Juffa.— Le dossier Arafat
Stéphane Juffa: Un livre indispensable
Metula News Agency, 07/09/2004.
Les auteurs, Karin Calvo-Goller et Michel A. Calvo, des juristes spécialistes du droit international, ont écrit un ouvrage saisissant. Saisissant de rigueur, d’abord, car ils évitent d’entrer dans des considérations politiques afin de s’en tenir aux faits bruts. Leur livre décortique, ensuite, tous les aspects des activités du leader palestinien et des organisations qu’il domine, dans la préparation, la direction et le financement de l’Intifada. Après l’avoir lu, aucune personne saine d’esprit ne pourrait intelligemment prétendre qu’il substitât un doute raisonnable, permettant d’assimiler cet épisode du conflit israélo-arabe à un acte de soulèvement spontané du peuple palestinien. Les chapitres “La préparation psychologique des Palestiniens” et “Arafat a assuré la préparation pratique de l’Intifada” démontrent au contraire, à concurrence de preuves, dont un certain nombre étaient inconnues du public, que le Président de l’Autorité palestinienne a minutieusement préparé son affaire.
Yasser Arafat, comme nous l’avons nous-mêmes illustré à la Ména dans de nombreuses analyses, a bel et bien instrumenté l’usage du terrorisme à grande échelle, à la poursuite d’un dessein politique. Dans cette démarche, passant par l’assassinat du plus grand nombre de personnes possible, des personnes choisies exclusivement en fonction de leurs appartenances ethnique ou religieuse présumées, il a pris le risque délirant de tenter de transformer son peuple en martyr volontaire. Certains passages du Dossier Arafat, décrivant à la lettre les arguments adoptés par l’endoctrinement des enfants à “devenir des bombes humaines” donnent la chair de poule.
Les Calvo publient par ailleurs certaines harangues d’imams, pas piqués des hannetons, qui ne manqueront pas de créer le trouble dans le cerveau de ceux qui s’entêtent à présenter ce conflit comme une guerre de décolonisation. L’extrait cité de l’appel du cheik Mohammed Ben Abd el-Rahman al-Arifi, à cet égard, est on ne peut plus parlant (page 67):
“Nous contrôlerons la terre du Vatican ; nous contrôlerons Rome et y introduirons l’islam. Si bien que les chrétiens, qui ont gravé des croix sur les torses des musulmans au Kosovo, en Bosnie et dans divers endroits du monde avant cela, devront nous payer la djiziya [taxe payée par les non musulmans sous règne musulman] dans l’humiliation, ou se convertiront à l’islam…”
Charmant programme ! Dans le sous-chapitre “L’enseignement de la haine”, on apprend aussi que sitôt Israël eut-elle transféré les pouvoirs d’autonomie à l’exécutif palestinien, en 1994 et en application des principes des accords d’Oslo, des accords d’Oslo visant à instaurer la paix entre les deux peuples, le ministère palestinien de l’Education de Yasser Arafat s’empressa de réintroduire les incitations à la haine des juifs et à la violence dans les manuels scolaires. Depuis 1968, une commission de l’UNESCO était chargée de vérifier le contenu de ces manuels, afin de s’assurer que la haine de l’autre n’empoisonnât plus les esprits de toute une génération dès les bancs de l’école. Cependant, et en dépit de ses pseudos appels à la paix, dès qu’il reçut la liberté de choisir l’orientation de son Ecole, le reclus actuel de la Moukata refusa tout contrôle de l’UNESCO et en 1995, le système de contrôle fut définitivement suspendu, à la demande de l’Autorité palestinienne et de la Ligue arabe.
Autre avantage du livre, il ne se confine pas dans la narration, même complète, des crimes commis par le raïs palestinien et à leur caractérisation. Maître Michel Calvo est en effet membre du collège d’avocats qui tente de diligenter la plainte de victimes françaises des crimes de guerre d’Arafat auprès de la justice française. Le dossier Arafat décrit au lecteur les péripéties incroyables que connaît cette action judiciaire, depuis le dépôt de plainte, avec constitution de partie civile, le 3 mars 2003.
Ici, de rappeler que la loi française permet à toute victime française d’un acte de terrorisme de déposer plainte auprès du doyen des juges d’instruction. Les charges retenues et abondamment étayées par l’accusation contre “Arafat et autres” comprennent des actes de génocide, des crimes contre l’humanité, la participation à un mouvement formé ou à une entité établie en vue de la perpétration — caractérisée par un ou plusieurs faits matériels — de l’un des crimes définis par les articles 211-1 et 212-1 du code pénal français, meurtre (et tentative et complicité), assassinat (et tentative et complicité), atteintes volontaires à la vie (et tentative et complicité), actes de terrorisme et association de malfaiteurs.
Dix mois après que le doyen eut accepté la plainte, dans cette justice française décidément peu inspirée par le principe de “tolérance zéro pour les terroristes, les racistes et les antisémites” que prône à tue-tête le Président de la république française, le procureur n’avait toujours pas déposé ses réquisitions. Ce délai record, digne de figurer dans le Guiness book, fait confirmé par les deux avocats pénalistes français que j’ai interrogés à ce sujet, empêchait la nomination d’un juge d’instruction et le commencement de l’instruction.
Le 12 janvier dernier, les avocats de l’accusation adressaient une lettre au Procureur ainsi qu’au ministre de la Justice, M. Dominique Perben, dans laquelle ils faisaient état de cet étrange dysfonctionnement de la justice, “alors que dans d’autres affaires, telles celles concernant des victimes françaises d’actes terroristes au Pakistan, des instructions judiciaires ont été ouvertes dans des délais très brefs (…)” (page 183).
Sans aucune réponse de la part des personnes concernées, près de trois mois plus tard (treize mois après l’acceptation de la plainte…), les avocats s’adressaient à Mme Nicole Guedj, la secrétaire d’Etat en charge de la protection des droits des victimes, reprenant les mêmes considérants que ceux exposés sur la première missive mais y ajoutant deux éléments confondants :
Les avocats mentionnaient que des parties civiles “perçoivent (dans ce délai inexplicable et inexpliqué Ndlr. [Metula News Agency]) une interférence du pouvoir exécutif dans le domaine du pouvoir judiciaire”. Comparant leur plainte à celles de victimes françaises du terrorisme à Djerba, Casablanca et Madrid, suite au dépôt desquelles des informations judiciaires ont été ouvertes dans des délais très brefs, les parties civiles concluaient par cette accusation, qui me semble à la fois terrible et terriblement préoccupante pour le statut actuel des Français de confession israélite : “Elles (des parties civiles) concluent qu’il existe des victimes françaises qui peuvent exercer leurs droits et des victimes françaises qui ne le pourraient pas et/ou des personnes qui peuvent être poursuivies en justice et d’autres qui ne le pourraient pas.”
Elles ne croyaient pas si bien dire, les malheureuses, puisque c’est par la lecture d’une indiscrétion figurant sur une dépêche de l’Associated Press, que les victimes d’Arafat apprenaient, le 29 avril 2004, que, suite à leurs plaintes, “la justice de leur pays allait enquêter sur des attentats perpétrés par le… Hamas”.
Etrange justice ? Les plaintes qui étaient déposées visaient pourtant nommément le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat et elles contenaient les motifs de génocide et de crimes contre l’humanité. Ces qualifications n’auraient pas été retenues par la “justice” française.
À la Ména, on plaint surtout le juge d’instruction et le Garde des Sceaux, leur suggérant de consulter les pages 243 à 252 du livre des époux Calvo. Eloquentes, sobres, elles font état, en lignes serrées de la liste des attentats contre les civils ayant été commis après les accords d’Oslo. Le plus grand nombre est à mettre à l’actif des organisations terroristes créées et chapeautées par le baron de la Moukata. Ils ont fauché des vies de citoyens français, dont des parties civiles, et en ont rendus d’autres handicapés à vie. On va voir comment la justice-tolérance-zéro des Messieurs Chirac et Perben va s’arranger pour coller sur le dos du Hamas les assassinats d’Arafat. Belle partie d’équilibrisme guignolo-juridique en perspective. Vous pouvez d’ailleurs compter sur nos services pour ne pas manquer une bribe de ce morceau de bravoure à venir.
Nous, de rappeler déjà à Perben qu’il n’est pas le Garde des sots, et que la tolérance zéro dans les actes de la justice française a été décrétée afin de lutter contre l’antisémitisme.
Un mot, encore, sur le style du bouquin. Il se lit bien, ça n’est pas du tout un recueil compliqué de juristes à l’attention de juristes. C’est un livre sobre, je me répète, prenant par son contenu, au point de nous faire réaliser à quel point Arafat s’en tire à bon compte, avec son assignation à résidence dans le palais du gouverneur de Ramallah. Vous l’aurez compris, amis lecteurs, un livre à posséder absolument, à lire et à conserver en référence contre toutes les incongruités qui polluent le papier et constipent les faisceaux hertziens.
Metula News Agency, 07/09/2004.
Le dossier Arafat, aux Editions Albin Michel, sorti en librairies la semaine dernière.
Les auteurs, Karin Calvo-Goller et Michel A. Calvo, des juristes spécialistes du droit international, ont écrit un ouvrage saisissant. Saisissant de rigueur, d’abord, car ils évitent d’entrer dans des considérations politiques afin de s’en tenir aux faits bruts. Leur livre décortique, ensuite, tous les aspects des activités du leader palestinien et des organisations qu’il domine, dans la préparation, la direction et le financement de l’Intifada. Après l’avoir lu, aucune personne saine d’esprit ne pourrait intelligemment prétendre qu’il substitât un doute raisonnable, permettant d’assimiler cet épisode du conflit israélo-arabe à un acte de soulèvement spontané du peuple palestinien. Les chapitres “La préparation psychologique des Palestiniens” et “Arafat a assuré la préparation pratique de l’Intifada” démontrent au contraire, à concurrence de preuves, dont un certain nombre étaient inconnues du public, que le Président de l’Autorité palestinienne a minutieusement préparé son affaire.
Yasser Arafat, comme nous l’avons nous-mêmes illustré à la Ména dans de nombreuses analyses, a bel et bien instrumenté l’usage du terrorisme à grande échelle, à la poursuite d’un dessein politique. Dans cette démarche, passant par l’assassinat du plus grand nombre de personnes possible, des personnes choisies exclusivement en fonction de leurs appartenances ethnique ou religieuse présumées, il a pris le risque délirant de tenter de transformer son peuple en martyr volontaire. Certains passages du Dossier Arafat, décrivant à la lettre les arguments adoptés par l’endoctrinement des enfants à “devenir des bombes humaines” donnent la chair de poule.
Les Calvo publient par ailleurs certaines harangues d’imams, pas piqués des hannetons, qui ne manqueront pas de créer le trouble dans le cerveau de ceux qui s’entêtent à présenter ce conflit comme une guerre de décolonisation. L’extrait cité de l’appel du cheik Mohammed Ben Abd el-Rahman al-Arifi, à cet égard, est on ne peut plus parlant (page 67):
“Nous contrôlerons la terre du Vatican ; nous contrôlerons Rome et y introduirons l’islam. Si bien que les chrétiens, qui ont gravé des croix sur les torses des musulmans au Kosovo, en Bosnie et dans divers endroits du monde avant cela, devront nous payer la djiziya [taxe payée par les non musulmans sous règne musulman] dans l’humiliation, ou se convertiront à l’islam…”
Charmant programme ! Dans le sous-chapitre “L’enseignement de la haine”, on apprend aussi que sitôt Israël eut-elle transféré les pouvoirs d’autonomie à l’exécutif palestinien, en 1994 et en application des principes des accords d’Oslo, des accords d’Oslo visant à instaurer la paix entre les deux peuples, le ministère palestinien de l’Education de Yasser Arafat s’empressa de réintroduire les incitations à la haine des juifs et à la violence dans les manuels scolaires. Depuis 1968, une commission de l’UNESCO était chargée de vérifier le contenu de ces manuels, afin de s’assurer que la haine de l’autre n’empoisonnât plus les esprits de toute une génération dès les bancs de l’école. Cependant, et en dépit de ses pseudos appels à la paix, dès qu’il reçut la liberté de choisir l’orientation de son Ecole, le reclus actuel de la Moukata refusa tout contrôle de l’UNESCO et en 1995, le système de contrôle fut définitivement suspendu, à la demande de l’Autorité palestinienne et de la Ligue arabe.
Autre avantage du livre, il ne se confine pas dans la narration, même complète, des crimes commis par le raïs palestinien et à leur caractérisation. Maître Michel Calvo est en effet membre du collège d’avocats qui tente de diligenter la plainte de victimes françaises des crimes de guerre d’Arafat auprès de la justice française. Le dossier Arafat décrit au lecteur les péripéties incroyables que connaît cette action judiciaire, depuis le dépôt de plainte, avec constitution de partie civile, le 3 mars 2003.
Ici, de rappeler que la loi française permet à toute victime française d’un acte de terrorisme de déposer plainte auprès du doyen des juges d’instruction. Les charges retenues et abondamment étayées par l’accusation contre “Arafat et autres” comprennent des actes de génocide, des crimes contre l’humanité, la participation à un mouvement formé ou à une entité établie en vue de la perpétration — caractérisée par un ou plusieurs faits matériels — de l’un des crimes définis par les articles 211-1 et 212-1 du code pénal français, meurtre (et tentative et complicité), assassinat (et tentative et complicité), atteintes volontaires à la vie (et tentative et complicité), actes de terrorisme et association de malfaiteurs.
Dix mois après que le doyen eut accepté la plainte, dans cette justice française décidément peu inspirée par le principe de “tolérance zéro pour les terroristes, les racistes et les antisémites” que prône à tue-tête le Président de la république française, le procureur n’avait toujours pas déposé ses réquisitions. Ce délai record, digne de figurer dans le Guiness book, fait confirmé par les deux avocats pénalistes français que j’ai interrogés à ce sujet, empêchait la nomination d’un juge d’instruction et le commencement de l’instruction.
Le 12 janvier dernier, les avocats de l’accusation adressaient une lettre au Procureur ainsi qu’au ministre de la Justice, M. Dominique Perben, dans laquelle ils faisaient état de cet étrange dysfonctionnement de la justice, “alors que dans d’autres affaires, telles celles concernant des victimes françaises d’actes terroristes au Pakistan, des instructions judiciaires ont été ouvertes dans des délais très brefs (…)” (page 183).
Sans aucune réponse de la part des personnes concernées, près de trois mois plus tard (treize mois après l’acceptation de la plainte…), les avocats s’adressaient à Mme Nicole Guedj, la secrétaire d’Etat en charge de la protection des droits des victimes, reprenant les mêmes considérants que ceux exposés sur la première missive mais y ajoutant deux éléments confondants :
Les avocats mentionnaient que des parties civiles “perçoivent (dans ce délai inexplicable et inexpliqué Ndlr. [Metula News Agency]) une interférence du pouvoir exécutif dans le domaine du pouvoir judiciaire”. Comparant leur plainte à celles de victimes françaises du terrorisme à Djerba, Casablanca et Madrid, suite au dépôt desquelles des informations judiciaires ont été ouvertes dans des délais très brefs, les parties civiles concluaient par cette accusation, qui me semble à la fois terrible et terriblement préoccupante pour le statut actuel des Français de confession israélite : “Elles (des parties civiles) concluent qu’il existe des victimes françaises qui peuvent exercer leurs droits et des victimes françaises qui ne le pourraient pas et/ou des personnes qui peuvent être poursuivies en justice et d’autres qui ne le pourraient pas.”
Elles ne croyaient pas si bien dire, les malheureuses, puisque c’est par la lecture d’une indiscrétion figurant sur une dépêche de l’Associated Press, que les victimes d’Arafat apprenaient, le 29 avril 2004, que, suite à leurs plaintes, “la justice de leur pays allait enquêter sur des attentats perpétrés par le… Hamas”.
Etrange justice ? Les plaintes qui étaient déposées visaient pourtant nommément le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat et elles contenaient les motifs de génocide et de crimes contre l’humanité. Ces qualifications n’auraient pas été retenues par la “justice” française.
À la Ména, on plaint surtout le juge d’instruction et le Garde des Sceaux, leur suggérant de consulter les pages 243 à 252 du livre des époux Calvo. Eloquentes, sobres, elles font état, en lignes serrées de la liste des attentats contre les civils ayant été commis après les accords d’Oslo. Le plus grand nombre est à mettre à l’actif des organisations terroristes créées et chapeautées par le baron de la Moukata. Ils ont fauché des vies de citoyens français, dont des parties civiles, et en ont rendus d’autres handicapés à vie. On va voir comment la justice-tolérance-zéro des Messieurs Chirac et Perben va s’arranger pour coller sur le dos du Hamas les assassinats d’Arafat. Belle partie d’équilibrisme guignolo-juridique en perspective. Vous pouvez d’ailleurs compter sur nos services pour ne pas manquer une bribe de ce morceau de bravoure à venir.
Nous, de rappeler déjà à Perben qu’il n’est pas le Garde des sots, et que la tolérance zéro dans les actes de la justice française a été décrétée afin de lutter contre l’antisémitisme.
Un mot, encore, sur le style du bouquin. Il se lit bien, ça n’est pas du tout un recueil compliqué de juristes à l’attention de juristes. C’est un livre sobre, je me répète, prenant par son contenu, au point de nous faire réaliser à quel point Arafat s’en tire à bon compte, avec son assignation à résidence dans le palais du gouverneur de Ramallah. Vous l’aurez compris, amis lecteurs, un livre à posséder absolument, à lire et à conserver en référence contre toutes les incongruités qui polluent le papier et constipent les faisceaux hertziens.
Le dossier Arafat, aux Editions Albin Michel, de Karin Calvo-Goller et Michel Calvo, en vente au prix de 19 Euros 50 TTC. Pour consulter le site Internet du livre: Le dossier Arafat.
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