Sunday, December 26, 2004

Ivan Rioufol.— Nadal amenaçat

Le Figaro, 24/12/2004.

Le sapin de Noël, symbole menacé ?

C’est l’histoire d’un sapin de Noël. Comme chaque année, la gardienne d’origine tunisienne du lycée Van Dongen de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) l’avait installé et décoré dans le hall. Mais, cette fois, il a été retiré à la demande d’une poignée d’élèves, au nom de la laïcité. Le proviseur a expliqué avoir «peiné à convaincre» les contestataires, qu’il refuse de désigner plus précisément. Toutefois, devant la protestation de la majorité des lycéens, l’arbuste a été réintroduit subrepticement jeudi dernier, dans le réfectoire. Seuls les demi-pensionnaires peuvent le voir.

S’arrêter sur cet épisode. Il révèle le terrorisme que peut exercer, au coeur de l’école, une minorité hostile aux traditions françaises. Il dévoile, surtout, la lâcheté de la communauté éducative, qui feint de ne pas saisir les vraies motivations des plaignants et n’ose défendre notre patrimoine culturel. Après avoir réinstallé l’arbre plus discrètement, elle s’est justifiée ainsi : «L’utilisation du sapin comme symbole de vie et de renaissance, après le solstice d’hiver, est bien plus ancienne que le christianisme.»

Nous y voilà. La présence d’un sapin de Noël dans un lycée a pu être assimilée à une violation de la loi sur l’interdiction des signes religieux ostensibles, au même titre que le voile islamique. Et ni le proviseur ni sa hiérarchie n’ont dénoncé cette provocation. Pis, en se montrant honteuse de la signification liée à ce décor festif, l’Éducation nationale s’est prêtée à une idéologie cherchant à faire table rase du passé. L’école interdira-t-elle demain les «joyeux Noël» dans les cours de récréation, si des militants l’exigent ?

En début d’année, un professeur d’histoire, Louis Chagnon, s’était vu reprocher par des élèves musulmans et leurs parents un cours «non correct» sur Mahomet, chef de guerre. Un inspecteur pédagogique avait notamment sanctionné chez l’enseignant — soutenu depuis par de nombreux lecteurs scandalisés — une conception «qui n’aurait pour finalité que de donner “la mémoire collective aux élèves” et le sentiment d’appartenir à une collectivité, les Français, les Occidentaux». Chagnon, coupable d’avoir voulu transmettre une identité européenne.

Depuis, les capitulations s’accumulent, au nom d’une laïcité instrumentalisée. Tel professeur ne fait plus chanter «Au clair de la lune» pour n’avoir pas à faire dire : «Prête-moi ta plume pour l’amour de Dieu». A Coudekerque-Branche (Nord), les enseignants des écoles maternelles ont refusé, ces jours derniers, de distribuer aux enfants les traditionnels chocolats de la Saint-Nicolas, représenté avec sa mitre et son missel. En Grande-Bretagne, un quart des écoles ont renoncé aux cantiques de Noël et la Croix-Rouge ne vend plus ses calendriers représentant Marie et Joseph.

Cette histoire de sapin n’est pas seulement anecdotique. Elle s’inscrit dans une «christianophobie» occultée, portée par un intégrisme laïque faisant parfois le jeu de l’intégrisme islamique et de sa haine contre l’Occident. Le week-end dernier, un Père Noël a été agressé par des «jeunes» dans le centre d’Alès (Gard). Pour qui sonne le glas ?

Haro sur la culture

Une tentative de déculturation de la société est en marche. Et une résistance s’impose si l’on ne veut pas entendre, demain, de nouveaux maîtres dénoncer, en France, le Nouvel An comme étant contraire aux valeurs musulmanes ou exiger, au nom de la laïcité des lieux publics, que l’on nomme autrement la gare Saint-Lazare, la station Saint-Ouen, la rue Saint-Honoré, la basilique Notre-Dame. A quand la pétition exigeant la mise au musée des calvaires bretons ou l’interdiction de diffuser les oeuvres de Jean-Sébastien Bach ?

Déjà, en Grande-Bretagne, un mouvement d’opinion réclame le respect des traditions chrétiennes, mises à mal par le «politiquement correct» qui a poussé Tony Blair à imprimer cette année des cartes de voeux destinées aux non-chrétiens en omettant Noël. En Italie, la Cour constitutionnelle vient de rétablir les crucifix dans les écoles, après qu’un tribunal eut ordonné le retrait d’une croix dans un établissement, après la plainte d’un parent d’élève musulman. Aux États-Unis, le «joyeux Noël» est réhabilité.

Les Français ont montré, cette année, qu’ils savaient discerner le danger intégriste sur leur propre sol, en s’opposant au voile à l’école, en affirmant leurs propres croyances, en interdisant la chaîne antisémite al-Manar ou en observant avec perplexité la «laïcité» turque, qui rend obligatoire l’enseignement de l’islam sunnite dans les écoles publiques. La justice, elle, rappelle à quel point la violence habite des fondamentalistes, tels ceux qui projetaient un attentat contre le marché de Noël de Strasbourg, en 2000, et qui viennent d’être condamnés à Paris.

Néanmoins une haine de soi, alimentée par un matraquage obligeant à la repentance, a culpabilisé une partie de la société. Elle hésite à défendre ses valeurs, de peur d’apparaître «traditionaliste» aux yeux de la bien pensance. C’est Gustave Le Bon qui remarquait, en 1895 (1) : «La puissance des mots est si grande qu’il suffit de termes bien choisis pour accepter les choses les plus odieuses.» C’est ainsi que la liberté, l’égalité et la fraternité ont justifié jadis la Terreur et le despotisme. Aujourd’hui, le respect de l’autre, l’antiracisme et les droits de l’homme autorisent l’islamisme totalitaire à réclamer sa place. En prendre conscience et s’y opposer.

Monday, December 20, 2004

Irshad Manji.— “Alá me hizo lesbiana, ¡y eso es maravilloso!”

Irshad Manji: “Alá me hizo lesbiana, ¡y eso es maravilloso!”
Entrevista de Víctor-M. Amela, La Vanguardia, 17/12/2004.

Tengo 36 años. Nací en Uganda y emigré a Canadá siendo niña. Soy periodista: durante años conduje un canal para homosexuales, Queer TV. Soy lesbiana: mi pareja de hecho se llama Michelle. No tengo hijos. ¿Política? ¡Derechos humanos! Soy musulmana: creo en un Alá compasivo, no en el intolerante que hoy propone el islam dominante.


Su familia no tenía la piel lo bastante oscura, y eso les obligó a huir de Uganda cuando Idi Amin Dada se erigió en tirano panafricanista. Ella tenía sólo cuatro añitos cuando arribaron a Canadá. Irshad bendice hoy al dictador africano: “¡Gracias a él caí en un mundo que me contaminó de libertad de pensamiento, democracia, preguntas, dudas...!”. Dudas incluso acerca de su religión, el islam. Así, en Canadá pudo su personalidad desarrollar todas sus potencias, intelectuales y sexuales... “De no haber salido de Uganda —me dice— hoy sería una de las varias mujeres de un hombre que me pegaría y para el que habría parido varios hijos...”. Irshad explica su vida de chica rebelde en Mis dilemas con el islam (Maeva), también en catalán en Els problemes de l’islam (Proa).


—¿Por qué es usted musulmana?

—Nací en una familia musulmana y fui educada en esa fe. Y la conservo. No soy tan devota como lo es mi maravillosa madre..., pero siempre he creído en Dios.


—En Alá.

Alá es una palabra árabe que significa el Dios, el Dios único. Mahoma está aludiendo al Dios único de judíos y cristianos.


—Judaísmo, cristianismo, islamismo: las tres religiones monoteístas.

—Con un mismo Dios. ¡Es triste que esto no se explique a los niños musulmanes, o que árabes y judíos descienden de Abraham!


—No crea que los niños cristianos lo saben.

—Pero hay una diferencia enorme entre el cristianismo actual y el islam actual...


—¿Cuál?

—Para el islam actual, el Corán es la palabra literal de Dios, y la última palabra, la definitiva. Y, por tanto, nos dicen que el Corán es intraducible, perfecto, superior. Se nos educa en la supremacía del islam: este complejo de superioridad impide que en el islam haya musulmanes moderados. Pero sí hay cristianos moderados o judíos moderados.


—O sea, que el islam permite una sola y única forma de ser musulmán. ¿Es eso?

—Sí. Muchos judíos y cristianos leéis vuestros textos sagrados como una guía, no de un modo literal. Pero si en el islam intentas tu propia lectura moderada del Corán..., te expones a represalias físicas, a la fatua...


—¿Le ha pasado eso a usted?

—He recibido amenazas e insultos por traidora, incluido el peor de todos: ¡judía! ¡Éste es el máximo insulto para los musulmanes en estos tiempos!


—¿Qué ha hecho usted para provocarles?

—Sólo leer el Corán y ser musulmana.


—¿Y qué ha encontrado en el Corán?

—Que lejos de ser claro y tajante, lejos de ser un monolito perfecto, el Corán está lleno de lagunas, es ambiguo, confuso y contradictorio. ¡Y a mí eso me parece maravilloso, no lo veo motivo para avergonzarse!


—Pero el Corán justifica la yihad,¿no?

—¿La llamada guerra santa? “¡Que no haya obligación en la religión!”, proclama el Corán. Y añade: “Quien mata a un ser humano debe ser considerado como si hubiera matado a toda la humanidad”.


—¡El Corán es pacifista, pues!

—¡Alto! A esta prohibición de matar, el Corán le admite una excepción...


—¿Cuál?

—Si matas “como castigo por asesinato u otra maldad”. Es terrible que el islam, hoy, haya optado por edificarse sobre esta excepción: es la que arropa a todos los Bin Laden, a los que deciden matar en nombre de Alá.


—Ellos deciden que el islam es esto..., ¿o es que quizá nunca ha habido otro islam?

—Sí lo hubo: hubo una tradición de tolerancia en el islam, como la del andalusí Averroes, una tradición llamada ijtihad.


—¿Ijtihad? ¿Y en qué consiste?

—Admite el uso del libre albedrío, la dialéctica, las preguntas, el debate... Se admite la ambigüedad alegórica del Corán y la posibilidad que abre de ser interpretado con la razón libre, sin encadenarse a su literalidad.


—Este islam ¿fue mayoritario alguna vez?

—Entre el 750 y 1250 d.C.: ¡justamente la edad de oro del islam! Entonces traducíamos a los griegos, debatíamos intelectualmente con hebreos y cristianos... ¡Entonces el islam era cabeza del espíritu investigador!


—Averroes, por cierto, era andalusí, ¿no?

—Sí. La libertad de Al Andalus asustó en Bagdad, que impuso la unidad política... Y eso, al final, derivó en unidad de criterio.


—¿Y qué criterio se impuso?

—El árabe. ¡El islam padece un imperialismo cultural árabe!: una tradición tribal en la que el individuo no cuenta ante el honor de la tribu, acaudillada por un jeque patriarcal.


—¿Y qué propone usted para el islam?

—Que se libere de ese yugo totalitario. ¡Debemos reformar el islam!


—La veo a usted como la Lutero del islam...

—Sólo digo lo que Mahoma dijo: que el islam es como nos comportamos los musulmanes. Y yo soy mujer, soy lesbiana y soy musulmana, así que... ¡esto es el islam!


—¿Los suyos no han intentado lapidarla?

—Trabajé en Queer TV, canal de televisión para homosexuales, y emití una lapidación de una chica lesbiana en Irán, para debatir. Llamaron musulmanes para insultarnos por “cerdos”, “perros” y “judíos”..., ¡pero ninguno llamó para denunciar la lapidación!


—¿Qué dice el Corán de los homosexuales?

—Es contradictorio. Pero hay una cosa que sí dice claro: que todo lo creado por Alá es maravilloso. ¡Y Alá me ha creado lesbiana, así que esto es maravilloso!


—También Alá ha creado a asesinos...

—Es muy diferente: el asesino ejerce su voluntad individual, porque puede asesinar o no..., y elige asesinar. ¡Pero yo nací así!


—¿Y qué dice su devota madre de eso?

—Me quiere tanto, tanto..., ¡que me quiere como soy! Es una madre maravillosa. Y muy valiente: ella tiene que soportar miradas y comentarios cada vez que va a la mezquita...


—La mujer en el islam lo tiene mal, encima.

Alá no tiene género, no es hombre ni mujer. ¡La mujer tuvo un lugar deferente en aquella otra época del islam! Porque la actual misoginia islámica no deriva del Corán, sino del tribalismo árabe: ¡eso es lo incompatible con la democracia, no el Corán!


—Quizá sería más cómodo dejar el islam...

—¡No!: la religión es enriquecedora... si la alejas del fundamentalismo. ¡Y yo tengo fe!


—Pues que tenga también mucha suerte...

—Yo insistiré. A mi madre le digo: “Mamá, no te confundas: que un imán esté enfadado no significa que Dios esté enfadado...”

Thursday, December 16, 2004

Irshad Manji.— Per un islam sense autòmats

Irshad Manji: “Sempre he volgut trencar el silenci de l’islam”
Entrevista de Núria Navarro, El Periódico, 15/12/2004.

Kampala (Uganda), 1968. Resideix al Canadà. Periodista, escriptora i productora de TV. Lesbiana, feminista i lliurepensadora, invita els musulmans a exercir l’autocrítica.

Una fàtua penja sobre el seu cap. Irshad Manji és musulmana, però es nega a unir-se “a l’exèrcit d’autòmats en nom d’Al.là”. I a sobre, des de les pàgines d’Els problemes de l’islam (Proa) proposa als seus germans unir-se a una reforma de la seva religió a fons, des de dins.

—La policia li va recomanar que blindés els vidres de casa seva.
—¡I els vaig fer cas! També em van recomanar un guardaespatlles. En vaig tenir durant els primers mesos de la promoció del llibre, però vaig decidir deixar-lo. Si vull tenir legitimitat quan parlo als joves musulmans, no puc tenir un goril.la al darrere. Haig de viure donant exemple.

—Els té ben posats, senyoreta.
—No tinc por de la mort, però tampoc la busco. Quan m’entrevisten els mitjans islamistes, els dic: “Sé que molts de vostès em volen morta, fins i tot alguns voldrien tenir l’honor de matar-me, però abans d’intentar-ho, deixin-me que els pregunti una cosa: ‘¿No els sembla que això reforçaria el meu punt de vista sobre la intolerància en l’islam?’”. Això em protegeix. Segueixo viva.

—Vostè és la pedra a la sabata.
—Davant la violació dels drets fonamentals de les dones i de les religions minoritàries en nom d’Al.là, vaig tenir problemes de consciència. I no vaig poder callar. Visc en un costat del món on tinc la llibertat de preguntar. I aquesta llibertat és un regal que no tenen milions de musulmans. ¿Com m’hi haig de girar d’esquena? Però hi ha una altra raó.

—Endavant.
—És la meva obligació cap als altres joves musulmans. Abans de l’11-S, a l’acabar les meves conferències als EUA i el Canadà, ja em venien a veure i em deien: “Necessitem veus com la teva per obrir la nostra religió, perquè si no permetem que hi entri oxigen, la deixem”. Havia d’utilitzar el meu cervell en una cosa positiva.

—¡Pretén fer el que han fet 20 concilis en 20 segles!
—Des de la publicació del meu llibre, he trobat suficients musulmans per muntar l’Institut per al Pensament Independent de l’Islam. ¡No ho hauria somiat mai!

—És dona, lesbiana i lliurepensadora. ¿Què molesta més a l’islam?
—¡Les tres coses són terribles! Però l’atac dels islamistes més irats no va contra la meva orientació sexual o el meu feminisme. La seva acusació favorita és: “Com que pensa lliurement, és una jueva, una empleada del Mossad”.

—¿I ho és?
—(Riu) Jo els dic que sí, però que ara estic en excedència.

—Bé... Es defineix com una refusenik musulmana.
—Provoco, però d’una manera constructiva. Gran part del llibre se centra en les coses positives de l’islam. I entre elles hi ha la d’haver tingut una tradició de pensament crític anomenada ijtihad, que va permetre als musulmans ser a l’avantguarda, donar al món el cafè moca, la guitarra i fins i tot l’expressió espanyola olé...

—Si pogués canviar només una cosa de l’islam, ¿quina seria?
—Voldria veure les dones musulmanes tenir poder econòmic. Amb microcrèdits, podrien construir els seus negocis i utilitzar els recursos per formar-se. També m’agradaria potenciar el coneixement dels rols femenins forts de l’islam.

—Per exemple.
—La primera dona de Mahoma, Kadija, era una senyora rica que tenia 15 anys més que el profeta. Va ser el seu cap durant anys. Així que ser un bon musulmà no és només deixar-se créixer la barba, sinó aprendre a treballar per a les dones.

—¿La revolució musulmana ha de ser guiada per les dones?
—Sí, perquè elles són les responsables de les seves famílies. Quan els canviï la vida, canviarà la vida del grup. A més a més, són les que menys hi perden i les que més hi poden guanyar.

—¿Per què l’islam no és polifònic?
—Les veus crítiques callen per por de ser perseguides. A l’islam avui domina la literalitat. S’ensenya que l’Alcorà és la paraula última de Déu. Per tant, si és la manifestació perfecta de Déu, ¿com es pot qüestionar? I aquesta supremacia talla d’arrel el pensament crític.

—No és el seu cas.
—Jo em vaig oposar a l’autoritarisme del meu pare, em van fer fora de la madrassa (escola alcorànica) per fer massa preguntes i em vaig enfrontar als líders de la mesquita. Sempre he volgut trencar el silenci de l’islam. Però no pretenc una venjança, sinó una distinció entre fe i dogma.

—Marqui-la.
—A la fe no li fan por les preguntes, al dogma sí, perquè s’hi sent insegur. Quan em trobo musulmans rabiosos els pregunto: “¿Teniu fe o sou dogmàtics?” ¡Molts no havien sentit parlar mai d’aquesta distinció!

Monday, December 13, 2004

Esteba.— La rebel.lió de les bases

Miquel Esteba: La rebel.lió de les bases
El Punt, 13/11/2004.

El proper 20 de febrer estem cridats a votar el tractat entre estats mal anomenat Constitució i la reacció de l’electorat pot ser, com és normal, votar sí, votar no, abstenir-se, o votar en blanc. És presumible una gran abstenció en consonància amb la poca participació dels comicis al Parlament Europeu que els partits polítics han suscitat fins al dia d’avui. També ho és que el sí se l’emporti clarament atesa la massiva campanya institucional a tots els nivells. Però aquesta consulta és diferent perquè ben segur que una de les raons d’ella mateixa és la de somoure l’electorat (l’opinió pública) del seu sopor habitual davant temes que no li mereixen l’atenció d’una manera especial, ja que el nivell europeu mai ha seduït fins ara com ho han fet el municipal, l’autonòmic o l’estatal. El votant té raó, perquè qui coneix els eurodiputats del seu propi partit? Qui coneix la tasca que fa el parlament de Brussel·les? Fins avui, qui sap el que són el Consell d’Europa, el Consell Europeu (compte a confondre’ls)? De qui són coneguts els comissaris i el president de la comissió? I el president del Parlament? Se sap com funciona el Tribunal de Justícia a Estrasburg, la PAC...? Difícilment, perquè l’interès i la necessitat de coneixement eren mínims fins ara, atès que la tasca de divulgació només ha durat els dies de les tedioses campanyes electorals a què se’ns té acostumats. Els eurodiputats, en canvi, assumeixen el càrrec amb gran alegria pel que representa la magnífica remuneració econòmica de rigor a què tenen dret. Vaja, una espècie de golden retirement per una gestió de la qual quasi no s’ha de donar compte a ningú.

Aquesta vegada les coses són diferents. Es tracta de votar la Constitució que ha de configurar, en bona part, la nostra vida en el futur i que ha estat solemnement signada a la Sala Degli Orazi e Curiazi del Capitoli de Roma, exactament igual que el març del 1957 per part del sis primers signants del primer Tractat de Roma. Val a dir que, dels nostres germans europeus que es regiran pel mateix tractat han decidit ratificar-lo per la via referendària només deu dels vint-i-cinc, entre ells l’Estat espanyol. Els altres ho faran via parlamentària.

A hores d’ara un país ja ha ratificat la Constitució, la qual cosa vol dir que el Tractat de Tractats Constitucional, aprovat pel govern de manera solemne a Roma, si era intocable un cop aprovat en la convenció, ara encara ho serà més. Alea jacta est. En el futur, per modificar-la caldrà Déu i ajuda. Caldran majories que seran inabordables per molts països i, en especial per les nacions sense estat, com és el cas de Catalunya. Constato, que el plantejament previ a la votació ha sigut, en cada estat, en clau de política interior, ja que molts estats han procurat resoldre contenciosos en les seves polítiques institucionals i estructurals i, en aquest sentit, un cas diàfan és el de l’Estat espanyol.

L’ocasió pels centralistes és perfecta. Fixem-nos que els partits estatals, PP i PSOE, es barallen pel pressupost, pel control del poder judicial, per l’11-M, per en Chávez o per en Moratinos, etc., però no pel que és essencial per a ells, que és la consagració de la unitat de l’Estat, és a dir, el control de la perifèria com és Catalunya, el País Basc i Galícia. Els espanyols, tan poc europeus fins ara, diuen «antes una España europea que catalana, vasca o gallega», reeditant la tan coneguda de «antes una España roja que una España rota». La jugada és magnífica, impecable. Solventar els ancestrals problemes plurinacionals d’una sola tacada via europea per in aeternum.

Europa no és una entelèquia, és una magnífica realitat construïda pels estats històricament amb grans esforços, dues passes endavant i una endarrere, com en aquella famosa processó del Tirol. No podia ser d’altra manera. Entre aquests estats, des de 1986 parasitàriament, l’Estat espanyol aprofita magistralment l’aniquilament de les nacions de l’Estat sense necessitat d’«ocupar» Barcelona com periòdicament i bíblicament està manat.

Les cúpules nacionalistes que menystenen la voluntat clarament majoritària i lliurement expressada per les seves militàncies en contra del tractat, han mentit i menteixen descaradament parlant de la Constitució europea. Volen guanyar temps i donar peixet a la soferta militància amb solucions d’última hora per salvar la tremenda responsabilitat davant la història perquè ara per ara no es pot modificar res essencial. Tot era possible arreglar-ho a la convenció, no ara que tot és dat i beneït. El que es fa és, en tot cas, pura cosmètica i per això convido les militàncies nacionalistes catalanes que es rebel.lin, que facin fora la gent inepta instal.lada a les cúpules de tots els nivells. En definitiva, que tinguin el coratge de fer quelcom difícil però absolutament necessari i que protagonitzin un acte de valor tot emulant Ortega y Gasset escrivint un capítol de La rebel.lió de les bases que, si no es fa ara, es farà més endavant ineluctablement.

No s’hi valen traduccions dels tractats ni modificacions dels règims lingüístics del català. En tot cas ho encomanem a la Berlitz School, que ens ho farà millor i més barat que en Borrell, que diu que és car i que no hi ha consignació. No s’hi valen presències rotatives de les comunitats autonòmes a les decisions de la Comissió, perquè sempre serà de la mà de l’Estat espanyol que s’hi accedirà. Per al nacionalisme català és una severa garrotada, és la claudicació quasi definitiva deixant les coses a mercè de la instància estatal. Qui es fiarà d’aquest nacionalisme entregat, mer orgue del poder pel poder?

Ara els bel.licosos centralistes espanyols no caldrà que vagin a la capital de Galícia a fer l’ofrena a Santiago per la unitat d’Espanya tot entonant el Santiago y cierra España. Això sí, el botafumeiro l’hauran de traslladar a Brussel.les potser davant del Mannequen pis.

Wolfowitz.— La intervenció democràtica

Paul Wolfowitz: “A los estadounidenses les gusta saber que sus líderes son firmes”.
Entrevista de Radek Sikorski, The New York Times, 13/12/04.


Si un halcón es alguien que conoce sus ideas y las expresa con claridad, entonces Paul Wolfowitz, de 60 años, lo es. Pero en otros aspectos no se ajusta a la idea europea de un conservador estadounidense. Ha pasado gran parte de su carrera como enérgico promotor de la intervención democrática y humanitaria.

Se alineó con las naciones prisioneras del imperio soviético antes de que estuviese en boga. Posteriormente, en el Departamento de Estado de Reagan, empujó a los autócratas de Indonesia, Filipinas y Corea del Sur hacia la reforma. Como número tres del Pentágono durante la Administración de Bush, padre, ayudó a formar la coalición que expulsó a Sadam de Kuwait. Ex embajador en Indonesia y decano de la Universidad Johns Hopkins, Wolfowitz es subsecretario de Defensa.


Pregunta. ¿Cree que con la reelección de Bush se ha justificado su política?

Respuesta. Creo que se ha reivindicado el buen juicio del electorado estadounidense. Los estadounidenses entienden que se está librando una guerra y prefieren claramente a Bush como líder en esa guerra. Una de las estadísticas electorales que favorecieron tremendamente al presidente, creo que por un margen de dos a uno, es que es un líder más fuerte. La otra es que podías creerte lo que dice y que él también se lo cree. A los estadounidenses les gusta saber que sus líderes son firmes, no les gustan los dirigentes que toman decisiones basándose en las urnas. Es casi una paradoja de la democracia.


P. Ahora que han concluido las elecciones, ¿se van a acabar las contemplaciones?

R. Si se refiere a Faluya, hace tiempo que quedó claro que el experimento de abril [los comandantes estadounidenses traspasaron la tarea de acabar con la insurgencia a una nueva fuerza de soldados iraquíes] no iba a tener éxito. Pero debería saber que el presidente fue increíblemente escrupuloso en lo que respecta a tratar las consideraciones políticas independientemente de las decisiones sobre seguridad nacional. No soy político, pero imagino que el haber iniciado la ofensiva sobre Faluya el mes pasado habría ayudado al presidente en las urnas. El principal problema es que el Gobierno iraquí debería tomar el mando, y creo que ha quedado patente que al primer ministro Allawi se le está acabando la paciencia.


P. Recientemente visitó Varsovia, de donde procede su familia. [Wolfowitz nació en Nueva York. Su padre, matemático, era de Varsovia, pero emigró durante la breve independencia de Polonia]. Fue al Umschlagplatz, desde donde los nazis alemanes transportaban a los judíos a Treblinka para gasearlos, incluyendo quizá a miembros de su familia. ¿Cómo le ha afectado?

R. De forma menos dramática de lo que a la gente le gusta decir. Aunque el Holocausto es único por el modo en que lo ejecutaron los alemanes, de una forma industrial, ha habido otros genocidios. De hecho, me afectó más, en un sentido positivo, el ver la transformación de la ciudad con respecto a lo que debió de ser no sólo durante la guerra, sino durante los años del comunismo. Y fue un inmenso placer sentarme en aquel apartamento de Varsovia en un hermoso día de otoño y hablar con Jan Nowak, que es el héroe que llevó las noticias del Holocausto a Gran Bretaña y Estados Unidos. Y pensar que ninguno de nosotros hubiera soñado siquiera hace 20 años que viviría en una Varsovia libre.


P. ¿Considera que el Holocausto todavía influye en la actitud de EE UU con respecto a Oriente Próximo e Israel?

R. Lo que Sadam hizo en Irak fue claramente un genocidio. Y por diversos motivos, el mundo miró hacia otro lado. Jan Nowak hizo una observación al respecto: cuando, más tarde, consultó los archivos y vio las notas de sus conversaciones en Londres y Washington a principios de los años cuarenta no se mencionó el tema de la exterminación de los judíos, aunque lo había subrayado. Le pregunté: “¿A qué lo atribuye?” Él me respondió: “Incomodidades en tiempos de guerra.” Era un hecho incómodo y la gente no quería saber, al igual que no quería saber nada sobre Srebrenica. Cuando se inauguró el monumento en Srebrenica, algunos decían: “Si lo hubiéramos sabido.” Bueno, el mundo lo sabía. Durante tres años, el mundo lo supo, y aun así los bosnios no recibieron armas y no se afrontó el conflicto.

Recuerdo haber discutido con gente que estaba a favor del embargo armamentístico en Bosnia en 1992, diciendo que les parecía inmoral, pero dejaban de lado el asunto. Si insistimos en que los bosnios no pueden defenderse, entonces, antes o después, iremos a protegerlos. Eso es lo que ocurrió. Afganistán es todo un éxito, porque dimos poder a los afganos. Y me parece que ayudar a la gente a defenderse es un buen principio estratégico. Creo que algún día Afganistán e Irak contribuirán en gran medida al progreso que Oriente Próximo tanto necesita.


P. Como usted dice, EE UU ha logrado sus mayores éxitos cuando ha investido de poder a sus amigos para hacer lo que querían. ¿Por qué no hicieron eso en Irak? ¿Por qué no podíamos conseguir que los iraquíes liberaran Bagdad, ganando credibilidad al derrocar a Sadam y convirtiéndose luego en el nuevo Gobierno iraquí? ¿Por qué tuvimos que mandar a soldados estadounidenses a hacerlo por ellos?

R. ¿Era necesario que EE UU desempeñara un papel tan destacado? Éste es un aspecto que se ha malinterpretado totalmente y que casi nunca se ha explicado. Eso permite que la gente diga que he tenido la misma idea sobre Irak durante los últimos 10 años. De hecho, antes del 11 de septiembre de 2001, quienes decíamos que era importante acabar con la hipocresía de decir “queremos la liberación de Irak, pero no haremos nada al respecto”, nunca fuimos defensores de la invasión de Bagdad. Hubo quienes decían que no debíamos utilizar ninguna fuerza de tierra. Yo estaba algo más dispuesto a afirmar que podían necesitarse fuerzas de tierra estadounidenses para crear un santuario en el norte o el sur de Irak. Podríamos haberlo hecho en Basora, que es la segunda ciudad más grande del país y que nos recibió con los brazos abiertos cuando los fedayin se marcharon. Pero el 11-S y los ataques con ántrax que llegaron inmediatamente después modificaron los cálculos. En lugar de dejar tranquilo a Sadam para que se volviera más peligroso, debías encargarte de él y hacerlo rápidamente.


P. Usted fue una de las personas que entendieron correctamente la guerra fría. ¿Pero no estamos en peligro de extraer la lección equivocada? La gente de Centroeuropa se liberó con la ayuda occidental porque quería la democracia. Pero en lugares como Cuba, donde el deseo de democracia choca con una fuerza todavía más poderosa, el nacionalismo, no hemos vencido. La democracia puede triunfar en los lugares que carecen de un agravio nacionalista contra Estados Unidos. De ser así, ¿es extrapolable a Oriente Próximo?

R. Creo que no estoy de acuerdo con esa idea. El nacionalismo filipino, por ejemplo, en cierto modo es antiestadounidense, y eso no les ha impedido adoptar la democracia. El nacionalismo coreano es muy, muy poderoso. Pero nuestra relación con Corea hoy día es mucho mejor porque apoyamos su transición democrática hace 20 años y no cargamos con la responsabilidad de ayudar a mantener una tiranía en el poder. El nacionalismo árabe en todas partes tiene una inclinación antiestadounidense. Pero los árabes demócratas están entusiasmados con lo que ha hecho este presidente.


P. Pero Estados Unidos apoya a Gobiernos no democráticos en Egipto y en otras partes. De modo que, ¿hasta qué punto el proyecto de exportar la democracia al mundo árabe es real y hasta qué punto es una guerra propagandística para justificar lo de Irak?

R. Exportar la democracia realmente no es una buena frase. Estamos intentando romper las cadenas impuestas a la democracia. Lo que esperas es poder animar a los Gobiernos a seguir un camino de reforma gradual porque ésa es la mejor forma de evitar el cataclismo que se produciría de no ser así. También es mucho más difícil en lugares en los que existe una tiranía nacional que allí donde es el producto de una ocupación, como Polonia, porque la sociedad es mucho más corrupta. En ese sentido, Irak se parece más a Serbia.


P. Gran Bretaña, Italia, Polonia y Ucrania les apoyaron en Irak con tropas, pero sus ciudadanos se muestran escépticos.

R. Parte de la hostilidad entre la población europea surge de tergiversaciones básicas y profundamente arraigadas. Los académicos de izquierdas dicen que ésta es una guerra por el petróleo, para Halliburton y otros disparates. Los líderes políticos podrían asumir parte de esta falsedad y demagogia. Si el presidente de EE UU hablara con tanta asiduidad y de forma tan crítica sobre Europa como lo hacen los líderes europeos sobre Estados Unidos, probablemente habría en este país un sentimiento antieuropeo mucho mayor del que existe. Y me sorprende que, dado el sacrificio estadounidense en Europa hace 50 o 60 años, no haya más europeos que crean que los pueblos iraquí o afgano tienen derecho a un trato similar. Es sorprendente oír a los liberales y socialistas, ya sea en Europa o aquí, afirmando con convicción que deberíamos haber dejado en paz a la dictadura fascista y genocida de Sadam.


P. Estados Unidos habría conseguido un mayor respaldo en Europa si hubiera justificado la guerra con motivos humanitarios. Europa aceptó la guerra contra Serbia por ese motivo.

R. Pero nunca habríamos recibido 15 votos en la ONU con esa propuesta. La ONU fue la que nos obligó a seguir el camino de las armas de destrucción masiva, que es un argumento legítimo. Cuando el presidente fue a la ONU por primera vez planteó tres argumentos. Habló sobre terrorismo, habló sobre armas de destrucción masiva y habló sobre los abusos contra la población iraquí.


P. En la víspera de la guerra en Irak le pregunté a uno de sus colegas si valía la pena ganar en Irak y perder en Europa. Me respondió que, cuando ganemos, los portavoces de Asuntos Exteriores europeos se desvivirán por demostrar que estuvieron de nuestro lado en todo momento. Pero eso no ha ocurrido.

R. Es muy temprano para decir cuál será el efecto de ganar la guerra en Irak, porque todavía no ha terminado. Y no puedes tomar una decisión tan importante como qué hacer en Irak basándote en un sondeo de opinión popular. Al final, la opinión llegará después de los hechos.


P. Pero la guerra de Irak ha generado por primera vez una opinión pública europea que es antiestadounidense, incluso en países que participaron en el conflicto.

R. Creo que compartimos muchos intereses fundamentales con Europa, basados en gran medida en valores comunes. Y eso, a medio o largo plazo, es lo que prevalecerá. El programa de reformas en el mundo árabe que está promoviendo el presidente beneficiará más a Europa que a Estados Unidos. Si logramos encontrar un modo de fomentar la solución de dos Estados que desea el presidente para Israel y Palestina, eso transformará nuestras relaciones. Pero si quieres realizar los cambios que considero necesarios, no lo conseguirás si eres demasiado respetuoso con el mínimo común denominador. Por ejemplo, han ocurrido muchas cosas negativas en los Balcanes porque, a ambos lados del Atlántico, la gente se negó a tomar decisiones difíciles durante años. Y luego, cuando finalmente lo hicieron y tuvieron éxito, ¿quién recuerda ahora que los europeos consideraban que los estadounidenses de la Administración de Clinton eran despóticos?


P. En enero estuve en Irak y me sorprendió descubrir que la electricidad es gratuita. No es extraño que haya apagones.

R. Sí. Ahora hay más electricidad que antes de la guerra. Los cortes del suministro eléctrico son importantes en parte porque hacen infeliz a la gente y porque les hace sospechar de nosotros. Dicen: “Si pueden mandar a un hombre a la Luna, ¿por qué no pueden arreglar el sistema eléctrico o limpiar las barriadas?” Si actúas a partir de esa falsa premisa, entonces llegas a una conclusión errónea, que es que los estadounidenses deben de estar aquí con segundas intenciones. Y entonces, si se acerca un antiguo baazista y dice: “Vuestros hijos son buenos, de verdad espero que estéis pensando en su futuro”, resulta intimidatorio. Lo principal que puede hacer el enemigo en Irak es intimidar, y no podemos ni queremos competir con eso. Pero para que los iraquíes luchen deben tener mucha confianza en nosotros, saber que no vamos a salir corriendo. Y si la electricidad no funciona se reduce esa confianza. Creo que una de las ventajas de la reelección de Bush es que tanto los iraquíes buenos como los malos comenzarán a pensar que a los malos se les ha acabado el juego.


P. ¿Qué ha aprendido como embajador en Indonesia?

R. Indonesia es maravillosa. Un país de más de 220 millones de personas con la población musulmana más elevada del mundo, que te da una cierta perspectiva sobre este problema. Es una panorámica algo atípica, ya que no es un país árabe y tiene una fuerte tradición de tolerancia religiosa. Diría que más del 90% de los indonesios rechaza a los extremistas. Pero en un país de 220 millones de personas, incluso si una diezmilésima parte de la población fueran terroristas, tendrías a 22.000. De hecho, probablemente hay muchísimos menos. Y aun así, pueden causar un daño terrible, como vimos con la explosión de Bali. Parte del reto en un país como Indonesia es crear unas condiciones en las que los musulmanes tradicionales se sientan cómodos denunciando a los terroristas. Éste es uno de los motivos por los que el presidente Bush ha sido tan cauteloso en no ofender al islam y en acentuar la naturaleza musulmana de nuestros aliados. Existe una estrecha analogía con el principio de la guerra fría, cuando algunos decían que el enemigo era el socialismo. Creo que quienes ganaron la guerra fría fueron aquellos que reconocieron que los más grandes aliados en la lucha contra el terrorismo eran los socialistas democráticos y los sindicalistas.


P. ¿Fue inteligente dejar de lado a la OTAN cuando salió en defensa de EE UU tras el 11-S?

R. Eso es un mito. Asistí a esa reunión y las informaciones de que hicimos caso omiso de la OTAN son falsas. Creo que en parte surgió de la impresión de que teníamos que haber planteado una serie de peticiones detalladas a la OTAN. No pedimos más a la OTAN porque todavía no habíamos calculado qué necesitábamos. Pero nos gustó disponer del Sistema de Alerta y Control Anticipado de la OTAN para defender el espacio aéreo estadounidense. Nos gustó la invocación del artículo quinto. Apoyamos a lord Robertson y todo lo que intentaba hacer. Y no puede considerarse un desdén hacia la OTAN el tener a todos estos países ayudando a garantizar la seguridad en Afganistán en la actualidad. Por otro lado, cuando pedimos a la gente que hiciera algo en Afganistán, la mayoría de países puso todo su empeño. Algunos están haciendo mucho, particularmente los nuevos miembros de la OTAN.


P. ¿Cómo encaja Chechenia en la guerra contra el terrorismo?

R. Los chechenos tienen preocupaciones políticas legítimas. Pero el hecho de que algunos de ellos persigan esos fines por medio del terrorismo pone a cualquier país que se tome en serio su oposición al terrorismo en una posición muy difícil. Y hay que ser totalmente claro al denunciar atrocidades como las ocurridas en Beslan. Pero creo que apoyar una solución política al conflicto checheno no equivale a condonar el terrorismo.


P. ¿Cuál sería su modelo de cooperación con Europa con respecto a Irán? ¿Puede Europa ser el policía bueno y Estados Unidos el malo?

R. El martillo, como en Corea, no es militar, sino económico. Lo que pueden hacer nuestros socios asiáticos para convencer a Corea del Norte económicamente es mucho más de lo que nosotros podemos hacer. La ecuación iraní es mucho más compleja, y el país está abierto a la influencia política de un modo en que Corea no lo está. Los europeos disponen de una influencia económica en Irán que podrían poner en práctica.


P. El presidente de EE UU, antes era visto como el líder del mundo libre más que el presidente de un país, y Estados Unidos era concebido como un imperio global benigno. Ahora, tras el 11-S, comprensiblemente es un país más patriótico, quizá incluso más nacionalista. ¿Pero no será mucho más alto el precio de dirigir un imperio estadounidense nacionalista que el de dirigir uno más cooperativo? La primera guerra del Golfo, por ejemplo, se financió sola, mientras que la guerra de Irak resulta cara.

R. La premisa de su pregunta es que pretendemos crear un imperio, pero no existe ningún imperio estadounidense. Fíjese en Japón y Corea. Formaban parte de algo que se denominó imperio durante la guerra fría. Después de la II Guerra Mundial y la guerra de Corea invertimos mucho en los sistemas de defensa y económicos de países como Japón y Corea, lo cual dista mucho de ser una empresa imperial. Sugeriría que nos hemos beneficiado enormemente de su fuerza y su capacidad para mantenerse por sí mismos. Ahora colaboran con el resto del mundo. Nos compensa mucho más que Japón sea un socio comercial fuerte y no un caso perdido. Si la gente quiere redefinir el término imperio para decir que esto lo es, entonces se trata sólo de semántica. No intentamos controlar a esos países para explotar sus recursos. Intentamos permitir a estos países mantenerse por sí mismos, y nuestra experiencia nos dice que cuando lo hagan estaremos mejor.

Friday, December 10, 2004

Kamen.— ¿Qué alianza? ¿Qué civilizaciones?

Henry Kamen: ¿Qué alianza? ¿Qué civilizaciones?
El Mundo, 10/12/04.

El presidente del Gobierno, José Luis Rodríguez Zapatero, ha propuesto en la Asamblea General de la ONU, la creación de una alianza de civilizaciones entre occidente y el mundo árabe y musulmán para combatir el terrorismo internacional por otra vía que no sea la militar.

«Tiene como objetivo fundamental», dijo, «profundizar en la relación política, cultural, educativa, entre lo que representa el llamado mundo occidental y el ámbito de países árabes y musulmanes».

La idea parece excelente. Quizá Zapatero se haya inspirado en el libro del erudito norteamericano Samuel P. Huntington, que habló de un choque de civilizaciones entre el mundo islámico y el occidental. ¿Qué mejor manera para evitar un choque que proponer una «alianza» entre dos combatientes? De esa forma, conseguimos acuerdo y comprensión y los problemas del mundo están resueltos.

La inspiración de Zapatero hunde sus raíces en la interesante herencia cultural de España, a medio camino entre la Europa cristiana y el Africa musulmana.

El presidente ha optado por identificarse con los árabes como lo hizo antes el Gobierno de Franco. Eso me recuerda a cuando Fraga Iribarne, siendo entonces ministro de Información de Franco, visitó Egipto, expresó con entusiasmo su admiración por «la similitud entre la revolución de Egipto y la de España» basándose en que los dos países tenían la misma cultura y el mismo fondo político.

La idea de que España tiene una relación especial con los árabes era fundamental para la política exterior de Franco y también parece serlo para Zapatero, como se deduce de sus frecuentes visitas a Marruecos.

Los consejeros de Franco (y sin duda también los de Zapatero) eran conscientes del punto de vista representado por Joaquín Costa de que España y los árabes eran «dos habitaciones de la misma casa». Por supuesto, no todos los españoles han sido de la misma opinión.

En una ocasión, Unamuno declaraba: «Sobre los árabes, tengo una profunda aversión por ellos, apenas creo en la llamada civilización árabe y considero que su paso por España ha sido uno de las más grandes infortunios que hemos sufrido».

Veo tres pequeños problemas con la propuesta «alianza de civilizaciones», y limitaré mi atención sólo a ellos. El primero es: ¿con quién y con qué se constituye la alianza?

Se supone que la intención no es exportar los decadentes conceptos culturales occidentales, como democracia, derechos de la mujer, libertad de expresión, libertad religiosa y tolerancia sexual. Si Zapatero no tiene intención de profundizar en estos conceptos, ¿entonces intentará profundizar en conceptos como la dictadura, el control de la prensa y la negación de la libertad sexual?

Para que el contacto de culturas tenga algún sentido hay que compartir una serie de conceptos en común. ¿Como demonios puede existir una alianza si no es posible alcanzar un acuerdo en materias sencillas como, por ejemplo, la libertad de prisioneros políticos o la abolición de la pena de muerte para las esposas infieles?

Naturalmente, Zapatero puede contestar que cuando dice profundizar, quiere decir no interferir, algo así como alcanzar una situación de mutua tolerancia. Si es así, entonces todo el concepto de una «alianza» se convierte en una farsa, porque el verbo profundizar significará realmente no profundizar.

Y el problema se complica cuando nos damos cuenta de que los países islámicos no tienen mucho más en común que unos cuantos principios religiosos básicos.Zapatero parece querer un acuerdo con la Liga Arabe y ha recibido todo el apoyo del secretario de la Liga. Pero la Liga no representa ningún consenso de civilizaciones, y es poco más que una entidad política artificial que dice hablar en nombre de los diferentes regímenes que la constituyen.

Es interesante que el único país musulmán que hasta ahora se declara partidario de la idea de Zapatero es Mongolia, que busca desesperadamente la atención de los países occidentales.

El segundo pequeño problema es que una alianza necesita financiación.Es posible que el anterior Gobierno le haya dejado a Zapatero las arcas del tesoro público repletas.

Pero si ha de encabezar una alianza necesita financiarla, no puede reclamar que George W. Bush lo haga por él. La dificultad de las alianzas es que debe haber alguien que dé y alguien que reciba; de otro modo, todo el ejercicio acabará como una metafísica sin sentido. La permanente sonrisa angelical de Zapatero no hará caer centavos metafísicos del cielo. Veamos cómo funcionan realmente las alianzas.

La Liga Arabe existe en gran medida porque los dólares americanos que reciben sus miembros le permiten sobrevivir. En 2003, del presupuesto de ayuda exterior estadounidense de alrededor de 14.000 millones de dólares, Egipto (el componente clave de la Liga) fue el segundo mayor beneficiario con 1.300 millones de dólares para ayuda militar y con 615 millones de dólares para programas sociales. Jordania, el otro gran beneficiario árabe, obtuvo 250 millones de apoyo económico y 198 dólares para la financiación militar.

Estas cifras no son metafísicas: dan fe de cómo funciona una alianza y explican claramente las decisiones que los gobiernos de estos dos países musulmanes adoptan en cuanto a política exterior. Egipto y Jordania permanecen como dos estados soberanos independientes, pero la ayuda extranjera que reciben es un determinante básico de su conducta en las relaciones internacionales.¿Qué propone Zapatero?

¿Darles más dinero del que Estados Unidos les da? ¿O no darles dinero en absoluto? Ninguna de esas alternativas es posible. En resumen, no puede haber alianza de civilizaciones porque sin los dólares de Estados Unidos no funcionará.

Y no pensemos que Estados Unidos es tan estúpido como nuestro Gobierno sugiere repetidamente. A cambio de su dinero, los estadounidenses han intentado durante décadas reformar la cultura de los estados árabes. Egipto, que tanto impresionó a Fraga Iribarne y es la inspiración de Zapatero, es un caso que se debería tener en cuenta.Desde el año 1975, Egipto ha recibido más de 50.000 millones de dólares de ayuda de Estados Unidos, que a cambio ha intentado suscitar reformas sociales. ¿Ha sido de algún provecho?

Un antiguo embajador estadounidense a Egipto, Edward Walter, ha confesado con franqueza que «la ayuda ofrece una salida fácil a Egipto para eludir la reforma. Utilizan el dinero para apoyar los programas anticuados y resistirse a las reformas». Sin embargo, los norteamericanos saben que sin la ayuda no podrían ejercer presión alguna sobre los egipcios.

Entonces, ¿cuál es la respuesta? ¿Traerán las expresiones de amor metafísico, en una alianza basada no en dólares sino en la admiración mutua, un cambio en la estructura social del mundo musulmán y eliminarán el terrorismo de raíz?

Eso me lleva a mi tercer y último punto. En cada declaración emitida por Al Qaeda y sus asociados, siempre se identifica como el gran enemigo el Estado de Israel y no Estados Unidos. Una gran parte de la opinión árabe ha insistido repetidamente que la existencia de Israel es la base del problema y ha sugerido que el terrorismo se desvanecería si Israel se desvaneciera.

Este es un argumento de peso en España, donde el antisemitismo siempre ha sido un componente fundamental tanto para los políticos de derecha como para los de izquierda.

El régimen de Franco contribuyó enormemente a la persistencia de las ideas antisemitas, sobre todo por negarse a reconocer al Estado de Israel. La supervivencia del antisemitismo en España se puede encontrar por ejemplo en los escritos de un antiguo ideólogo francés estalinista, que ahora es musulmán y que dirige en Córdoba un Centro para el Diálogo entre Civilizaciones.

Se llama Roger Garaudy y tiene 90 años. Niega que jamás haya existido un holocausto en el cual la Alemania nazi haya eliminado a millones de judíos, defiende destruir América, y cree en «la necesidad del diálogo entre civilizaciones, contra la ideología del Pentágono que favorece el choque de civilizaciones».

¿Es posible que Zapatero de algún modo haya tomado prestada de Garaudy la frase de «diálogo entre civilizaciones» y la haya convertido en una «alianza»? Esta no es una pregunta frívola. Es sorprendente que la propuesta «alianza de civilizaciones» se limite exclusivamente a una alianza entre las naciones hispánicas y los musulmanes.

¿No son los judíos parte de la cultura mediterránea? ¿No se hallan profundamente afectados por la evolución del mundo árabe? ¿No tiene Israel una amplia población musulmana? ¿Por qué entonces se excluye deliberadamente a Israel de las propuestas para un diálogo entre culturas?

En resumen, la propuesta de una alianza carece de todos los elementos principales de una iniciativa política realista. Aparte de Mongolia y La Moncloa, pocos van a tomarla en serio.

Tuesday, November 30, 2004

Entrevista a John Gray

Lluís Amiguet: “En Iraq nos lo jugamos todo y vamos a perder”
La Vanguardia, 30/11/2004.

Sin Cruzadas
John Gray me deja acongojado porque la suya no es la consabida diatriba antiyanqui de los intelectuales gauchistas. Gray fue un conservador thatcheriano por convencido anticomunista y es autor de descreídos pero lúcidos ensayos como Falso amanecer en las cruzadas idealistas. La democracia no se implanta por las armas, sino que llegar a ella lleva siglos de autogobierno. Nos hizo falta humildad en el Este y el resultado hoy es Putin y Ucrania. Del mismo modo, en Iraq los neocruzados enviaron a los marines a imponer su democracia. La consecuencia de ese error será peor para todos y la derrota más dolorosa.

John Gray, politólogo
Tengo 56 años. Nací en el sudeste de Inglaterra. Enseñé en Oxford y ahora soy profesor de Pensamiento Europeo en la London School of Economics. Fui thatcheriano, pero hoy mi único partido es mi capacidad de análisis.He disertado en la Fundació La Caixa sobre el infamante regreso de la tortura asumida como mal menor inevitable.


—Usted fue un thacheriano que...

—Ahora quiero hablar de Iraq: nos lo jugamos todo allí y vamos a perder.

—Pero...

—Y lo peor es que las terribles consecuencias de esa derrota apenas las vislumbran los más realistas.

—Pero la guerra no ha acabado.

—Ya está perdida. Y, cuando se consume nuestra derrota, el caos se apoderará de todo el golfo Pérsico, que es hoy la única gran reserva de petróleo barato del planeta y el gran eje de toda la economía mundial. Por eso Iraq no será Vietnam, será muchísimo peor para todos. ¿Sabe por qué?

—¿?

—En Vietnam no había petróleo. El abandono de Vietnam no sumió a la economía mundial en un pozo sin fondo.

—Bueno, bueno...

—Cuando se vayan los marines, Al Qaeda proclamará su victoria, la mayor jamás alcanzada por ningún ejército árabe o islámico, y nada impedirá después que los islamistas más radicales se hagan con el control del Golfo: Arabia Saudí, Kuwait, los Emiratos...

—Me está usted preocupando.

—Preocúpese. Esos regímenes del Golfo son frágiles como castillos de naipes y caerán arrasados por el huracán radical. El caos se adueñará de la zona y no habrá interlocutores válidos para entenderse. Lo que pasa hoy en Iraq pasará pronto en todo el Golfo.

—Hay otras zonas en caos crónico en el mundo y, en fin, el caos sólo lo sufren ellos.

—Sí, pero no tienen petróleo. ¿Recuerda que juraron que si apoyábamos la guerra, el petróleo bajaría de precio? Toda la economía mundial paga ya esa guerra, pero es que apenas hemos empezado a costearla.

—A lo mejor da tiempo a instaurar un gobierno legítimo y más o menos estable.

—No dará tiempo.

—Pero, ¿por qué?

—Precisamente porque, igual que usted y yo sabemos que EE.UU. tiene que irse, lo saben los iraquíes y... ¿usted se jugaría la vida y la de su familia apoyando a un gobierno títere de una potencia a punto de retirarse?

—Sería tonto.

—Entonces, ¿cómo EE.UU. va a constituir un poder estable si no hay ningún colaboracionista fiable? ¡Están desertando en masa!

—Lo pone usted muy mal.

—Y no sólo los iraquíes no quieren colaborar. ¡Hasta los polacos anuncian su retirada! Y eso que es el país más proamericano del planeta. Aquello es insostenible. Es una pantomima y el Pentágono lo sabe.

—Pero van controlando el país...

—¿Cómo lo sabe usted? Y, aun si la información fuera fiable, ¿hasta cuándo?

—Tal vez los de Al Qaeda no sean tantos ni tan temibles. Tal vez sean eliminables.

—Afganistán fue justo y necesario: Iraq ha sido un terrible error. Bush y los neocon han hecho realidad el gran sueño de Al Qaeda: un enfrentamiento directo con EE.UU. en Oriente Medio. En cambio, es una tremenda barrabasada para los moderados islámicos.

—¿Por qué se ha equivocado tanto?

—Los neocon ya estaban en su Administración al principio, pero sin poder. El 11—S les permitió hacerse con las riendas de la política exterior y después arrastraron al presidente a la intervención en Iraq responsabilizando a Saddam del 11—S. Una patraña insostenible, pero muy repetida que les ha hecho ganar las elecciones. ¡Qué mentira y qué error!

—Ya ve: la democracia no es infalible.

—La democracia es precaria y frágil y se ve amenazada incluso en países como EE.UU. ¡Cuántos siglos de sangre y lágrimas cuesta conseguirla y se pierde en minutos!

—En España lo sabemos muy bien.

—¿Cómo quiere que se instaure la democracia en Iraq en sólo unos meses? ¡Humildad, nos hace falta humildad! ¡Los marines no implantarán la democracia por las armas!

—¿No falló el sistema de EE.UU. al permitir a los radicales hacerse con todo el poder?

—En el primer mandato falló el sistema norteamericano, ahora ya han logrado transformarlo y lo han puesto a su servicio.

—¿Cómo transformaron el sistema?

—Con el 11-S. Con esa fuerza y las ganas de venganza y el miedo neutralizaron al Pentágono cuando se opuso a la invasión de Iraq, relegaron a los militares de más prestigio y ahora han lanzado una gran purga neocon contra Powell y los moderados que quedaban en el Pentágono y el Departamento de Estado: los halcones neocon han defenestrado a los tibios.

—Pero los neocon aún pueden ganar en Iraq si envían más tropas y aplastan la resistencia.

—No. Los neocon han aplastado la resistencia política, pero se toparán con la realidad y la realidad es que las tropas y el dinero tienen límites. Hay un límite de muertos que puede admitir la sociedad y hay un límite en el dinero que puede pagar. Cuando sobrepasen los límites se tendrán que ir. Perderán.

—¿No se va a moderar Bush?

—Ya ha anunciado que piensa gastar todo el capital político de su victoria electoral. Va a ser más duro y más empecinado que antes.

—Usted fue uno de los pilares ideológicos de Margaret Thatcher y ella estaría en Iraq.

—No más que Blair, quien va a pagar un precio colosal en las urnas por esta guerra.

—Y usted después criticó a la Thatcher.

—Fui thatcheriano porque era antiautoritario y por tanto anticomunista, y el comunismo era entonces la mayor amenaza para nuestra libertad. Cuando la Thatcher apoyó la cruzada neoliberal en el Este, me opuse porque era una ingenuidad: el resultado hoy es Putin. En Iraq vemos otra ingenua cruzada neocon y el resultado será mucho peor.

Monday, November 29, 2004

Sami el-Soudi.— L’après Arafat

Sami el-Soudi: L’après Arafat : Tout est en train de changer

Metula News Agency, 29/11/2004.

Lorsqu’une situation est simple, ceux qui en font un dessin compliqué sont vraisemblablement poussés par des intérêts néfastes. Ces jours, dans le microcosme de la politique palestinienne, les choses sont on ne peut plus claires : On a, d’un côté, ceux qui sont favorables à la solution des deux Etats séparés pour deux peuples distincts et de l’autre, les partisans de la poursuite de l’Intifada, soit la tentative d’éradiquer le puissant voisin israélien, avec tous les aléas que cela comporte. Il n’existe pas de troisième tendance et tous les Palestiniens que je connais, mais aussi tous les responsables politiques et les éditorialistes s’exprimant à propos notre conflit, en Palestine et ailleurs, se sont rangés derrière l’un des deux courants.

Les tenants du premier de ces courants, ceux que l’on appelle les “pragmatiques”, désirent bâtir, le plus rapidement possible, notre Etat en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Un Etat qui vivra en bon entendement avec ses adversaires d’aujourd’hui. Et les pragmatiques savent fort bien quelles sont les corrections nécessaires, à appliquer urbi et orbi, afin que notre société devienne vivable et que les conditions d’un voisinage pacifique puissent prévaloir.

Les circonlocutions ambivalentes n’ont plus cours à la Moukata de Ramallah, elles ont rapidement disparu en même temps que celui qui en était l’expert absolu. L’équipe Abbas, qui jouit d’un soutien majoritaire conséquent au sein de l’OLP, a établi un programme détaillé pour faire bouger les choses. Un programme, enfin ! Elle s’active, cette équipe, à préparer les réformes, à reconstruire des liens stratégiques fiables avec tous les gouvernements et les services étrangers qui pourront l’aider dans sa tâche. Elle renforce son dispositif sécuritaire, fortifie les canaux de commandement et en évince les partisans du “porte-avions”, qu’Arafat avait nommés afin de s’assurer que toute initiative en vue de juguler la terreur soit tuée dans l’œuf. Abbas et Qoreï préparent par ailleurs d’arrache-pied un projet en vue d’établir d’authentiques institutions en Palestine, prémices obligées d’un futur Etat. Tout sera prêt, pour qu’au lendemain des élections prévues le 9 janvier, la construction de l’Etat de Palestine débute efficacement.

Face à eux, les mouvements terroristes, une partie des jeunes du Fatah ainsi que les arafatiens orthodoxes. La surprise consiste à remarquer à quel point l’influence de ces éradicationnistes s’est marginalisée depuis le décès d’Abou Ammar. Sans lui, sans son soutien moral, politique et financier, ces extrémistes ont désormais des allures de tigres en papier, à tel point qu’aucune de ces organisations ne présentera de candidat au verdict des urnes. Mais ça n’est pas tout ce que la mort d’Arafat a généré. Bien entendu, il faut également prendre en compte les arrestations et les éliminations ciblées opérées par l’armée israélienne nuit après nuit ; elles ont littéralement décapité ces organisations et réduit leur marge de manœuvre à presque rien. Mais il y a plus significatif encore : La population semble comme libérée du délire d’Arafat, elle souffle et elle aspire à une paix négociée. La distance entre l’homme de la rue et les éradicationnistes est soudain devenue énorme, si bien que le Hamas, le Jihad et autres FPLP et Tanzim ne trouvent presque plus de candidats au sacrifice, ce qui explique le calme inhabituel qui suit l’enterrement du raïs. Chez les éradicationnistes situés à l’extérieur des frontières c’est carrément la panique, ainsi, l’Iran a multiplié par 10 les primes offertes aux auteurs des assassinats collectifs et aux familles des “martyres” perpétrant des attentats-suicide. Vaine surenchère, le peuple palestinien veut vivre et les surprimes pour empêcher qu’une solution au conflit ne se mette en marche ne tentent plus grand monde.

Autre surprise, le clan des arafatiens se désagrège comme du sucre dans le thé. La plupart d’entre eux ont rejoint Mahmoud Abbas, sans risquer la moindre fausse note. Les autres, une petite minorité, réalise rapidement que la seule doctrine du leader défunt, c’était “suivez-moi partout où je vais et même en enfer” et qu’une fois le leader disparu, il ne reste pas de doctrine à suivre. Moussa Arafat, le neveu, Abou Rodeinah, le concierge perroquet de la Moukata, Cha’at et Erekat démontrent qu’ils n’existaient qu’en reflétant l’image de leur ancien patron ; il ne constituent pas une force politique digne de ce nom, même pas un groupe homogène dans les instances de l’OLP.

En occident, on se fait d’ailleurs une fausse idée de la popularité de Yasser Arafat, les images de ses funérailles étaient en fait trompeuses. Le nombre de personnes qui avaient fait le déplacement de Ramallah, 80 000 environ, était faible, proportionnellement aux obsèques d’autres grands leaders arabes et aux 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie. A Naplouse, par exemple, la capitale de l’extrémisme en Cisjordanie, on avait loué 50 autobus afin d’emmener les gens vers la commanderie de Ramallah. On en a rempli 3. On a tenté d’organiser un cortège funéraire simulé mais on dut rapidement abandonner cette idée, il n’y avait personne pour suivre le convoi. Etrangement, il semble que Yasser Arafat était plus populaire à Paris que dans son pays.

Dans l’attente des élections, les contacts entre les cabinets Abbas et Sharon se déroulent dans la discrétion mais, dans la région ça n’est un secret pour personne, le courant passe bien entre les deux hommes. A l’abri des regards, la coopération entre les deux appareils est dense, significative et continue. On travaille à s’accorder sur les conditions de la relance de la Carte Routière. Ce sera annoncé dans les dix minutes suivant la proclamation de l’élection de Mahmoud Abbas et cela concerne la fin de l’incitation à la haine des Israéliens dans les médias palestiniens ainsi que dans nos écoles, la récupération des armes aux mains des groupes terroristes ainsi que des gestes majeurs de la part du gouvernement Sharon. On n’épiloguera pas afin de ne déranger personne.

La coordination entre Jérusalem et Ramallah est bien engagée et on n’aura pas à attendre le 9 janvier pour en voir les signes. Les choses se passent, à la demande de messieurs Abbas et Qoreï, de la manière suivante : 1) Les deux bureaux ont renouvelé leur collaboration sécuritaire ainsi qu’au niveau du renseignement. 2) Le gouvernement israélien est prié de ne “pas faire la cour” au cabinet palestinien de transition et de ne pas “faire preuve d’activisme, même en sa faveur”. Mahmoud Abbas a ainsi demandé à Ariel Sharon : “S’il vous plaît, ne nous aidez que lorsque nous vous le demandons spécifiquement et, par exemple, répondez positivement à nos requêtes concernant l’organisation de nos élections”.

Si fait ! Non seulement le Premier ministre israélien a-t-il assuré son homologue de son soutien total dans la mise sur pieds de cette consultation, y compris des retraits massifs de ses troupes des zones urbaines et une participation logistique de première importance, encore a-t-il publiquement contredit Sylvan Shalom afin d’accéder à une demande de Abbas. Shalom, le Ministre israélien des Affaires Etrangères, avait annoncé voici quelques jours que les résidents palestiniens de Jérusalem-Est ne pourraient pas participer au scrutin. Le soir même, Abou Mazen appelait Sharon pour se plaindre et le lendemain, le premier des Hébreux annonçait que les affirmations de Sylvan Shalom n’engageaient pas son gouvernement et que les Palestiniens de Jérusalem pourraient voter.

Ces derniers jours, le suspens entourait l’éventualité de la candidature aux élections contre Mahmoud Abbas de l’ancien chef des Tanzim, Marouan Barghouti, détenu pour 5 peines de prisons à vie, pour l’assassinat de 5 Israéliens. A nouveau, la Moukata a appelé Sharon, lui demandant de ne pas s’immiscer dans le jeu démocratique en vue de la consultation palestinienne et de laisser Barghouti recevoir des visiteurs afin de faire connaître sa décision. On sait, à la Ména, que le conseil israélien pour la sécurité nationale, sorte d’organe consultatif pour leur Premier ministre sur les questions sécuritaires, s’est opposé à la demande des chefs de l’Autorité. Pourtant Ariel Sharon est passé outre et il a autorisé les visites au centre de détention, près de Beer Sheba, dans lequel le Tanzim est incarcéré. Même Kadoura Farès, l’aide de Barghouti, qui s’est déclaré vendredi soir en faveur de la poursuite de l’Intifada, a pu s’entretenir librement et sans témoins avec son chef de file. Lors de la conférence de presse qu’il tenait, Farès a en outre informé de la décision de Barghouti de ne pas se présenter aux élections et d’apporter son soutien à la candidature de monsieur Abbas. C’est un autre signe de notre nouvelle maturité : On aurait pu laisser voter pour un homme emprisonné et même, qui sait ?, le faire élire. C’aurait sans aucun doute été le choix au temps où la politique palestinienne n’était que propagande. Mais cela n’aurait pas fait libérer Barghouti et le choix d’avoir un président incarcéré, incapable de gérer le destin de notre peuple, a été rejeté par la quasi unanimité des membres des instances du Fatah. Assez de miser sur un avenir très hypothétique à retardement. Nous voulons des actes significatifs maintenant, faire cesser notre sabordement, la misère et l’occupation.

Au plan diplomatique, des voix s’élèvent de la Moukata de Ramallah contre la France et les dispositions pro Souha qu’elle a prises. Le conseiller qui me parle se demande à haute voix pourquoi a-t-on laissé partir Arafat pour un traitement inutile à Paris, alors que les excellents médecins palestiniens et arabes qui entouraient le malade à Ramallah connaissaient parfaitement son état ainsi que le déroulement inéluctable de son mal. On s’est fait avoir, admet le conseiller d’Ahmed Qoreï, si le Vieux était décédé ici, on saurait de quoi il est mort et on aurait pu récupérer une plus grande partie de l’argent qui n’appartient qu’au peuple palestinien. “Et puis”, continue mon interlocuteur, “il existe un contraste choquant entre les honneurs que la France a rendus à monsieur Arafat et la tiédeur de son engagement aux côtés des nouveaux dirigeants démocratiques de Palestine. C’est maintenant qu’il faudrait voir Barnier à la Moukata… et même Chirac”, conclut le locuteur, “au moment où la Palestine démocratique et la paix ont une chance réelle et qu’elles ont besoin du support symbolique du monde libre. Je crains que Paris ne manque un nouveau rendez-vous crucial”.

Et, pour conclure cet article, je vous annonce la prochaine visite de Mahmoud Abbas à Damas. Il y arrivera, fort d’une coordination totale avec la Maison Blanche, en position de force pour exiger de Béchar el-Assad qu’il cesse d’abriter les états-majors des organisations terroristes. Le futur président élu de l’Autorité Palestinienne dira au président de l’oligarchie alaouite, qu’il s’agit d’une exigence de la communauté internationale et d’une condition sine qua none, si Béchar entend éviter les très lourdes sanctions prévues, au Conseil de Sécurité, au printemps.

Les choses ont l’air bien engagées pour une fois. J’ai, à titre très égoïste, le privilège, que je n’avais jamais connu jusqu’à maintenant, d’être gouverné par quelqu’un de respectable, d’honnête, avec lequel je ne me connais pas de divergences de vues fondamentales. Tout ce qui pourrait tout faire rater c’est un attentat contre la personne d’Abou Mazen et croyez-moi que les éradicationnistes, en roue libre, y pensent si fort, que je les entends penser.