Sami el-Soudi.— L’après Arafat
Sami el-Soudi: L’après Arafat : Tout est en train de changer
Metula News Agency, 29/11/2004.
Lorsqu’une situation est simple, ceux qui en font un dessin compliqué sont vraisemblablement poussés par des intérêts néfastes. Ces jours, dans le microcosme de la politique palestinienne, les choses sont on ne peut plus claires : On a, d’un côté, ceux qui sont favorables à la solution des deux Etats séparés pour deux peuples distincts et de l’autre, les partisans de la poursuite de l’Intifada, soit la tentative d’éradiquer le puissant voisin israélien, avec tous les aléas que cela comporte. Il n’existe pas de troisième tendance et tous les Palestiniens que je connais, mais aussi tous les responsables politiques et les éditorialistes s’exprimant à propos notre conflit, en Palestine et ailleurs, se sont rangés derrière l’un des deux courants.
Les tenants du premier de ces courants, ceux que l’on appelle les “pragmatiques”, désirent bâtir, le plus rapidement possible, notre Etat en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Un Etat qui vivra en bon entendement avec ses adversaires d’aujourd’hui. Et les pragmatiques savent fort bien quelles sont les corrections nécessaires, à appliquer urbi et orbi, afin que notre société devienne vivable et que les conditions d’un voisinage pacifique puissent prévaloir.
Les circonlocutions ambivalentes n’ont plus cours à la Moukata de Ramallah, elles ont rapidement disparu en même temps que celui qui en était l’expert absolu. L’équipe Abbas, qui jouit d’un soutien majoritaire conséquent au sein de l’OLP, a établi un programme détaillé pour faire bouger les choses. Un programme, enfin ! Elle s’active, cette équipe, à préparer les réformes, à reconstruire des liens stratégiques fiables avec tous les gouvernements et les services étrangers qui pourront l’aider dans sa tâche. Elle renforce son dispositif sécuritaire, fortifie les canaux de commandement et en évince les partisans du “porte-avions”, qu’Arafat avait nommés afin de s’assurer que toute initiative en vue de juguler la terreur soit tuée dans l’œuf. Abbas et Qoreï préparent par ailleurs d’arrache-pied un projet en vue d’établir d’authentiques institutions en Palestine, prémices obligées d’un futur Etat. Tout sera prêt, pour qu’au lendemain des élections prévues le 9 janvier, la construction de l’Etat de Palestine débute efficacement.
Face à eux, les mouvements terroristes, une partie des jeunes du Fatah ainsi que les arafatiens orthodoxes. La surprise consiste à remarquer à quel point l’influence de ces éradicationnistes s’est marginalisée depuis le décès d’Abou Ammar. Sans lui, sans son soutien moral, politique et financier, ces extrémistes ont désormais des allures de tigres en papier, à tel point qu’aucune de ces organisations ne présentera de candidat au verdict des urnes. Mais ça n’est pas tout ce que la mort d’Arafat a généré. Bien entendu, il faut également prendre en compte les arrestations et les éliminations ciblées opérées par l’armée israélienne nuit après nuit ; elles ont littéralement décapité ces organisations et réduit leur marge de manœuvre à presque rien. Mais il y a plus significatif encore : La population semble comme libérée du délire d’Arafat, elle souffle et elle aspire à une paix négociée. La distance entre l’homme de la rue et les éradicationnistes est soudain devenue énorme, si bien que le Hamas, le Jihad et autres FPLP et Tanzim ne trouvent presque plus de candidats au sacrifice, ce qui explique le calme inhabituel qui suit l’enterrement du raïs. Chez les éradicationnistes situés à l’extérieur des frontières c’est carrément la panique, ainsi, l’Iran a multiplié par 10 les primes offertes aux auteurs des assassinats collectifs et aux familles des “martyres” perpétrant des attentats-suicide. Vaine surenchère, le peuple palestinien veut vivre et les surprimes pour empêcher qu’une solution au conflit ne se mette en marche ne tentent plus grand monde.
Autre surprise, le clan des arafatiens se désagrège comme du sucre dans le thé. La plupart d’entre eux ont rejoint Mahmoud Abbas, sans risquer la moindre fausse note. Les autres, une petite minorité, réalise rapidement que la seule doctrine du leader défunt, c’était “suivez-moi partout où je vais et même en enfer” et qu’une fois le leader disparu, il ne reste pas de doctrine à suivre. Moussa Arafat, le neveu, Abou Rodeinah, le concierge perroquet de la Moukata, Cha’at et Erekat démontrent qu’ils n’existaient qu’en reflétant l’image de leur ancien patron ; il ne constituent pas une force politique digne de ce nom, même pas un groupe homogène dans les instances de l’OLP.
En occident, on se fait d’ailleurs une fausse idée de la popularité de Yasser Arafat, les images de ses funérailles étaient en fait trompeuses. Le nombre de personnes qui avaient fait le déplacement de Ramallah, 80 000 environ, était faible, proportionnellement aux obsèques d’autres grands leaders arabes et aux 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie. A Naplouse, par exemple, la capitale de l’extrémisme en Cisjordanie, on avait loué 50 autobus afin d’emmener les gens vers la commanderie de Ramallah. On en a rempli 3. On a tenté d’organiser un cortège funéraire simulé mais on dut rapidement abandonner cette idée, il n’y avait personne pour suivre le convoi. Etrangement, il semble que Yasser Arafat était plus populaire à Paris que dans son pays.
Dans l’attente des élections, les contacts entre les cabinets Abbas et Sharon se déroulent dans la discrétion mais, dans la région ça n’est un secret pour personne, le courant passe bien entre les deux hommes. A l’abri des regards, la coopération entre les deux appareils est dense, significative et continue. On travaille à s’accorder sur les conditions de la relance de la Carte Routière. Ce sera annoncé dans les dix minutes suivant la proclamation de l’élection de Mahmoud Abbas et cela concerne la fin de l’incitation à la haine des Israéliens dans les médias palestiniens ainsi que dans nos écoles, la récupération des armes aux mains des groupes terroristes ainsi que des gestes majeurs de la part du gouvernement Sharon. On n’épiloguera pas afin de ne déranger personne.
La coordination entre Jérusalem et Ramallah est bien engagée et on n’aura pas à attendre le 9 janvier pour en voir les signes. Les choses se passent, à la demande de messieurs Abbas et Qoreï, de la manière suivante : 1) Les deux bureaux ont renouvelé leur collaboration sécuritaire ainsi qu’au niveau du renseignement. 2) Le gouvernement israélien est prié de ne “pas faire la cour” au cabinet palestinien de transition et de ne pas “faire preuve d’activisme, même en sa faveur”. Mahmoud Abbas a ainsi demandé à Ariel Sharon : “S’il vous plaît, ne nous aidez que lorsque nous vous le demandons spécifiquement et, par exemple, répondez positivement à nos requêtes concernant l’organisation de nos élections”.
Si fait ! Non seulement le Premier ministre israélien a-t-il assuré son homologue de son soutien total dans la mise sur pieds de cette consultation, y compris des retraits massifs de ses troupes des zones urbaines et une participation logistique de première importance, encore a-t-il publiquement contredit Sylvan Shalom afin d’accéder à une demande de Abbas. Shalom, le Ministre israélien des Affaires Etrangères, avait annoncé voici quelques jours que les résidents palestiniens de Jérusalem-Est ne pourraient pas participer au scrutin. Le soir même, Abou Mazen appelait Sharon pour se plaindre et le lendemain, le premier des Hébreux annonçait que les affirmations de Sylvan Shalom n’engageaient pas son gouvernement et que les Palestiniens de Jérusalem pourraient voter.
Ces derniers jours, le suspens entourait l’éventualité de la candidature aux élections contre Mahmoud Abbas de l’ancien chef des Tanzim, Marouan Barghouti, détenu pour 5 peines de prisons à vie, pour l’assassinat de 5 Israéliens. A nouveau, la Moukata a appelé Sharon, lui demandant de ne pas s’immiscer dans le jeu démocratique en vue de la consultation palestinienne et de laisser Barghouti recevoir des visiteurs afin de faire connaître sa décision. On sait, à la Ména, que le conseil israélien pour la sécurité nationale, sorte d’organe consultatif pour leur Premier ministre sur les questions sécuritaires, s’est opposé à la demande des chefs de l’Autorité. Pourtant Ariel Sharon est passé outre et il a autorisé les visites au centre de détention, près de Beer Sheba, dans lequel le Tanzim est incarcéré. Même Kadoura Farès, l’aide de Barghouti, qui s’est déclaré vendredi soir en faveur de la poursuite de l’Intifada, a pu s’entretenir librement et sans témoins avec son chef de file. Lors de la conférence de presse qu’il tenait, Farès a en outre informé de la décision de Barghouti de ne pas se présenter aux élections et d’apporter son soutien à la candidature de monsieur Abbas. C’est un autre signe de notre nouvelle maturité : On aurait pu laisser voter pour un homme emprisonné et même, qui sait ?, le faire élire. C’aurait sans aucun doute été le choix au temps où la politique palestinienne n’était que propagande. Mais cela n’aurait pas fait libérer Barghouti et le choix d’avoir un président incarcéré, incapable de gérer le destin de notre peuple, a été rejeté par la quasi unanimité des membres des instances du Fatah. Assez de miser sur un avenir très hypothétique à retardement. Nous voulons des actes significatifs maintenant, faire cesser notre sabordement, la misère et l’occupation.
Au plan diplomatique, des voix s’élèvent de la Moukata de Ramallah contre la France et les dispositions pro Souha qu’elle a prises. Le conseiller qui me parle se demande à haute voix pourquoi a-t-on laissé partir Arafat pour un traitement inutile à Paris, alors que les excellents médecins palestiniens et arabes qui entouraient le malade à Ramallah connaissaient parfaitement son état ainsi que le déroulement inéluctable de son mal. On s’est fait avoir, admet le conseiller d’Ahmed Qoreï, si le Vieux était décédé ici, on saurait de quoi il est mort et on aurait pu récupérer une plus grande partie de l’argent qui n’appartient qu’au peuple palestinien. “Et puis”, continue mon interlocuteur, “il existe un contraste choquant entre les honneurs que la France a rendus à monsieur Arafat et la tiédeur de son engagement aux côtés des nouveaux dirigeants démocratiques de Palestine. C’est maintenant qu’il faudrait voir Barnier à la Moukata… et même Chirac”, conclut le locuteur, “au moment où la Palestine démocratique et la paix ont une chance réelle et qu’elles ont besoin du support symbolique du monde libre. Je crains que Paris ne manque un nouveau rendez-vous crucial”.
Et, pour conclure cet article, je vous annonce la prochaine visite de Mahmoud Abbas à Damas. Il y arrivera, fort d’une coordination totale avec la Maison Blanche, en position de force pour exiger de Béchar el-Assad qu’il cesse d’abriter les états-majors des organisations terroristes. Le futur président élu de l’Autorité Palestinienne dira au président de l’oligarchie alaouite, qu’il s’agit d’une exigence de la communauté internationale et d’une condition sine qua none, si Béchar entend éviter les très lourdes sanctions prévues, au Conseil de Sécurité, au printemps.
Les choses ont l’air bien engagées pour une fois. J’ai, à titre très égoïste, le privilège, que je n’avais jamais connu jusqu’à maintenant, d’être gouverné par quelqu’un de respectable, d’honnête, avec lequel je ne me connais pas de divergences de vues fondamentales. Tout ce qui pourrait tout faire rater c’est un attentat contre la personne d’Abou Mazen et croyez-moi que les éradicationnistes, en roue libre, y pensent si fort, que je les entends penser.
Metula News Agency, 29/11/2004.
Lorsqu’une situation est simple, ceux qui en font un dessin compliqué sont vraisemblablement poussés par des intérêts néfastes. Ces jours, dans le microcosme de la politique palestinienne, les choses sont on ne peut plus claires : On a, d’un côté, ceux qui sont favorables à la solution des deux Etats séparés pour deux peuples distincts et de l’autre, les partisans de la poursuite de l’Intifada, soit la tentative d’éradiquer le puissant voisin israélien, avec tous les aléas que cela comporte. Il n’existe pas de troisième tendance et tous les Palestiniens que je connais, mais aussi tous les responsables politiques et les éditorialistes s’exprimant à propos notre conflit, en Palestine et ailleurs, se sont rangés derrière l’un des deux courants.
Les tenants du premier de ces courants, ceux que l’on appelle les “pragmatiques”, désirent bâtir, le plus rapidement possible, notre Etat en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Un Etat qui vivra en bon entendement avec ses adversaires d’aujourd’hui. Et les pragmatiques savent fort bien quelles sont les corrections nécessaires, à appliquer urbi et orbi, afin que notre société devienne vivable et que les conditions d’un voisinage pacifique puissent prévaloir.
Les circonlocutions ambivalentes n’ont plus cours à la Moukata de Ramallah, elles ont rapidement disparu en même temps que celui qui en était l’expert absolu. L’équipe Abbas, qui jouit d’un soutien majoritaire conséquent au sein de l’OLP, a établi un programme détaillé pour faire bouger les choses. Un programme, enfin ! Elle s’active, cette équipe, à préparer les réformes, à reconstruire des liens stratégiques fiables avec tous les gouvernements et les services étrangers qui pourront l’aider dans sa tâche. Elle renforce son dispositif sécuritaire, fortifie les canaux de commandement et en évince les partisans du “porte-avions”, qu’Arafat avait nommés afin de s’assurer que toute initiative en vue de juguler la terreur soit tuée dans l’œuf. Abbas et Qoreï préparent par ailleurs d’arrache-pied un projet en vue d’établir d’authentiques institutions en Palestine, prémices obligées d’un futur Etat. Tout sera prêt, pour qu’au lendemain des élections prévues le 9 janvier, la construction de l’Etat de Palestine débute efficacement.
Face à eux, les mouvements terroristes, une partie des jeunes du Fatah ainsi que les arafatiens orthodoxes. La surprise consiste à remarquer à quel point l’influence de ces éradicationnistes s’est marginalisée depuis le décès d’Abou Ammar. Sans lui, sans son soutien moral, politique et financier, ces extrémistes ont désormais des allures de tigres en papier, à tel point qu’aucune de ces organisations ne présentera de candidat au verdict des urnes. Mais ça n’est pas tout ce que la mort d’Arafat a généré. Bien entendu, il faut également prendre en compte les arrestations et les éliminations ciblées opérées par l’armée israélienne nuit après nuit ; elles ont littéralement décapité ces organisations et réduit leur marge de manœuvre à presque rien. Mais il y a plus significatif encore : La population semble comme libérée du délire d’Arafat, elle souffle et elle aspire à une paix négociée. La distance entre l’homme de la rue et les éradicationnistes est soudain devenue énorme, si bien que le Hamas, le Jihad et autres FPLP et Tanzim ne trouvent presque plus de candidats au sacrifice, ce qui explique le calme inhabituel qui suit l’enterrement du raïs. Chez les éradicationnistes situés à l’extérieur des frontières c’est carrément la panique, ainsi, l’Iran a multiplié par 10 les primes offertes aux auteurs des assassinats collectifs et aux familles des “martyres” perpétrant des attentats-suicide. Vaine surenchère, le peuple palestinien veut vivre et les surprimes pour empêcher qu’une solution au conflit ne se mette en marche ne tentent plus grand monde.
Autre surprise, le clan des arafatiens se désagrège comme du sucre dans le thé. La plupart d’entre eux ont rejoint Mahmoud Abbas, sans risquer la moindre fausse note. Les autres, une petite minorité, réalise rapidement que la seule doctrine du leader défunt, c’était “suivez-moi partout où je vais et même en enfer” et qu’une fois le leader disparu, il ne reste pas de doctrine à suivre. Moussa Arafat, le neveu, Abou Rodeinah, le concierge perroquet de la Moukata, Cha’at et Erekat démontrent qu’ils n’existaient qu’en reflétant l’image de leur ancien patron ; il ne constituent pas une force politique digne de ce nom, même pas un groupe homogène dans les instances de l’OLP.
En occident, on se fait d’ailleurs une fausse idée de la popularité de Yasser Arafat, les images de ses funérailles étaient en fait trompeuses. Le nombre de personnes qui avaient fait le déplacement de Ramallah, 80 000 environ, était faible, proportionnellement aux obsèques d’autres grands leaders arabes et aux 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie. A Naplouse, par exemple, la capitale de l’extrémisme en Cisjordanie, on avait loué 50 autobus afin d’emmener les gens vers la commanderie de Ramallah. On en a rempli 3. On a tenté d’organiser un cortège funéraire simulé mais on dut rapidement abandonner cette idée, il n’y avait personne pour suivre le convoi. Etrangement, il semble que Yasser Arafat était plus populaire à Paris que dans son pays.
Dans l’attente des élections, les contacts entre les cabinets Abbas et Sharon se déroulent dans la discrétion mais, dans la région ça n’est un secret pour personne, le courant passe bien entre les deux hommes. A l’abri des regards, la coopération entre les deux appareils est dense, significative et continue. On travaille à s’accorder sur les conditions de la relance de la Carte Routière. Ce sera annoncé dans les dix minutes suivant la proclamation de l’élection de Mahmoud Abbas et cela concerne la fin de l’incitation à la haine des Israéliens dans les médias palestiniens ainsi que dans nos écoles, la récupération des armes aux mains des groupes terroristes ainsi que des gestes majeurs de la part du gouvernement Sharon. On n’épiloguera pas afin de ne déranger personne.
La coordination entre Jérusalem et Ramallah est bien engagée et on n’aura pas à attendre le 9 janvier pour en voir les signes. Les choses se passent, à la demande de messieurs Abbas et Qoreï, de la manière suivante : 1) Les deux bureaux ont renouvelé leur collaboration sécuritaire ainsi qu’au niveau du renseignement. 2) Le gouvernement israélien est prié de ne “pas faire la cour” au cabinet palestinien de transition et de ne pas “faire preuve d’activisme, même en sa faveur”. Mahmoud Abbas a ainsi demandé à Ariel Sharon : “S’il vous plaît, ne nous aidez que lorsque nous vous le demandons spécifiquement et, par exemple, répondez positivement à nos requêtes concernant l’organisation de nos élections”.
Si fait ! Non seulement le Premier ministre israélien a-t-il assuré son homologue de son soutien total dans la mise sur pieds de cette consultation, y compris des retraits massifs de ses troupes des zones urbaines et une participation logistique de première importance, encore a-t-il publiquement contredit Sylvan Shalom afin d’accéder à une demande de Abbas. Shalom, le Ministre israélien des Affaires Etrangères, avait annoncé voici quelques jours que les résidents palestiniens de Jérusalem-Est ne pourraient pas participer au scrutin. Le soir même, Abou Mazen appelait Sharon pour se plaindre et le lendemain, le premier des Hébreux annonçait que les affirmations de Sylvan Shalom n’engageaient pas son gouvernement et que les Palestiniens de Jérusalem pourraient voter.
Ces derniers jours, le suspens entourait l’éventualité de la candidature aux élections contre Mahmoud Abbas de l’ancien chef des Tanzim, Marouan Barghouti, détenu pour 5 peines de prisons à vie, pour l’assassinat de 5 Israéliens. A nouveau, la Moukata a appelé Sharon, lui demandant de ne pas s’immiscer dans le jeu démocratique en vue de la consultation palestinienne et de laisser Barghouti recevoir des visiteurs afin de faire connaître sa décision. On sait, à la Ména, que le conseil israélien pour la sécurité nationale, sorte d’organe consultatif pour leur Premier ministre sur les questions sécuritaires, s’est opposé à la demande des chefs de l’Autorité. Pourtant Ariel Sharon est passé outre et il a autorisé les visites au centre de détention, près de Beer Sheba, dans lequel le Tanzim est incarcéré. Même Kadoura Farès, l’aide de Barghouti, qui s’est déclaré vendredi soir en faveur de la poursuite de l’Intifada, a pu s’entretenir librement et sans témoins avec son chef de file. Lors de la conférence de presse qu’il tenait, Farès a en outre informé de la décision de Barghouti de ne pas se présenter aux élections et d’apporter son soutien à la candidature de monsieur Abbas. C’est un autre signe de notre nouvelle maturité : On aurait pu laisser voter pour un homme emprisonné et même, qui sait ?, le faire élire. C’aurait sans aucun doute été le choix au temps où la politique palestinienne n’était que propagande. Mais cela n’aurait pas fait libérer Barghouti et le choix d’avoir un président incarcéré, incapable de gérer le destin de notre peuple, a été rejeté par la quasi unanimité des membres des instances du Fatah. Assez de miser sur un avenir très hypothétique à retardement. Nous voulons des actes significatifs maintenant, faire cesser notre sabordement, la misère et l’occupation.
Au plan diplomatique, des voix s’élèvent de la Moukata de Ramallah contre la France et les dispositions pro Souha qu’elle a prises. Le conseiller qui me parle se demande à haute voix pourquoi a-t-on laissé partir Arafat pour un traitement inutile à Paris, alors que les excellents médecins palestiniens et arabes qui entouraient le malade à Ramallah connaissaient parfaitement son état ainsi que le déroulement inéluctable de son mal. On s’est fait avoir, admet le conseiller d’Ahmed Qoreï, si le Vieux était décédé ici, on saurait de quoi il est mort et on aurait pu récupérer une plus grande partie de l’argent qui n’appartient qu’au peuple palestinien. “Et puis”, continue mon interlocuteur, “il existe un contraste choquant entre les honneurs que la France a rendus à monsieur Arafat et la tiédeur de son engagement aux côtés des nouveaux dirigeants démocratiques de Palestine. C’est maintenant qu’il faudrait voir Barnier à la Moukata… et même Chirac”, conclut le locuteur, “au moment où la Palestine démocratique et la paix ont une chance réelle et qu’elles ont besoin du support symbolique du monde libre. Je crains que Paris ne manque un nouveau rendez-vous crucial”.
Et, pour conclure cet article, je vous annonce la prochaine visite de Mahmoud Abbas à Damas. Il y arrivera, fort d’une coordination totale avec la Maison Blanche, en position de force pour exiger de Béchar el-Assad qu’il cesse d’abriter les états-majors des organisations terroristes. Le futur président élu de l’Autorité Palestinienne dira au président de l’oligarchie alaouite, qu’il s’agit d’une exigence de la communauté internationale et d’une condition sine qua none, si Béchar entend éviter les très lourdes sanctions prévues, au Conseil de Sécurité, au printemps.
Les choses ont l’air bien engagées pour une fois. J’ai, à titre très égoïste, le privilège, que je n’avais jamais connu jusqu’à maintenant, d’être gouverné par quelqu’un de respectable, d’honnête, avec lequel je ne me connais pas de divergences de vues fondamentales. Tout ce qui pourrait tout faire rater c’est un attentat contre la personne d’Abou Mazen et croyez-moi que les éradicationnistes, en roue libre, y pensent si fort, que je les entends penser.
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