuse de signer. Il a dit “que l’Autorité Palestinienne avait fait certaines erreurs”, ajoutant rapidement que “tout le monde faisait parfois des erreurs” et il prétend que cela suffit. Le parlement n’a qu’à endosser son discours et le gouvernement “faire ce qu’il se sent en droit de faire”.

Les députés sont revenus à la charge, la semaine dernière, en nommant un comité de quatorze de leurs membres, censé négocier avec Arafat la rédaction d’un décret utilisable afin de permettre au gouvernement et aux tribunaux de prendre les mesures pratiques, urgentissimes, pour mettre en place les réformes et tenter d’endiguer la gangrène de la corruption.

L’un de mes amis, faisant partie de ce comité des quatorze, m’a confié que lors d’une rencontre avec le Vieux, celui-ci a été pris soudain d’une sorte de transe, qu’il les a expulsés de son bureau tout en les insultant, en les menaçant de les pendre, en leur crachant dessus et en les molestant.

“Il nous a appelés ‘agents de Sharon et envoyés de Moubarak et de Bush’”, m’a assuré mon ami. “Ses yeux sortaient de leurs orbites, il jouait au fou !”

Mais cette fois, personne ne lâche de mou : Réunis hier à nouveau en séance plénière, le CLP a approuvé les recommandations du comité des quatorze, par 31 voix contre 12. “Si Arafat ne paraphe pas le décret, nous allons tous démissionner”, m’a dit un autre député. Et un troisième a affirmé publiquement “qu’on ne combattait pas la corruption avec des mots et des discours mais avec des lois et des décrets”.

Le général Omar Suleiman, le chef des renseignements égyptiens, jugeant que le reclus lui avait menti, a coupé tous les ponts avec lui, engageant les Européens et les Américains à suivre son exemple, “jusqu’à ce qu’Arafat respecte les engagements qu’il lui a faits”.

Le Premier ministre Ahmed Qoreï a “gelé toutes ses activités”.

Pendant ce temps, pour ne rien arranger aux affaires d’Arafat, sa campagne de diversion visant à mettre la pression sur les Israéliens, par le déclenchement de la grève de la faim des prisonniers sécuritaires détenus par les Hébreux, a déjà fait long feu. Les manifestations de soutien organisées dans les territoires par l’OLP n’ont pas déplacé les foules et les images diffusées par Jérusalem des détenus — dont Marwan Barghouti — en train de manger, ou de dissimuler des vivres, ont fait capoter l’affaire. Ce qui préoccupe réellement la rue palestinienne, aujourd’hui, c’est le rétablissement de l’ordre et de la loi, la possibilité de se nourrir et la fin des privilèges démesurés dont disposent les ministres et les proches du raïs.

Par contre, Arafat a rencontré par trois fois, ces derniers jours, son pire ennemi, l’option à sa succession des coalisés, Mohamed Dahlan. Le résidant forcé de la Moukata avait, dans un premier temps, tout fait pour repousser chaque entretien prévu aux Calendes grecques et chaque fois à la dernière minute. “Il lui a fait le coup au moins cinq fois, de façon très humiliant pour Dahlan” m’a rapporté un employé de la Moukata, “puis il nous a dit qu’il valait mieux rencontrer le diable que ses émissaires et il a ouvert sa porte à Dahlan”. La première rencontre fut glaciale, l’ex chef de la Sécurité Préventive, licencié par Arafat, se contentant de répéter à son hôte les conditions de l’ultimatum international ainsi que son intention de prendre le contrôle absolu de Gaza, si le Vieux ne s’exécutait pas.

Maintenant, il est question de nommer Dahlan au poste de ministre de l’intérieur, d’où il contrôlerait les appareils de sécurité. Dahlan consulte Suleiman et les advisers de la CIA. On craint une nouvelle entourloupe, de nouveaux délais. Et c’est pour cela que le Vieux ne signe pas le décret, “sinon il n’aurait plus rien à vendre”, m’éclaire un camarade de l’entourage de Dahlan.

Les discussions s’étant mises à traîner, à l’initiative d’Arafat, un commando de Dahlan a agressé hier (mercredi) — et volontairement laissé en vie — le numéro 1 par intérim des forces du raïs à Gaza, le général Tarek Abou Rajab. Ils ont tué ses deux gardes du corps et sérieusement abîmé le familier d’Arafat, au point qu’il se trouve toujours aux soins intensifs de l’hôpital d’Ashkalon en Israël. Histoire de faire comprendre à l’ogre qu’on a besoin de lui uniquement à titre symbolique et qu’on fait déjà ce qu’on veut sur le terrain.

Tuesday, August 24, 2004

Rubin.— L’après-Arafat

Barry Rubin: L’après-Arafat, chronique d’un chaos annoncé
Le Figaro, 23/08/2004.

Yasser Arafat semble avoir, une fois de plus, repoussé les attaques contre son gouvernement. Pourtant cette dernière victoire ne répond pas à la question de savoir ce qu’il adviendra le jour où il quittera enfin la scène politique.

Quand il tomba gravement malade en 2003, les Palestiniens furent pris de panique. Ahmed Dudin, l’ancien leader du Fatah à Hébron, résumait ainsi leur dilemme : «L’Autorité palestinienne a toujours été l’oeuvre d’un seul homme. Arafat n’a jamais vraiment accepté de partager le pouvoir. Voilà le problème.» Non seulement Arafat n’a aucun successeur désigné, mais il a paralysé la création d’institutions qui auraient pu permettre une transition en douceur, la formation de nouveaux dirigeants, la médiation des différends entre les candidats en lice et leurs factions ou le contrôle du pouvoir d’un dictateur potentiel.

Cependant, un jour, Arafat quittera ce monde. Il a 74 ans, et on ne peut pas vraiment dire qu’il est en bonne santé. Sa capacité à symboliser la cause palestinienne dans le monde entier s’est peu à peu épuisée, mais quiconque lui succéderait ne serait encore qu’un obscur inconnu.

Qu’adviendra-t-il alors si la transition au sein du mouvement palestinien est précipitée par sa disparition ? La meilleure approche dans un tel cas n’est pas de savoir qui le remplacera mais bien plutôt quoi. Dans un certain sens, Arafat représente l’Autorité palestinienne. Comme le disait un membre du Fatah favorable à la réforme : «C’est ça, le narcissisme d’Arafat. Et nous en souffrons tous. Et j’ai bien peur que le peuple palestinien en souffre encore même après sa mort.»

Alors que les Palestiniens disposent d’une direction collective, en réalité c’est Arafat qui détient un pouvoir écrasant. Il a été, dans les faits, l’unique leader du mouvement palestinien depuis le jour où il le fonda en 1959. D’autres candidats, tels Abou Jihad et Abou Iyad, furent assassinés, et Faissal Al Husseini, le seul leader d’importance qui soit monté dans la hiérarchie en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, est mort jeune.

Certains soutiennent que la seule alternative évidente à Arafat reste la démocratie. Toutefois le dénouement le plus probable risque d’être une direction instable et sans efficacité, une division du pouvoir en fiefs ou un degré d’anarchie élevé.

Le départ d’Arafat ne ravivera pas davantage l’espoir d’un règlement politique avec Israël. Il est vrai qu’Arafat refuse d’entériner des compromis essentiels sur des questions aussi graves que la légitimité d’Israël et les frontières de la Palestine, et que cela a toujours été une cause importante dans l’échec de la résolution des conflits israélo-palestiniens ou israélo-arabes. Étant donné la stature d’Arafat et le contrôle qu’il exerce sur le mouvement, il aurait pu simplifier les exigences palestiniennes pour accepter un État n’occupant que partiellement la Palestine historique. Mais il n’a jamais sauté le pas et les problèmes principaux sont restés sans solution.

Le problème est que, même si les futurs dirigeants palestiniens veulent résoudre les problèmes qui bloquent le processus de paix avec Israël, cela leur sera bien plus difficile qu’il ne l’aurait été pour Arafat. Sous le long règne d’Arafat, des générations entières de Palestiniens ont été endoctrinées avec la conviction que seule la victoire totale était acceptable.

En effet, au-delà de la politique au jour le jour, Arafat a organisé le style psycho-politique et intellectuel du mouvement palestinien de manière dogmatique et inflexible. L’héritage d’Arafat est donc celui d’une culture politique où le leader peut faire accepter des tactiques, des stratégies ou des solutions désastreuses comme des victoires et être cru. L’acceptation de la violence sans limite sera la caractéristique la plus dévastatrice de l’héritage d’Arafat. De nombreux mouvements à travers l’histoire ont utilisé la violence, mais peu sont parvenus à la justifier et à l’idéaliser si profondément.

Comment un quelconque successeur, dont la légitimité sera moindre que celle d’Arafat, pourra-t-il échapper à la justification de cette violence ? Des groupes entiers, le Hamas, la Jihad islamique, les Brigades des martyrs d’al-Aqsa du Fatah, et leurs leaders, doivent leur puissance à leur volonté de tuer des Israéliens, ce qui est devenu la mesure par excellence de leur puissance politique. Tout effort des autorités de sécurité palestiniennes pour mettre fin à ces groupes par la force ne mènerait qu’à des violences supplémentaires.

Arafat a créé le consensus en construisant l’unité politique sur le mythe d’une société palestinienne préalable à 1948, idéalisée, que l’on pourrait «recréer» sur la base du «droit au retour» et de la disparition d’Israël. Ces objectifs ne se réaliseront jamais, mais ils n’ont jamais non plus été soumis à la «fin de l’occupation», de sorte qu’ils forment le ciment du nationalisme palestinien.

Dans les circonstances cruciales d’aujourd’hui, l’émergence d’un nouveau leader palestinien prendra probablement des années. Durant cet interrègne, nous devons nous attendre au verrouillage, à l’anarchie ou à la guerre civile.

Sunday, August 22, 2004

Esteba.— Un insòlit congrés de CDC

Miquel Esteba i Caireta: Un insòlit congrés
El Punt, 22/08/2004.

L’any 1951, és a dir, fa més de 50 anys, 6 països europeus van crear la Comunitat Europea del Carbó i de l’Acer, i el 1957 van signar el Tractat de Roma, que posava en marxa la Comunitat Econòmica Europea. En successives ampliacions, els sis membres van passar a ser-ne quinze, i amb la darrera, vint-i-cinc.

Les incorporacions i l’assumpció de noves competències van comportar tot un conjunt de tractats, que dificultaven la seva aplicació i, sobretot, la seva comprensió per part dels ciutadans, i que produïen el seu distanciament dels òrgans institucionals, i es va començar a parlar del dèficit democràtic, una de les manifestacions del qual era l’escassa participació en les eleccions al Parlament Europeu.

Quan la incorporació dels 10 nous membres va ser imminent, es va prendre consciència que amb el teixit de tractats vigents la Unió Europea no tenia possibilitat de funcionar eficaçment, i el Parlament Europeu, en una resolució sobre el procés constitucional i el futur de la Unió del 29 de novembre del 2001, va proposar l’establiment d’una convenció que preparés la conferència.

La cimera de Laeken, el desembre del 2001, va recollir la resolució i va aprovar per unanimitat una declaració que preveia la creació d’una «convenció sobre el futur d’Europa». La Convenció, amb seu a Brussel·les, va ser presidida per l’expresident de la República Francesa, Valéry Giscard d’Estaing i, lamentablement, tots els components es distingien, en els respectius estats, per posicions extremament centralistes i centralitzadores.

Crec que és necessari assenyalar que de la literalitat de la declaració no se’n dedueix que hagués d’elaborar una Constitució, i no obstant això s’ha atribuït la funció d’elaborar-la, per la qual cosa no té mandat constituent.

La tendència centralitzadora es va posar de manifest en la supressió de la referència als pobles d’Europa que feien els tractats. El poble català és un d’aquests pobles, i no era representat en la Convenció. I puntualitzant-ho, Josep Borrell va manifestar que ell no representava Catalunya.

A Catalunya, en compliment d’una resolució del Parlament del 4 d’octubre del 2001, el govern de la Generalitat, el 24 de desembre del mateix any, convoca la Convenció Catalana per al Debat sobre el futur de la Unió Europea amb l’objectiu d’assolir un conjunt d’anàlisis, conclusions i propostes.

Els treballs de la convenció catalana van ser oberts a tots aquells ciutadans i ciutadanes que manifestessin interès a participar-hi. Un total de 329 persones, representants de diferents àmbits i sectors, s’hi van vincular. Jo en vaig ser una, com a membre que era des dels anys 60 de la Lliga Europea de Cooperació Econòmica.

El Patronat Català Pro Europa va assumir l’organització, l’impuls i la coordinació general dels treballs. Una comissió d’experts, nomenada pel director executiu del patronat i dirigida pel doctor Ferran Requejo, catedràtic de Ciència Política de la Universitat Pompeu Fabra, es va encarregar de redactar els documents inicials, de conduir les discussions i d’elaborar els documents finals.

Vaig assistir pràcticament a totes les sessions, i la meva apreciació va ser que hi havia un pes excessiu d’academicisme, conseqüència, sens dubte, que tots els experts eren professors universitaris. I van ser ells, com ja he dit, els que van redactar els documents i van conduir les discussions. En algunes ocasions, em va semblar percebre-hi una voluntat de lluïment personal. Els participants van fer contribucions, tan orals com escrites, molt dignes de ser tingudes en compte, i alguna va ser recollida en les conclusions finals. Les 80 conclusions finals que tots vam tenir la impressió que dormirien el somni dels justos a les lleixes dels arxius comunitaris.

Cal assenyalar que paral·lelament es va posar en marxa un Fòrum Cívic per una Constitució Europea, que, al meu entendre, no perseguia cap altra cosa que neutralitzar qualsevol iniciativa contrària a la línia oficial de la Convenció Europea, la qual ja s’encarregava, però, d’impedir que prosperessin iniciatives favorables a les regions, com ara la que hauria permès el seu accés al tribunal de justícia, que va ser aïradament i brutalment avortada per l’eurodiputat del PP Iñigo Méndez de Vigo, cosa que casualment vaig sentir per ràdio i de la qual vaig parlar a eurodiputats de CiU i el PSC.

Amb l’entrada en vigor del tractat constitucional, el procés desnacionalitzador, que fa tants anys patim a l’Estat espanyol, que ens és hostil, que ens explota i ens espolia, estaria legitimat des de Brussel·les. Ens situaria definitivament a la cuneta. No tenim altra alternativa que un «no» clar i contundent.

En el darrer congrés de Convergència Democràtica de Catalunya, una esmena per proposar un «no» al referèndum que s’ha de celebrar sobre l’aprovació del tractat constitucional pel qual s’institueix la Constitució per a Europa (notin com l’exigència tecnicojurídica obliga a parlar de «tractat» i no de «constitució») trenca la línia de submissió als dictats d’un suposat europeisme.

L’esmena va ser aprovada per una majoria aclaparadora. Els oficialistes de la submissió no van tenir cap altre remei que inventar-se un congrés extraordinari per reconduir la situació vers un «sí».

Estatutàriament aquest congrés s’ha de denominar «extraordinari». La veritat, és que li convindria més que es denominés «insòlit». És insòlit que un partit nacionalista català com Convergència Democràtica de Catalunya hagi de convocar un congrés per decidir què ha de votar sobre una Constitució que no li reconeix ni la llengua del país, ni cap capacitat de control polític o jurisdiccional de les decisions de la Unió Europea que afectin les seves competències. Una Constitució que la ignora Catalunya com a poble i com a Nació.

Friday, August 20, 2004

Més sobre l’últim Fallaci

ITALIE Le dernier livre de la journaliste et essayiste, brûlot en forme d’«auto-interview», suscite une nouvelle polémique

La diatribe anti-européenne d’Oriana Fallaci
Rome : de notre correspondant Richard Heuzé
Le Figaro [20 août 2004]

Dans la foulée de La Force de la raison où elle fustigeait la démission de l’Occident face à l’Islam, Oriana Fallaci dénonce avec fureur, dans un nouveau livre intitulé Fallaci interviewe Fallaci, «l’esprit de Munich» qui soufflerait, selon elle, sur l’Europe.

Aucun leader important, à l’exception de George W. Bush, ni aucune institution, à commencer par les Nations unies, ne trouve grâce aux yeux de cette ancienne journaliste devenue essayiste et dont les treize ouvrages précédents ont suscité des polémiques sans fin.

Ce recueil de 125 pages, vendu à 650 000 exemplaires en quelques semaines, se présente sous la forme inédite d’une «auto-interview», genre dans lequel Oriana Fallaci excelle, ayant autrefois publié les récits de ses rencontres avec les plus grands personnages de la terre.

D’entrée, elle révèle qu’elle concède cette interview parce qu’elle a «la mort sur elle», étant cancéreuse depuis onze ans : «La médecine m’a dit : «Vous ne pouvez guérir.» Et pourtant j’ai encore tant de choses à dire. L’interview m’est apparue être le moyen le plus expéditif pour le faire.»

Cet «amour éperdu» de la vie suscite en elle une «haine profonde» pour la mort. Et pour tous ceux qui la professent, coupeurs de tête, kamikaze, leurs parents et leurs thuriféraires. Elle résume ce ressentiment en un dialogue cinglant :
«— Maman, Saïd s’est immolé. Il est devenu un martyr. Tu es contente ?
»— Très contente, mon fils. Très contente. Rendons grâce à Allah.»

La guerre en Irak et son cortège d’horreurs lui servent de cadre. Elle s’en prend à «cette délinquante américaine en tenue militaire qui s’est fait photographier en tenant un détenu irakien en laisse», et confie : «Je l’aurais frappée ! Et sans chercher à savoir si ce détenu était un criminel de Saddam Hussein. Je voulais restituer ma carte de séjour permanent aux Etats-Unis à Donald Rumsfeld qui était certainement au courant de ce qui se passait à la prison Abou Graïb.»

Avec la même indignation, elle s’insurge contre la barbarie des preneurs d’otages qui décapitent leurs victimes et contre la «prudence» des journaux occidentaux qui n’ont pas réservé à ces crimes le même traitement qu’aux sévices d’Abou Graïb : «Au début, ils ont donné un peu d’espace à Nick Berg, la première victime. Beaucoup moins à Paul Johnson et à Kim Sun. Presque rien à Gheorghi Lazov.»

Elle juge «trop élevé» le prix payé pour renverser Saddam Hussein : «Le terrorisme islamiste s’est multiplié. Les morts ont engendré des morts. Nous risquons de nous retrouver avec une République islamique d’Irak. La démocratie se désire et se conquiert. On n’en fait pas cadeau comme d’une plaque de chocolat.»

Elle s’abstient de tout jugement mordant sur George W. Bush, mais critique vertement son entourage, Powell, Rumsfeld et surtout la conseillère à la sécurité nationale Condoleeza Rice : «Plutôt que suivre l’un de ses conseils, je me suiciderai.» Avec la même verve, elle traite Kerry de «petit opportuniste et rien d’autre» et Ted Kennedy de «pire homme politique américain depuis trente ans».

Ses flèches les plus vénéneuses, elle les réserve à «l’Eurabia», autrement dit l’Union européenne, «un club financier» où règne l’anti-américanisme. Et en particulier à la France de Jacques Chirac, où «règne l’antisémitisme». Aussi trouve-t-elle «scandaleusement injuste» la condamnation du mur de Sharon par la cour de La Haye : «Un verdict digne de Chamberlain et Daladier.»

Wednesday, August 18, 2004

Adler.— Chavez = Peron + Guevara

Alexandre Adler: Chavez, mi-Peron et mi-Guevara
Le Figaro, 18/08/2004.

La victoire du semi-Caudillo vénézuélien Hugo Chavez est un tournant de l’histoire politique de l’Amérique latine. Même amplifiée par des fraudes et des bourrages d’urnes, elle est néanmoins incontestable. Mais, comme la langue d’Esope, cette victoire du populisme créole est à la fois la pire et la meilleure des choses.

Commençons par le pire : l’Argentine — qui, dans ce domaine comme dans bien d’autres, a servi de laboratoire à tout le continent austral — a engendré, du temps de sa fragile prospérité, deux aberrations idéologiques durables : le péronisme et le guévarisme. Opposées en apparence, puisque Peron était un fasciste sympathisant actif de Mussolini et d’Hitler tandis que Guevara était, en tant qu’élève du grand avocat de gauche Silvio Frondizi, un semi-trotskiste à la recherche d’une révolution latino-américaine originale, les deux idéologies se sont pourtant rencontrées sur l’essentiel. Toutes deux se fondent sur l’exécration du modèle de liberté nord-américain. C’est d’ailleurs la diplomatie argentine qui aura constamment, de 1930 à 1980, opposé un veto immarcescible à toutes les propositions venues de Washington de bâtir une communauté des deux Amériques au départ contre Hitler, à l’arrivée pour étendre le libéralisme économique.

Ce syndrome argentin était à la fois l’expression d’«un embarras de richesses» et d’une émergence encore trop brutale de pouvoir populaire. L’Argentine du début des années 40 est en effet un pays au fait de la puissance économique apparente, car la guerre a valorisé considérablement les exportations de produits alimentaires qui proviennent d’une sorte de ferme collective, la pampa, probablement la plus performante de la planète, tandis que la même guerre, rendant plus difficiles les arrivées de produits industriels d’Europe et d’Amérique, a également permis une substitution d’importations qui a permis une croissance vertigineuse de l’industrie nationale. Dans ces conditions, la tentation sera forte de redistribuer à l’aveuglette les bénéfices de cette conjoncture exceptionnelle en faveur notamment des plus démunis, ceux qu’Evita Peron appellera avec bonheur les «sans chemise», les «descamisados».

Mais le péronisme est aussi l’expression d’une montée, sans cristallisation démocratique, d’une force populaire autochtone. Dans un pays où les oligarchies terriennes, qui se proclament comme partout en Amérique latine libérales ou conservatrices, dominaient sans partage le processus politique, l’irruption de Peron lui vaut le ralliement d’un peuple avide de justice sociale, et plus encore de prise de parole, mais dépourvu d’éducation politique véritable et d’organisations politiques solides : entre 1943 et 1945 le Parti socialiste explose, l’essentiel de sa base syndicale se ralliant au fascisme social de Peron, tandis que communistes et radicaux sont durablement marginalisés. Le jeune Che Guevara, issu d’une famille d’intellectuels de gauche, ne partage pas l’idéologie péroniste mais en conservera toutes les illusions : anti-américanisme fanatique dans lequel il poussera un Fidel Castro, lui aussi élevé dans ce culte barbare par un père espagnol et franquiste, vaincu de la guerre de 1898, populisme foncier faisant peu de cas du marxisme véritable des petits partis communistes jugés trop réformistes, mais surtout mépris de fer pour les difficultés de la production.

Même dans l’effervescence de la révolution cubaine, ces idées plus que courtes finiront par entraîner le limogeage du beau barbu argentin par Fidel Castro lui-même et pousseront le malheureux vers les forêts profondes, d’abord au Congo et pour finir en Bolivie, où il trouvera la mort de manière plus lamentable qu’héroïque au moment même où — 1967 — le beau Peron, bien requinqué par son exil chez Franco, commençait à tisser le réseau serré de ses indécrottables partisans qui allaient lui permettre trois ans plus tard un retour triomphal à Buenos Aires.

Chavez est le résultat d’une synthèse particulièrement perverse de ces deux mouvements pulsionnels nés de la grande détresse argentine : il est péroniste car, comme son maître, c’est un militaire autoritaire et putschiste ainsi que le sont souvent en Amérique du Sud ces officiers qui n’ont jamais fait la guerre qu’à leur propre peuple (seul le Brésil et le Mexique auront participé à la Seconde Guerre mondiale au côté de l’allié américain). Tout comme Peron encore, Chavez, après une tentative infructueuse de coup d’Etat pur, s’impose à un système démocratique sclérotique et exsangue, où les radicaux argentins ont ici pour équivalents l’Action démocratique, un parti de type social-démocrate européen qui fut grand sous son fondateur Romulo Betancourt, et les conservateurs une formation démocrate-chrétienne, le Copei, dont les dirigeants finirent dans les années 80 par adopter le même programme populiste inepte que leurs adversaires du centre gauche.

C’est ici que l’on retrouve le guévarisme de Chavez : si Peron avait pris l’Argentine en 1943, avec toutes les facilités que cela lui permit initialement et le ralliement enthousiaste d’une partie des classes moyennes, Chavez, lui, est plébiscité au bas de la pente en 1995 alors que la dépression de la rente pétrolière a profondément érodé la société vénézuélienne. La gauche du pays quant à elle est profondément divisée et le demeure à ce jour, tout comme l’était le Parti socialiste argentin de 1945. Le communisme vénézuélien a éclaté dès la fin des années 60 entre partisans de la lutte armée, immobilistes prosoviétiques et partisans de la démocratie qui, condamnant l’intervention soviétique à Prague, constituent, à l’apogée de la démocratie et de la prospérité vénézuéliennes, le MAS (Mouvement pour le socialisme, mais aussi adverbe espagnol qui signifie «davantage»).

On ne sera pas surpris de constater qu’une moitié des fondateurs du MAS, les plus démocrates, sont à la tête du mouvement anti-Chavez tandis que l’autre moitié, la plus démagogique, a embrassé le chavisme avec enthousiasme. Chavez, en effet, tient un discours essentiellement de gauche : réforme agraire qui ici touche en les spoliant non les propriétaires absentéistes d’autrefois mais une agriculture productiviste de paysans moyens ; redistribution sans progrès de la productivité de ce qui reste de la rente pétrolière sous forme de cadeaux sans lendemain, tandis que s’effritent tous les jours les infrastructures du pays ; contingentement et réglementation des exportations industrielles et agricoles déjà faibles, en partie pour ruiner délibérément le monde des entrepreneurs foncièrement hostiles au chef. Qu’importe, le pétrole paiera, comme les cigares et le sucre devaient payer quand Guevara était le tsar de l’économie cubaine.

Voilà pour les mauvaises choses : la victoire nette de Chavez est la confirmation de la force du populisme qui balaie aujourd’hui toute l’Amérique du Sud. Même la Colombie de droite et le Chili de centre gauche, qui sont encore épargnés par le cyclone, ne manqueront pas d’en être affectés. Chavez, vainqueur aujourd’hui, c’est pour reprendre Barbey d’Aurevilly : «Le bonheur dans le crime.»

Mais il y a aussi un bon côté dans cette affaire : c’est le triomphe de la diplomatie brésilienne qui, patiemment, est à la recherche d’une voie non antagoniste d’indépendance des Etats-Unis ; tout oppose en effet le régime de Lula et celui de Chavez. Chez les dirigeants brésiliens du Parti des travailleurs, on ne trouve aucun excès économique, peut-être même parfois trop d’orthodoxie financière, aucun populisme irresponsable, aucune démagogie en matière de réforme agraire, aucune apologie du protectionnisme industriel et, bien que cela soit un élément secondaire, pas trace de l’antisémitisme populiste que Chavez a contracté au contact de ses interlocuteurs les plus extrémistes dans l’Opep.

Et pourtant le régime brésilien ne peut pas non plus se permettre de voir le Venezuela rebasculer dans le camp américain, soit sous l’impact d’une guerre civile froide débouchant sur une victoire électorale de l’opposition, soit a fortiori sous le choc d’un coup d’Etat militaire sur le modèle de celui qui a échoué de justesse il y a deux ans. Cela tombe bien, les Etats-Unis aussi ne souhaitent pas à présent une défaite trop large de Chavez. Dans l’état de tension où se trouve le marché pétrolier, mieux vaut pour Washington disposer d’un approvisionnement pétrolier régulier du Venezuela que d’un pays en guerre civile qui contribuera ipso facto à la tension à la hausse du pétrole induite durablement par la situation au Moyen-Orient. C’est la raison pour laquelle l’Administration Bush et l’ambassadeur Shapiro à Caracas ont accompagné, sans mauvaise volonté excessive, le compromis élaboré par les Brésiliens avec lesquels ils siègent dans un comité baptisé, pour la bonne cause, Les Amis du Venezuela. Les Américains n’avaient plus qu’une exigence : que Chavez organise le référendum de révocation qui a constitué une sorte de présidentielle anticipée. Les Brésiliens ont obtenu en échange le lâchage par Washington de l’opposition vénézuélienne et l’absence totale de pression sur Caracas.

Leur victoire est certes celle du populisme, mais aussi d’un processus électoral à peu près limpide. Malgré le désir évident à l’entendre qu’éprouve Chavez, le gorille bolivarien ainsi remis en selle, de confisquer le pouvoir, la perspective de voir une dictature rouge-brune, étroitement alliée à Cuba, s’instaurer au Venezuela s’éloigne ; de même que s’éloigne le soutien vénézuélien aux guérillas communistes colombiennes, dont le président Uribe a obtenu le repli stratégique durant son mandat. Dans ces conditions s’esquisse une nouvelle architecture du continent austral : un populisme de gauche pas toujours très tempéré et foncièrement hostile aux Etats-Unis, mais aussi un respect encore précaire mais probablement définitif des procédures démocratiques. Un tel équilibre, fragile encore, vaut bien une messe trotskiste à Brasilia. Mais attention, tout repose ici sur le rôle civilisateur du Brésil qui hérite curieusement, à l’échelle de toute l’Amérique du Sud, du rôle dont Fernand Braudel rêvait pour le Portugal à l’échelle de la péninsule Ibérique sous Philippe II : inculquer à des peuples hispaniques plus intolérants et plus violents la douce mélancolie lusitanienne de ceux qui n’ont jamais été réticents à mêler leur sang et à cultiver un laïcisme improbable mais hédoniste.


Addenda.

La comunidad catalana ha empezado a hacer las maletas para irse del país
“Ahora viene la desbandada en Venezuela”

“Venezuela expulsa ahora a los más preparados”, dice el presidente del Centre Català de Caracas

JOAQUIM IBARZ - Caracas. Enviado especial
La Vanguardia, 19/08/2004.

La comunidad catalana en Venezuela ha empezado a hacer maletas para abandonar el país. En dos años, 105 socios del Centre Català (unas 500 personas si se cuentan sus familias) se han ido porque no ven futuro bajo el Gobierno de Hugo Chávez. Lo mismo sucede en otros centros regionales españoles.Tras el cuestionado referéndum del pasado domingo, el éxodo se acentuará. Se marchan los que tienen recursos para irse, que cada vez son menos, porque la clase media está cada vez más empobrecida.

“Ahora viene la desbandada. Los que puedan se van a marchar. Con este Gobierno no hay vida económica, política, ni social. Tenemos la moral por el suelo. El principal mal es la inseguridad y el temor a un régimen totalitario”, señala Valentín Sánchez, un socio del Centre Català que planea abandonar Venezuela junto a su familia próximamente, tras haber tenido que cerrar su fábrica.

Venezuela, que entre los cincuenta y los setenta recibió a millones de emigrantes españoles y de otras nacionalidades, hoy expulsa a miles de jóvenes, profesionales, comerciantes, industriales, que ya no creen en su país. Ahora empiezan a marchar venezolanos que inician la vida del emigrante ilegal. Según datos del Ministerio del Interior español, en el 2003 un total de 60.000 venezolanos visitaron nuestro país, de los cuales sólo 12.000 utilizaron el billete de vuelta. Es decir, sólo el año pasado se quedaron en España unos 48.000 venezolanos sin papeles, a los que hay que agregar los miles con pasaporte español que no se contabilizan cuando llegan a España. Fuentes de la legación española en Caracas afirman que 60.000 venezolanos se informaron para nacionalizarse españoles: 10.000 personas ya lo han conseguido.

Los que se marchan son de clase media o media alta. Al contrario de lo que sucede en los otros países andinos, el venezolano pobre –el 75% de la población del país– no se mueve de casa. Confía en que Chávez le proveerá de lo esencial. En el Centre Català de Caracas se percibe una profunda tristeza, frustración, incertidumbre. Emili Soriano, presidente del centro, comenta: “Cuando un socio se marcha, te entra congoja. Te dicen que se van por problemas económicos, por inseguridad, por no ver futuro. El país de las oportunidades expulsa a la gente más preparada. Nos han robado el país. Venezuela aguanta porque ingresa unos 100 millones de euros diarios del petróleo. Pero ese dinero se malgasta en populismo”.

Valentín Sánchez señala que la desmoralización es tan grande que ni ha tenido ganas de celebrar el cumpleaños de su esposa, al tiempo que recuerda que “dentro de un mes habrá elecciones regionales”. “Nadie de la oposición votará –añade–, porque vemos que no sirve para nada. Harán todas las trampas que sean necesarias para que Chávez se quede en el poder, quién sabe si los 20 años que él dijo”.Montserrat Mogas nos dice de entrada: Estem fotuts! La vicepresidenta del Centre Català dice que siente “desesperación” porque “poco a poco, se va afianzado un modelo totalitario, diferente al cubano pero cada vez más parecido: ya tenemos miles de médicos, maestros, entrenadores deportivos; los cubanos controlarán el país”.

A Mónica Peña Carbonell, docente, se le humedecen los ojos al decirnos que la mitad de sus amigos, catalanes o no catalanes, ya se han ido del país. “La mayoría se va porque no quieren que sus hijos crezcan en un régimen totalitario. Siento angustia, una profunda tristeza, indignación. En este referéndum hemos sido robados, vejados”. Otra socia, Teresita Girau, dice: “Los chavistas hacen lo que les da la gana, con total impunidad. Han pisoteado a la colectividad, a la dignidad, a la moral. Fuimos con alegría y entusiasmo a votar, pero vemos que todos los poderes están al servicio de Chávez. Somos víctimas de un fraude muy astuto. No tenía ningún proyecto de irme de Venezuela, pero ahora me lo planteo porque tengo dos hijos que quiero que vivan en libertad. Chávez habla de profundizar la revolución. ¿Qué quiere decir? ¿Implantar una dictadura como en Cuba? Estoy muy angustiada”.

Saturday, August 14, 2004

Declerck.— Odio l’islam

Patrick Declerck: Je hais l’islam, entre autres...
Le Monde, 11/08/2004.

Kant rendait hommage à Hume pour l’avoir éveillé de ses années de somnolence dogmatique. Mais s’il était une somnolence dogmatique particulière à la démocratie ? Mais si la démocratie, au-delà de ses institutions politiques, avait la propriété sournoise et insidieuse de créer, de par ses prolongements idéologiques, un effet opiacé, soporifique ? Une douce sidération de la pensée ? Quelque chose comme l’équivalent de l’incision des lobes frontaux, laissant le sujet citoyen plaisamment semi-conscient, mollement béat. Mais si la démocratie était en fin de compte aussi une maladie mentale ?

Ainsi, par exemple, la proposition : “Je hais l’islam.” Voilà bien quelque chose qui, en bonne compagnie, ne se dit pas. Et ce pour plusieurs raisons, qu’ânonnent, dans un bel ensemble, les boy-scouts de tout bord.

D’abord, en ces temps de tolérance programmatique et de vacuité d’un respect exigé a priori, “haïr” ne se fait plus. C’est même pratiquement illégal. Et d’un laisser-aller des plus odieux... Ainsi, nos dogmes politico-religieux — et la démocratie a placé l’homme à la place très exacte qu’occupait la divinité dans l’ancienne architectonique de la théologie chrétienne — nous interdisent de penser l’ennemi, de le concevoir, de se le représenter. Bref de le haïr.

Un bel esprit, bien scrupuleusement de centre gauche, annonçait récemment qu’il n’avait pas d’ennemis. Enfant ! Comme si le choix était possible, comme si l’ennemi était subjectif... La subjectivité, l’affect, l’émotion, voilà aujourd’hui ce qui, pour les démocrates, tient lieu de pensée.

Aussi la question se pose : la démocratie permet-elle, dans son fondement, dans son essence même, qu’existe encore un fait ? Un fait objectif ? Que subsiste, quelque part, l’heuristique morsure du principe de réalité ? Non. Non, car la démocratie n’est in fine que le dernier masque avili et souillé du christianisme, cette vieille consolation des esclaves de Rome. Cette religion fondée par un homme tellement affolé par la perspective du conflit œdipien face à un père réel qu’il alla jusqu’à s’imaginer, malheureux psychotique, un père céleste... Or “la guerre et le courage ont fait plus de grandes choses que l’amour du prochain. Ce n’est pas votre pitié mais votre vaillance qui jusqu’à présent a sauvé les malheureux.” Ainsi parlait Nietzsche ! Ainsi parlait Zarathoustra ! Ainsi parlait la virilité !

En attendant, en face, on s’organise. On s’organise, on planifie, on égorge et on décapite... Je hais l’islam... Mais on ne critique pas l’islam. Ou alors, seulement avec une très prudente obséquiosité et mille précautions langagières. En s’entortillant, confus, dans la périphrase, le néologisme et la litote : ce n’est pas d’islam, mais d’islamisme qu’il s’agirait. Pas de religion, mais de fanatisme. Pas de contre-racisme, mais de communautarisme...

Et l’on se tourne vers les discutables secours des recoins de l’histoire. Morceaux soigneusement choisis. De l’islam, on vante avec nostalgie le passé brillant. On exhume l’un ou l’autre érudit, de préférence sourd, aveugle et sénile. Ça ne manque pas. On le dépoussière rapidement. Et on lui fait rappeler fort à propos que, cependant, Avicenne, au XIe siècle...

Très drôle vraiment ! Un peu comme si Erasme, More et Montaigne effaçaient, de par leur seule grandeur, le scandale des guerres de religions interchrétiennes ou celui de quatre siècles de livres mis à l’Index par l’Eglise de ces catholiques, forts récents champions de la tolérance tout-terrain. Et fort récents parce que, faut-il le rappeler, fort récemment contraints à le devenir...

Les religions sont des névroses de l’humanité, disait Freud. Mais il est, n’en déplaise, névrose et névrose... Le judaïsme tend à la névrose obsessionnelle : le rite pour le rite. Au cœur du christianisme se tapit l’espoir anxieux de noyer le pulsionnel dans un indifférencié asexué : l’amour christique, cette tisane tiède... L’islam, lui, tend à rendre fou parce qu’il instaure un partage entre les sexes extraordinairement et spécifiquement pathologique : une horreur et une terreur de la femme et de sa jouissance sexuelle fantasmée comme toute-puissante.

Face à cette dernière, il ne reste d’autre solution à l’homme que l’oppression farouche de toute féminité. Oppression d’autant plus radicale qu’elle a pour fonction première de recouvrir de son voile phobique le vertige secret, intime, muet, mais omniprésent, de l’impuissance masculine et de son éternel compagnon, la répulsion-tentation de l’homosexualité latente... D’où la nécessité aussi de l’alliance érotisée et défensive des “frères” de l’islam. Devant les hallucinatoires menaces du vagin denté, la sécurité et la fuite résident dans le nombre. Ainsi, pour se protéger, l’homme musulman vit-il en banc. Comme les petits poissons...

Je hais le fait religieux en général, parce qu’il aliène l’homme en lui faisant prendre des messies pour des lanternes. Je hais l’islam en particulier, parce que l’islam est un système d’oppression tragique des deux sexes.

En attendant, en face, on s’organise. On s’organise, on planifie, on égorge et on décapite... J’entends bien qu’indiscutablement une majorité de musulmans désapprouvent ces actes. Pourtant je persiste à haïr l’islam, parce qu’en tant que système de pensée et d’être au monde il permet la guerre sainte. Il permet la charia.

L’égorgement et la décapitation y sont toujours présents, ne serait-ce qu’en tant que possibilité structurelle, car il est au cœur de l’islam, un topos pour cela. Tout comme la pensée tardive de Marx abrite, en son sein, la pérenne potentialité des affres des dictatures prolétariennes. Tout comme le christianisme est inextricablement, consubstantiellement vérolé d’antisémitisme...

Cette haine de l’islam, je revendique publiquement le droit de l’exprimer. Publiquement. Quitte éventuellement à transgresser, oui, les lois de la République. Car dénoncer aujourd’hui les féroces imbécillités des croyances religieuses est plus qu’un plaisir, c’est un devoir. Et un honneur. Celui de montrer qu’il est possible d’exister debout, sans béquilles et sans illusions.

En ces temps où, une nouvelle fois, la religion fait la guerre, il urge de revendiquer encore, et toujours, et hautement, la dignité supérieure de l’homme sans dieu.

Wednesday, August 11, 2004

The Economist.— La farsa espanyola entorn del 11-M

An inquiry into the Madrid bombing dashes peoples hopes.
The Economist, 31/07/2004.


“For the sake of my mental hygiene. I hardly ever read newspapers.” Such was the unilluminating response offered by Eduardo Fungairifio, the chief prosecutor of Spain’s highest court, when asked how much he knew, and when, about the parked van which — as the entire Spanish media reported hours alter the attack-pointed clearly to the Islamist origin of the Madrid bombings of March 11th.

There was more rambling to follow: “Islamic terrorism was never a thing that attracted my personal attention, it always seemed a second-rate sort of terrorism ... Arab names are hard to remember.” The prosecutor’s burbling was fairly typical of the lamentable level of discussion at an inquiry into the March attacks, which killed 191 people.

As everyone accepts, any such probe was bound to be political. That is because three days after the bombing, the centre-right People’s Party was voted out in favour of the Socialists — in part, at least, because of the electorate’s rage at the old government’s failure to recognise the bomb’s islamist rots, and at its hints that separatist Basques were to blame. But given the extreme gravity of the subject matter, some Spaniards hoped that that an official probe might rise above politics and ponder the safety of the nation. They were disappointed.

An obvious question is whether the former prime minister, José Maria Aznar, attempted to manipulate public opinion between the time of the bombs and the election by placing the blame on ETA, the Basque terrorist group. But what the investigation has shown, if it has shown anything at all is the way in which Spain’s security services were wholly unprepared for mega-terror — in part because they were, and are, hopelessly divided by inter-agency rivalry, and by political affiliation. The leadership of all Spain’s security services changed alter the election, and those who were on watch at the time of the Match bombing are now frantically trying to protect Mr Aznar’s reputation.

In one farcical session of the inquiry, Eduardo Blanco, a police chief, was escorted into a hearing by a gaggle of officials from the opposition. As for Jorge Dezcallar, the head of the Centre of National Intelligence at the time, he confessed he had been a “bit out of the game” in the days after the attacks.

Agustin Diaz de Mera, the former director-general of Spanish police, insisted that Mr Aznar had acted with “transparency” throughout — and that there is still a real possibility of a Basque connection. He was not impressed by the fact that a tape with Koranic verses had been found in the van. After all, such a tape “could be found in anyone’s car.”

In the face of such blustering in high places, it came as little surprise to learn recently that it took the police three months to find another car — also containing Koranic tapes, and also apparently used by the bombers — that was parked 20 metres from the first vehicle.

An opinion poll says 64% of Spanish people think their politicians have no interest in what really happened on March 11th. On this matter, the instinct of ordinary Spaniards, who impressed the world with the dignity of their mourning, seems wiser than that of politicians who are supposed to protect them.

Sunday, August 08, 2004

Adler.— Mohammed Dahlan

Alexandre Adler: Le pari de Mohammed Dahlan
Le Figaro, 04/08/2004.

Décidément, en Terre sainte, la roche Tarpéienne est encore plus proche du Capitole qu’à Rome, ou plutôt l’insurrection de Gaza est plus fatale au pouvoir de Yasser Arafat que l’occupation de Ramallah par ses ennemis israéliens.

Alors que toutes les pressions, toutes les rodomontades parfois stupides — telle la menace de liquidation physique pure et simple — n’étaient en rien parvenues à ébranler le pouvoir du raïs — ou chef — de la révolution palestinienne, dès lors que ces gesticulations provenaient d’Israël, il aura fallu à peine une semaine de troubles et de pressions pour que l’édifice, certes déjà vermoulu, de l’autorité palestinienne commence à vaciller pour de bon. Trait régional sans doute ancien, ce sont les trompettes de Jéricho qui renversent les murailles plus efficacement que les coups de boutoir. Ou, plutôt, comme aurait pu le dire l’un de mes parents rabbins à Arik Sharon, et surtout à certains de ses partisans de la droite nationaliste les plus excités, pour la vengeance, il vaut toujours mieux s’en remettre à un véritable professionnel, et il n’en existe pas de meilleur que Dieu...

En l’occurrence, l’instrument de la volonté divine s’appelle aujourd’hui Mohammed Dahlan. Par l’exercice d’une stratégie complexe et d’un courage peu commun, ce colonel des forces spéciales palestiniennes est peut-être en train de prendre le pouvoir un peu par la force, un peu par la ruse, beaucoup par le consensus d’une «rue palestinienne» excédée. Il n’est pas impossible que cette prise de pouvoir constitue la solution véritable au conflit israélo-palestinien.

Les états de service de Dahlan pour la cause palestinienne sont, au départ, impressionnants. Militant du Fatah à Gaza dans les années 70, dès l’âge de dix-huit ans, il est l’expression de la violence combative de ce véritable chaudron de l’identité palestinienne qu’est l’enclave depuis son annexion de 1967 au territoire israélien. Son itinéraire politique le conduit des prisons israéliennes à un acte d’audace inouï à la fin des années 80, une tentative d’attentat contre rien moins que la centrale nucléaire de Dimona, en étroite relation avec le chef opérationnel de l’OLP d’alors, Khalil Wazir (Abou Jihad).

Si ce dernier est abattu dans sa demeure de Tunis en représailles par un commando israélien, Dahlan qui, depuis, nie par prudence son engagement dans l’opération, s’en tirera avec un nouveau séjour en prison qui achève de bâtir sa crédibilité politico-militaire, notamment à Gaza. Dès son retour en Palestine, à la suite des accords d’Oslo en 1993, Yasser Arafat nomme donc Dahlan chef suprême de la sécurité à Gaza, tout comme il nomme, et pour les mêmes raisons, celui qui deviendra son rival, Jibril Rajoub, chef de la sécurité pour la Cisjordanie : les deux hommes ont en effet en commun d’être des laïques acquis au compromis avec les Israéliens ainsi qu’à la personne d’Arafat qui, à ce moment-là, incarne cette recherche d’une voie pacifique tout en étant capable de contenir les forces les plus radicales, essentiellement islamistes, hostiles à tout dialogue avec Israël.

Rajoub provient en effet d’une famille très religieuse et l’un de ses frères, qui sera tué un peu plus tard par les Israéliens, est l’un des principaux chefs de la branche militaire des intégristes du Hamas, ce qui ne nuit pas au dialogue préventif entre ces deux pôles du mouvement palestinien. Chez Dahlan, rien de tel ; sa famille est nassérienne, tournée vers l’Égypte comme le sont beaucoup d’habitants de Gaza, et ce sont ses seuls états de service couplés à sa réputation d’intégrité qui en font le barrage nécessaire à l’avancée du Hamas entre-temps devenu, et de loin, la force politique principale de l’enclave. Cette logique du combat, essentiellement politique, contre les intégristes va provoquer une évolution constante de Dahlan.

Après les sanglants attentats de 1996 qui précipitent la victoire de la droite israélienne de Netanyahu contre le pauvre Shimon Pérès qui n’était pas parvenu à récupérer de l’assassinat d’Itzhak Rabin, Dahlan, plus nettement encore que Rajoub, devient le partisan d’une véritable répression des islamistes, et tout particulièrement de ceux qui entretiennent des relations opérationnelles avec la Syrie ou l’Iran. C’est ainsi que, peu à peu, l’homme fort de Gaza devient aussi l’interlocuteur privilégié des services spéciaux israéliens, mais aussi, et surtout, de la CIA dont l’antenne en Palestine joue de plus en plus le rôle d’une mission de bons offices entre les deux communautés juive et arabe, de par la volonté du président Clinton.

Certes, Dahlan n’est pas partisan davantage qu’Arafat de livrer des militants palestiniens intégristes à l’État d’Israël. Mais, en revanche, il en invente le concept de sécurité préventive aux fins de faire avorter, avant qu’ils n’aient lieu et sans répression excessive, les attentats terroristes qui se trament sur son territoire. Nous sommes déjà à ce moment-là au revirement politique d’Arafat qui, sentant la montée des intégrismes à base religieuse dans toute la région, commence à se dégager du dialogue avec Israël et prépare, dans ce but, une nouvelle organisation, le Tanzim, chargée de planifier dans le détail le schéma d’une nouvelle intifada.

Le nouveau favori du raïs devient dès ce moment-là Marwan Barghouti, qui suit l’évolution d’Arafat du dialogue à la confrontation et se prépare à récupérer et embrigader le Hamas, en permettant au Fatah de reprendre en mains la lutte palestinienne. Alors que Rajoub louvoie, c’est Dahlan qui, le plus clairement, prend parti avec détermination contre l’intifada des Mosquées. Il le fait bien sûr à sa manière, sans polémique ouverte avec Arafat et sans collaboration avec les Israéliens, mais il le fait suffisamment savoir pour devenir l’ennemi public numéro un du chef.

Malheureusement pour Arafat, il n’est pas si simple de l’atteindre. Le Hamas a de bonnes raisons de se méfier : Dahlan demeure populaire à Gaza, et il a à sa disposition une milice de plusieurs milliers d’hommes, dont les soldes sont payées rubis sur l’ongle par les services spéciaux égyptiens du général Omar Suleïman, qui fait déjà figure de successeur de Moubarak, et ne jure que par Dahlan. Il faut bien dire qu’en raison de la proximité géographique et culturelle de Gaza avec l’Égypte, la menace de la transformation de l’enclave en une sorte de «Hamasland» est prise très au sérieux au Caire, alors que les Frères musulmans ne cessent d’accentuer leur pression sociale sur l’État égyptien. Il y a une autre raison qui fait réfléchir Arafat, c’est le courage physique de Dahlan. Pour toutes ces raisons, Dahlan a mieux résisté aux pressions du raïs que le pauvre Abou Mazen qu’il soutint pourtant énergiquement contre Arafat lorsqu’il devint l’éphémère premier ministre en 2003, ou que son allié militaire, le brave général Abderrazak Yahia, qui dut subir du président palestinien une menace très concrète de revolvérisation en plein «conseil des ministres». Sur ce plan, Michel Barnier aura plus de chance. Depuis lors, la situation s’est rapidement dégradée pour Arafat. L’intifada est aujourd’hui terminée en tant que manoeuvre politico-militaire visant à mettre à genoux tant Israël que la communauté internationale ; quant à Barghouti, il aura montré lors de sa capture pendant la bataille de la Casbah de Naplouse, en 2002, un certain manque de courage physique — il s’est rendu presque sans combattre aux Israéliens — qui contraste très défavorablement avec l’enthousiasme qu’il mettait à envoyer des adolescents palestiniens à la mort. Pire encore, parce qu’il supporte mal sa nouvelle incarcération en Israël, voilà le dur des durs qui redevient colombe et apporte, depuis sa cellule de Tel-Aviv, son soutien au nouveau dialogue entre pacifistes qui a débuté à Genève sous l’égide de Yossi Beilin.

Tant de palinodies ont fini par écoeurer les combattants des Brigades d’al-Aqsa qui ont le sentiment d’avoir été sacrifiées pour pas grand-chose. Enfin, l’érection du mur a plus que jamais rendu les Arabes d’Israël et les citoyens palestiniens de Jérusalem désireux d’un compromis politique avec l’État hébreu qui ne les coupent pas hermétiquement de leurs frères de Cisjordanie et de Gaza, alors que les huit années de paix relative, des accords d’Oslo au déclenchement de l’intifada, leur avaient permis d’accéder à une normalisation presque complète.

C’est tout cela que Dahlan est en train de rassembler en ce moment pour faire chuter Arafat. Prenant prétexte de la corruption de l’état-major de Ramallah, il a le soutien d’une partie significative de la population de Gaza aussi bien que des anciens hommes de Barghouti écoeurés par le comportement d’Arafat. Les chefs du Mossad et ceux de la CIA ne tarissent pas d’éloge sur sa fiabilité. L’Égypte, qui traverse une passe très difficile, a placé tous ses avoirs en lui. L’Arabie saoudite et l’Iran ne peuvent plus grand-chose pour le Hamas, que les Frères musulmans égyptiens incitent à adopter la tactique prudente qui leur réussit si bien au Caire.

Avec toutes ces cartes en mains, Dahlan avance tous les jours davantage et fort courageusement. Son mouvement rappelle à bien des égards celui d’un jeune militant qui, au lendemain de la défaite arabe de 1967, parvint à renverser, déjà à partir de Gaza, l’ancien homme lige de Nasser qu’était Ahmed Choukeïri. Ce jeune homme s’appelait Yasser Arafat. Mais alors que ce dernier promettait aux Palestiniens une lutte interminable pour liquider l’État hébreu, et il aura tenu parole jusqu’au bout, Dahlan au contraire promet une paix dans l’honneur qui pourrait déboucher tout à la fois sur la reconnaissance sans ambages d’Israël et celle, tout aussi nécessaire, du courage et de l’abnégation des Palestiniens pour l’instant utilisés à des fins bien incertaines.

Déclaration sur les droits de l'homme en Islam

Le 5 Août 1990, il y a 14 ans, quelque chose de fondamental s’est passé pour la compréhension de ce qui est en train de nous arriver…

Evidemment vous vous souvenez tous de cette journée…

5 août 1990 - 24 février 1991 : Les Etats-Unis et leurs alliés rassemblent sur la péninsule arabique plus de 700 000 soldats de 26 pays, 4 000 chars et 1 500 avions.

... 5 Août. La Chine annonce qu'elle se joint à l'embargo militaire
international. Elle ne livrera plus d'armes à Saddam Hussein. ...

Agenda des sorties - Allocine
... 05 août 1990, Freddy 5 : l'enfant du cauchemar.

5 Août 1990…

… l’ensemble des pays musulmans de la planète, ont signé une Charte qui renie celle de la Déclaration des Droits de l’Homme et la renvoie dans les poubelles impies de l’Histoire Occidentale.


L’ensemble des pays musulmans est désormais…

… en guerre publiquement déclarée contre nous. Peut être l’avons-nous oublié, ou feignons-nous de ne pas le voir, mais eux pas. De même qu’il aurait été stupide après la lecture de Mein Kampf de ne pas s’inquiéter des divaguations haineuses du chef de ce qui n’apparaissait à l’époque que comme un groupuscule politique, il serait tout aussi suicidaire aujourd’hui de ne pas considérer à sa juste valeur cette déclaration signée par l’ensemble des pays musulmans !!!! Car il ne s’agit pas ici d’un simple mouvement politique dans un pays mais bien de plus d’un milliard et demi d’hommes et de femmes…dont le but affiché, qui est par ailleurs une prescription divine, est de soumettre tous les pays non-musulmans aux lois de la Charia.

Voilà un exemple typique de détournement du texte de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. Une fois de plus, l’aspect formel « occidental » est repris et permet de faire « éventail » contre toute vélléité d’analyse critique. Le résultat est pourtant sans ambiguïté : malgré l’habillage occidentalisé, ce qui est proclamé ici est en complète opposition avec toutes nos valeurs civilisationnelles. Il ne s’agit pas d’un projet pluriel, d’une opinion différente et enrichissante à prendre en compte dans le cadre d’un débat démocratique : quand nous disons opposition il s’agit bien d’un rapport de force, d’une logique totalement étrangère, une logique de combat non de dialogue.

Il est plus que temps aujourd’hui de dévoiler le véritable visage de cette « civilisation islamique » . Que ceux qui, en france, disent rallier les valeurs propres à notre société, condamnent, combattent et soient prêt à aller jusqu’au bout de leurs convictions. Ce qui apparaît, hélas, comme la seule solution afin qu’eux mêmes et leurs enfants puissent demain vivre librement.


Déclaration sur les droits de l’homme en Islam adoptée le 5 août 1990, au Caire (Egypte), lors de la 19e Conférence islamique des ministres des Affaires étrangères

Réaffirmant le rôle civilisateur et historique de la Ummah islamique, dont Dieu a fait la meilleure Communauté; qui a légué à l’humanité une civilisation universelle et équilibrée, conciliant la vie ici-bas et l’Au-delà, la science et la foi; une communauté dont on attend aujourd’hui qu’elle éclaire la voie de l’humanité, tiraillée entre tant de courants de pensées et d’idéologies antagonistes, et apporte des solutions aux problèmes chroniques de la civilisation matérialiste;

Soucieux de contribuer aux efforts déployés par l’humanité pour faire valoir les droits de l’homme dans le but de la protéger contre l’exploitation et la persécution, et d’affirmer sa liberté et son droit à une vie digne, conforme à la Charria;

Conscients que l’humanité, qui a réalisé d’immenses progrès sur le plan matériel, éprouve et éprouvera le besoin pressant d’une profonde conviction religieuse pour soutenir sa civilisation, et d’une barrière pour protéger ses droits;

Convaincus que, dans l’Islam, les droits fondamentaux et les libertés publiques font partie intégrante de la Foi islamique, et que nul n’a, par principe, le droit de les entraver, totalement ou partiellement, de les violer ou les ignorer, car ces droits sont des commandements divins exécutoires, que Dieu a dictés dans ses Livres révélés et qui constituent l’objet du message dont il a investi le dernier de ses prophètes en vue de parachever les messages célestes, de telle sorte que l’observance de ces commandements soit un signe de dévotion; leur négation, ou violation constitue un acte condamnable au regard de la religion; et que tout homme en soit responsable individuellement, et la communauté collectivement;

Se fondant sur ce qui précède, déclarent ce qui suit :

Article 1
a) Tous les êtres humains constituent une même famille dont les membres sont unis par leur soumission à Dieu et leur appartenance à la postérité d’Adam. Tous les hommes, sans distinction de race, de couleur, de langue, de religion, de sexe, d’appartenance politique, de situation sociale ou de toute autre considération, sont égaux en dignité, en devoir et en responsabilité. La vrai foi, qui permet à l’homme de s’accomplir, est la garantie de la consolidation de cette dignité.
b) Les hommes sont tous sujets de Dieu, le plus digne de sa bénédiction étant celui qui se rend le plus utile à son prochain. Nul n’a de mérite sur un autre que par la piété et la bonne action.

Article 2
a) La vie est un don de Dieu, garanti à tout homme. Les individus, les sociétés et les Etats doivent protéger ce droit contre toute atteinte. Il est défendu d’ôter la vie sans motif légitime.
b) Le recours à des moyens conduisant à l’extermination de l’espèce humaine est prohibé.
c) La préservation de la continuité de l’espèce humaine jusqu’au terme qui lui est fixé par Dieu est un devoir sacré.
d) L’intégrité du corps humain est garantie; celui-ci ne saurait être l’objet d’agression ou d’atteinte sans motif légitime. L’Etat est garant du respect de cette inviolabilité.

Article 3
a) Il est interdit, en cas de recours à la force ou de conflits armés, de tuer les personnes qui ne participent pas aux combats, tels les vieillards, les femmes et les enfants. Le blessé et le malade ont le droit d’être soignés; le prisonnier d’être nourri, hébergé et habillé. Il est défendu de mutiler les morts. L’échange de prisonniers, ainsi que la réunion des familles séparées par les hostilités constituent une obligation.
b) L’abattage des arbres, la destruction des cultures ou du cheptel, et la démolition des bâtiments et des installations civiles de l’ennemi par bombardement, dynamitage ou tout autre moyen, sont interdits.

Article 4
Tout homme a droit à ce que sa dignité et son honneur soient sauvegardés de son vivant et après sa mort. L’Etat et la société se doivent de protéger sa dépouille mortelle et le lieu de son inhumation.

Article 5
a) La famille est le fondement de l’édification de la société. Elle est basée sur le mariage. Les hommes et les femmes ont le droit de se marier. Aucun entrave relevant de la race, de la couleur ou de la nationalité ne doit les empêcher de jouir de ce droit.
b) La société et l’Etat ont le devoir d’éliminer les obstacles au mariage, de le faciliter, de protéger la famille et de l’entourer de l’attention requise.

Article 6
a) La femme est l’égale de l’homme au plan de la dignité humaine. Elle a autant de droit que de devoirs. Elle jouit de sa personnalité civile et de l’autonomie financière, ainsi que du droit de conserver son prénom et son patronyme.
b) La charge d’entretenir la famille et la responsabilité de veiller sur elle incombent au mari.

Article 7
a) Tout enfant a, au regard de ses parents, de la société et de l’Etat, le droit d’être élevé, éduqué et protégé sur les plans matériels, moral et sanitaire. La mère et le ftus doivent également être protégés et faire l’objet d’une attention particulière.
b) Les parents et les tuteurs légaux ont le droit de choisir le type d’éducation qu’ils veulent donner à leurs enfants, tout en ayant l’obligation de tenir compte des intérêts et de l’avenir de leurs progénitures, conformément aux valeurs morales et aux dispositions de la Charria.
c) Conformément aux dispositions de la Charria, les parents ont des droits sur leurs enfants; les proches ont des droits sur les leurs.

Article 8
Tout homme jouit de la capacité légale conformément à la Charria, avec toutes les obligations et les responsabilités qui en découlent. S’il devient totalement ou partiellement incapable, son tuteur se substitue à lui.

Article 9
a) La quête du savoir est une obligation. L’enseignement est un devoir qui incombe à la société et à l’Etat. Ceux-ci tenus d’en assurer les voies et moyens et d’en garantir la diversité dans l’intérêt de la société et de façon à permettre à l’homme de connaître la religion islamique et de découvrir les réalités de l’univers, en vue de les mettre au service de l’humanité.
b) Tout homme a droit à une éducation cohérente et équilibrée, au plan religieux et de la connaissance de la matière, qui doit être assurée par les diverses structures d’éducation et d’orientation, tels que la famille, l’école, l’université, les médias, etc. Cette éducation doit développer la personnalité de l’homme, consolider sa foi en Dieu, cultiver et lui le sens des droits et des devoirs et lui apprendre à les respecter et à les défendre.

Article 10
L’Islam est la religion de l’innéité. Aucune forme de contrainte ne doit être exercée sur l’homme pour l’obliger à renoncer à sa religion pour une autre ou pour l’athéisme ; il est également défendu d’exploiter à cette fin sa pauvreté ou son ignorance.

Article 11
a) L’homme naît libre. Nul n’a le droit de l’asservir, de l’humilier, de l’opprimer, ou de l’exploiter. Il n’est de servitude qu’à l’égard de Dieu.
b) La colonisation, sous toutes ses formes, est strictement prohibée en tant qu’une des pires formes d’asservissement. Les peuples qui en sont victimes ont le droit absolu de s’en affranchir et de rétablir leur autodétermination. Tous les Etats et peuples ont le devoir de les soutenir dans leur lutte pour l’élimination de toutes les formes de colonisation et d’occupation. Tous les peuples ont le droit de conserver leur identité propre et de disposer de leurs richesses et de leurs ressources naturelles.

Article 12
Tout homme a droit, dans le cadre de la Charria, à la liberté de circuler et de choisir son lieu de résidence à l’intérieur ou à l’extérieur de son pays. S’il est persécuté, il a le droit de se réfugier dans un autre pays. Le pays d’accueil se doit de lui accorder asile et d’assister sa sécurité, sauf si son exil est motivé par un crime qu’il aurait commis en infraction aux dispositions de la Charria.

Article 13
Le travail est un droit garanti par l’Etat et la société à tous ceux qui y sont aptes. Tout individu a la liberté de choisir le travail qui lui convient et qui lui permet d’assurer son intérêt et celui de la société. Le travailleur a droit à la sécurité et à la protection, ainsi qu’à toutes les autres garanties sociales. Il n’est pas permis de le charger d’une tâche qui soit au-dessus de ses capacités, de l’y contraindre, de l’exploiter ou de lui causer un quelconque préjudice.
Le travailleur, sans distinction de sexe, a droit à une rémunération juste et sans retard de son labeur. Il a droit également aux congés, indemnités et promotions qu’il mérite. Il est tenu d’être loyal et soigneux dans son travail.

Article 14
Tout homme a le droit de rechercher le gain licite, sans spéculation ni fraude, ni préjudice pour lui-même et pour les autres; l’usure (Riba) est expressément prohibée.

Article 15
a) Tout homme a droit à la propriété acquise par des moyens licites. Il lui est permis de jouir des droits de propriété, à condition de ne porter préjudice ni à lui-même, ni à autrui, ou à la société. L’expropriation n’est permise que pour une cause d’utilité publique et moyennant une indemnisation immédiate et juste.
b) La confiscation ou la saisie des avoirs est prohibée, sauf disposition légale.

Article 16
Tout homme a le droit de jouir du fruit de toute oeuvre scientifique, littéraire, artistique ou technique dont il est l’auteur. Il a également droit à la protection des intérêts moraux et matériels attachés à cette oeuvre, sous réserve que celle-ci ne soit pas contraire aux préceptes de la loi islamique.

Article 17
a) Tout homme a le droit de vivre dans un environnement sain, à l’abri de toute corruption et de toute dépravation, de lui permettre de s’épanouir. Il appartient à la société et à l’Etat de lui garantir ce droit.
b) L’Etat et la société doivent garantir à chaque homme la protection sanitaire et sociale, ainsi que tous les services publics dont il a besoin, dans la limite des possibilités existantes.
c) L’Etat garantit à tout homme le droit à une vie décente lui permettant de subvenir à ses besoins et à ceux des personnes à sa charge, pour l’alimentation, l’habillement, le logement, l’enseignement, les soins médicaux et tous autres besoins fondamentaux.

Article 18
a) Tout homme a le droit de vivre protégé dans son existence, sa religion, sa famille, son honneur et ses biens.
b) Tout homme a droit à l’indépendance dans la conduite de sa vie privée, dans son domicile, parmi les siens, dans ses relations avec autrui et dans la gestion de ses biens. Il n’est pas permis de l’espionner, de le surveiller ou de nuire à sa réputation. Tout homme doit être protégé contre toute intervention arbitraire.
c) Le domicile est inviolable en toutes circonstances. Nul ne peut y pénétrer sans l’autorisation de ses occupants ou de manière illégale. Il n’est pas permis de le détruire, de le confisquer ou d’en expulser les occupants.

Article 19
a) Tous les individus, gouvernants et gouvernés, sont égaux devant la loi.
b) Le droit de recours à la justice est garanti pour tous.
c) La responsabilité est, par essence, personnelle.
d) Il ne peut y avoir ni délit, ni peine, en l’absence de dispositions prévues par le Charria.
e) Le prévenu est présumé innocent tant que sa culpabilité n’est pas établie par un procès équitable lui assurant toutes les garanties pour sa défense.

Article 20
Il n’est pas permis, sans motif légal, d’arrêter une personne, de restreindre sa liberté, de l’exiler ou de la sanctionner. Il n’est pas permis non plus, de lui faire subir une torture physique ou morale ou une quelconque autre forme de traitement humiliant, cruel ou contraire à la dignité humaine. Il n’est pas permis de soumettre quiconque à des expériences médicales ou scientifiques, sauf avec son consentement et à condition de ne pas mettre en péril sa santé ou sa vie. Il n’est pas permis d’établir des lois d’exception donnant une telle possibilité aux autorités exécutives.

Article 21
Il est formellement interdit de prendre une personne en otage sous quelque forme, et pour quelque objectif que ce soit.

Article 22
a) Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charria.
b) Tout homme a le droit d’ordonner le bien et de proscrire le mal, conformément aux préceptes de la Charria.
c) L’information est un impératif vital pour la société. Il est prohibé de l’utiliser ou de l’exploiter pour porter atteinte au sacré et à la dignité des prophètes ou à des fins pouvant nuire aux valeurs morales et susceptibles d’exposer la société à la désunion, à la désintégration ou à l’affaiblissement de la foi.
d) Il est interdit d’inciter à la haine ethnique ou sectaire ou de se livrer à un quelconque acte de nature à inciter à la discrimination raciale, sous toutes ses formes.

Article 23
a) Gouverner est une mission de confiance, il est absolument interdit de l’exercer avec abus et arbitraire, afin de garantir les droits fondamentaux de la personne humaine.
b) Tout homme a le droit de participer directement ou indirectement à la gestion des affaires publiques de son pays. Il a également le droit d’assumer des fonctions publiques conformément aux dispositions de la Charria.

Article 24
Tous les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration sont soumis aux dispositions de la Charria.

Article 25
La Charria est l’unique référence pour l’explication ou l’interprétation de l’un quelconque des articles contenus dans la présente Déclaration.