Ivan Rioufol.— Nadal amenaçat
Le Figaro, 24/12/2004.
Le sapin de Noël, symbole menacé ?
C’est l’histoire d’un sapin de Noël. Comme chaque année, la gardienne d’origine tunisienne du lycée Van Dongen de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) l’avait installé et décoré dans le hall. Mais, cette fois, il a été retiré à la demande d’une poignée d’élèves, au nom de la laïcité. Le proviseur a expliqué avoir «peiné à convaincre» les contestataires, qu’il refuse de désigner plus précisément. Toutefois, devant la protestation de la majorité des lycéens, l’arbuste a été réintroduit subrepticement jeudi dernier, dans le réfectoire. Seuls les demi-pensionnaires peuvent le voir.
S’arrêter sur cet épisode. Il révèle le terrorisme que peut exercer, au coeur de l’école, une minorité hostile aux traditions françaises. Il dévoile, surtout, la lâcheté de la communauté éducative, qui feint de ne pas saisir les vraies motivations des plaignants et n’ose défendre notre patrimoine culturel. Après avoir réinstallé l’arbre plus discrètement, elle s’est justifiée ainsi : «L’utilisation du sapin comme symbole de vie et de renaissance, après le solstice d’hiver, est bien plus ancienne que le christianisme.»
Nous y voilà. La présence d’un sapin de Noël dans un lycée a pu être assimilée à une violation de la loi sur l’interdiction des signes religieux ostensibles, au même titre que le voile islamique. Et ni le proviseur ni sa hiérarchie n’ont dénoncé cette provocation. Pis, en se montrant honteuse de la signification liée à ce décor festif, l’Éducation nationale s’est prêtée à une idéologie cherchant à faire table rase du passé. L’école interdira-t-elle demain les «joyeux Noël» dans les cours de récréation, si des militants l’exigent ?
En début d’année, un professeur d’histoire, Louis Chagnon, s’était vu reprocher par des élèves musulmans et leurs parents un cours «non correct» sur Mahomet, chef de guerre. Un inspecteur pédagogique avait notamment sanctionné chez l’enseignant — soutenu depuis par de nombreux lecteurs scandalisés — une conception «qui n’aurait pour finalité que de donner “la mémoire collective aux élèves” et le sentiment d’appartenir à une collectivité, les Français, les Occidentaux». Chagnon, coupable d’avoir voulu transmettre une identité européenne.
Depuis, les capitulations s’accumulent, au nom d’une laïcité instrumentalisée. Tel professeur ne fait plus chanter «Au clair de la lune» pour n’avoir pas à faire dire : «Prête-moi ta plume pour l’amour de Dieu». A Coudekerque-Branche (Nord), les enseignants des écoles maternelles ont refusé, ces jours derniers, de distribuer aux enfants les traditionnels chocolats de la Saint-Nicolas, représenté avec sa mitre et son missel. En Grande-Bretagne, un quart des écoles ont renoncé aux cantiques de Noël et la Croix-Rouge ne vend plus ses calendriers représentant Marie et Joseph.
Cette histoire de sapin n’est pas seulement anecdotique. Elle s’inscrit dans une «christianophobie» occultée, portée par un intégrisme laïque faisant parfois le jeu de l’intégrisme islamique et de sa haine contre l’Occident. Le week-end dernier, un Père Noël a été agressé par des «jeunes» dans le centre d’Alès (Gard). Pour qui sonne le glas ?
Haro sur la culture
Une tentative de déculturation de la société est en marche. Et une résistance s’impose si l’on ne veut pas entendre, demain, de nouveaux maîtres dénoncer, en France, le Nouvel An comme étant contraire aux valeurs musulmanes ou exiger, au nom de la laïcité des lieux publics, que l’on nomme autrement la gare Saint-Lazare, la station Saint-Ouen, la rue Saint-Honoré, la basilique Notre-Dame. A quand la pétition exigeant la mise au musée des calvaires bretons ou l’interdiction de diffuser les oeuvres de Jean-Sébastien Bach ?
Déjà, en Grande-Bretagne, un mouvement d’opinion réclame le respect des traditions chrétiennes, mises à mal par le «politiquement correct» qui a poussé Tony Blair à imprimer cette année des cartes de voeux destinées aux non-chrétiens en omettant Noël. En Italie, la Cour constitutionnelle vient de rétablir les crucifix dans les écoles, après qu’un tribunal eut ordonné le retrait d’une croix dans un établissement, après la plainte d’un parent d’élève musulman. Aux États-Unis, le «joyeux Noël» est réhabilité.
Les Français ont montré, cette année, qu’ils savaient discerner le danger intégriste sur leur propre sol, en s’opposant au voile à l’école, en affirmant leurs propres croyances, en interdisant la chaîne antisémite al-Manar ou en observant avec perplexité la «laïcité» turque, qui rend obligatoire l’enseignement de l’islam sunnite dans les écoles publiques. La justice, elle, rappelle à quel point la violence habite des fondamentalistes, tels ceux qui projetaient un attentat contre le marché de Noël de Strasbourg, en 2000, et qui viennent d’être condamnés à Paris.
Néanmoins une haine de soi, alimentée par un matraquage obligeant à la repentance, a culpabilisé une partie de la société. Elle hésite à défendre ses valeurs, de peur d’apparaître «traditionaliste» aux yeux de la bien pensance. C’est Gustave Le Bon qui remarquait, en 1895 (1) : «La puissance des mots est si grande qu’il suffit de termes bien choisis pour accepter les choses les plus odieuses.» C’est ainsi que la liberté, l’égalité et la fraternité ont justifié jadis la Terreur et le despotisme. Aujourd’hui, le respect de l’autre, l’antiracisme et les droits de l’homme autorisent l’islamisme totalitaire à réclamer sa place. En prendre conscience et s’y opposer.
Le sapin de Noël, symbole menacé ?
C’est l’histoire d’un sapin de Noël. Comme chaque année, la gardienne d’origine tunisienne du lycée Van Dongen de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) l’avait installé et décoré dans le hall. Mais, cette fois, il a été retiré à la demande d’une poignée d’élèves, au nom de la laïcité. Le proviseur a expliqué avoir «peiné à convaincre» les contestataires, qu’il refuse de désigner plus précisément. Toutefois, devant la protestation de la majorité des lycéens, l’arbuste a été réintroduit subrepticement jeudi dernier, dans le réfectoire. Seuls les demi-pensionnaires peuvent le voir.
S’arrêter sur cet épisode. Il révèle le terrorisme que peut exercer, au coeur de l’école, une minorité hostile aux traditions françaises. Il dévoile, surtout, la lâcheté de la communauté éducative, qui feint de ne pas saisir les vraies motivations des plaignants et n’ose défendre notre patrimoine culturel. Après avoir réinstallé l’arbre plus discrètement, elle s’est justifiée ainsi : «L’utilisation du sapin comme symbole de vie et de renaissance, après le solstice d’hiver, est bien plus ancienne que le christianisme.»
Nous y voilà. La présence d’un sapin de Noël dans un lycée a pu être assimilée à une violation de la loi sur l’interdiction des signes religieux ostensibles, au même titre que le voile islamique. Et ni le proviseur ni sa hiérarchie n’ont dénoncé cette provocation. Pis, en se montrant honteuse de la signification liée à ce décor festif, l’Éducation nationale s’est prêtée à une idéologie cherchant à faire table rase du passé. L’école interdira-t-elle demain les «joyeux Noël» dans les cours de récréation, si des militants l’exigent ?
En début d’année, un professeur d’histoire, Louis Chagnon, s’était vu reprocher par des élèves musulmans et leurs parents un cours «non correct» sur Mahomet, chef de guerre. Un inspecteur pédagogique avait notamment sanctionné chez l’enseignant — soutenu depuis par de nombreux lecteurs scandalisés — une conception «qui n’aurait pour finalité que de donner “la mémoire collective aux élèves” et le sentiment d’appartenir à une collectivité, les Français, les Occidentaux». Chagnon, coupable d’avoir voulu transmettre une identité européenne.
Depuis, les capitulations s’accumulent, au nom d’une laïcité instrumentalisée. Tel professeur ne fait plus chanter «Au clair de la lune» pour n’avoir pas à faire dire : «Prête-moi ta plume pour l’amour de Dieu». A Coudekerque-Branche (Nord), les enseignants des écoles maternelles ont refusé, ces jours derniers, de distribuer aux enfants les traditionnels chocolats de la Saint-Nicolas, représenté avec sa mitre et son missel. En Grande-Bretagne, un quart des écoles ont renoncé aux cantiques de Noël et la Croix-Rouge ne vend plus ses calendriers représentant Marie et Joseph.
Cette histoire de sapin n’est pas seulement anecdotique. Elle s’inscrit dans une «christianophobie» occultée, portée par un intégrisme laïque faisant parfois le jeu de l’intégrisme islamique et de sa haine contre l’Occident. Le week-end dernier, un Père Noël a été agressé par des «jeunes» dans le centre d’Alès (Gard). Pour qui sonne le glas ?
Haro sur la culture
Une tentative de déculturation de la société est en marche. Et une résistance s’impose si l’on ne veut pas entendre, demain, de nouveaux maîtres dénoncer, en France, le Nouvel An comme étant contraire aux valeurs musulmanes ou exiger, au nom de la laïcité des lieux publics, que l’on nomme autrement la gare Saint-Lazare, la station Saint-Ouen, la rue Saint-Honoré, la basilique Notre-Dame. A quand la pétition exigeant la mise au musée des calvaires bretons ou l’interdiction de diffuser les oeuvres de Jean-Sébastien Bach ?
Déjà, en Grande-Bretagne, un mouvement d’opinion réclame le respect des traditions chrétiennes, mises à mal par le «politiquement correct» qui a poussé Tony Blair à imprimer cette année des cartes de voeux destinées aux non-chrétiens en omettant Noël. En Italie, la Cour constitutionnelle vient de rétablir les crucifix dans les écoles, après qu’un tribunal eut ordonné le retrait d’une croix dans un établissement, après la plainte d’un parent d’élève musulman. Aux États-Unis, le «joyeux Noël» est réhabilité.
Les Français ont montré, cette année, qu’ils savaient discerner le danger intégriste sur leur propre sol, en s’opposant au voile à l’école, en affirmant leurs propres croyances, en interdisant la chaîne antisémite al-Manar ou en observant avec perplexité la «laïcité» turque, qui rend obligatoire l’enseignement de l’islam sunnite dans les écoles publiques. La justice, elle, rappelle à quel point la violence habite des fondamentalistes, tels ceux qui projetaient un attentat contre le marché de Noël de Strasbourg, en 2000, et qui viennent d’être condamnés à Paris.
Néanmoins une haine de soi, alimentée par un matraquage obligeant à la repentance, a culpabilisé une partie de la société. Elle hésite à défendre ses valeurs, de peur d’apparaître «traditionaliste» aux yeux de la bien pensance. C’est Gustave Le Bon qui remarquait, en 1895 (1) : «La puissance des mots est si grande qu’il suffit de termes bien choisis pour accepter les choses les plus odieuses.» C’est ainsi que la liberté, l’égalité et la fraternité ont justifié jadis la Terreur et le despotisme. Aujourd’hui, le respect de l’autre, l’antiracisme et les droits de l’homme autorisent l’islamisme totalitaire à réclamer sa place. En prendre conscience et s’y opposer.
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